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Avec "False Idols", Tricky renoue avec la magie noire de "Maxinquaye"
Longtemps que l'on n'attendait plus vraiment Tricky. Depuis son indépassable "Maxinquaye", premier album solo envoûtant sorti en 1995, trop d'opus dispensables (bien qu'honorables) ont égrené sa discographie. D'où la surprise à l'écoute de ce "False Idols", album magnétique en forme de retour aux sources pour l'ex-Tricky Kid de Massive Attack, qui sera à Rock en Seine le dimanche 25 août.
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Hourrah Tricky s'est enfin retrouvé !
"J'ai été perdu pendant des lustres", reconnaît Tricky. "J'avais perdu cette magie dans mes derniers disques." "J'essayais de prouver quelque chose, de plaire aux autres et à moi-même, ce qui ne marche jamais. (...) Cet album c'est moi me retrouvant."
Après des allers-retours entre New York, Los Angeles et l'Europe, c'est finalement à Paris qu'il a élu domicile. L'air de la Ville Lumière lui réussit. Surtout, l'absence de vie nocturne fiévreuse le pousse, dit-il, à une vie plus équilibrée dans son petit appartement du 7e arrondissement. L'occasion de renouer avec ses racines. Et de monter enfin son propre label après un départ houleux de l'écurie Domino. Comme une suite à "Maxinquaye"
18 ans séparent "Maxinquaye" de "False Idols". Pourtant, la sorcellerie à l'oeuvre semble la même. Le climat est celui d'une touffeur moite et menaçante, érotiquement chargée, et les paysages oniriques évoqués sont toujours à deux doigts du cauchemar.
Un peu moins explicitement "trip-hop" et bricolo que "Maxinquaye", ce nouveau disque porte néanmoins l'empreinte Tricky à chaque seconde. Il y tisse habilement sa toile à coups d'envolées de cordes mélancoliques et de splendides motifs de guitares sur lesquels murmures, micro-détails sonores, et beats menaçants jettent le trouble. Une belle brassée de flèches empoisonnées
Son ex-compagne Martina Topley Bird, dont la voix singulière au vécu précoce avait beaucoup fait pour "Maxinquaye", est remplacée par une poignée de chanteuses. Francesca Belmonte, Fifi Rong et Nneka, derrière lesquelles Tricky susurre en contrepoint, sont les enjôleuses sirènes de ces chansons, flèches empoisonnées qui touchent souvent leurs cibles.
C'est le cas du titre d'ouverture, "Somebody's sins", une reprise du "Gloria" de Van Morrison telle que l'avait immortalisée Patti Smith sur "Horses". Une version embrumée, quasi-droguée et ultra sensuelle. "Valentine" et son sample de Chet Baker, mais aussi les vénéneux "Is That Your Life" et "We Don't die" sont trois autres merveilles sur lesquelles s'attarder. Dans un registre plus rythmé et moins claustrophobe, "Bonnie and Clyde" est tout aussi enthousiasmant.
Enfin, "Nothing's Change" et sa mélancolie contagieuse, qui n'aurait pas dénoté sur le "Blue Lines" de Massive Attack, est indéniablement le sommet de l'album. Pas un hasard si cette chanson est placée pile au coeur de ce "False Idols" qui fait remonter Tricky en bonne place dans notre panthéon personnel. L'idole Tricky trébuche mais ne tombe pas. Indéboulonnable ? Tricky, ce trompe-la-mort dont la mère s'est suicidée lorsqu'il avait 4 ans, le dit sur "We don't die" : il ne croit pas à la mort.
Tricky sera le dimanche 25 août à Rock en Seine (Scène Pression Live , 22h15)
"J'ai été perdu pendant des lustres", reconnaît Tricky. "J'avais perdu cette magie dans mes derniers disques." "J'essayais de prouver quelque chose, de plaire aux autres et à moi-même, ce qui ne marche jamais. (...) Cet album c'est moi me retrouvant."
Après des allers-retours entre New York, Los Angeles et l'Europe, c'est finalement à Paris qu'il a élu domicile. L'air de la Ville Lumière lui réussit. Surtout, l'absence de vie nocturne fiévreuse le pousse, dit-il, à une vie plus équilibrée dans son petit appartement du 7e arrondissement. L'occasion de renouer avec ses racines. Et de monter enfin son propre label après un départ houleux de l'écurie Domino. Comme une suite à "Maxinquaye"
18 ans séparent "Maxinquaye" de "False Idols". Pourtant, la sorcellerie à l'oeuvre semble la même. Le climat est celui d'une touffeur moite et menaçante, érotiquement chargée, et les paysages oniriques évoqués sont toujours à deux doigts du cauchemar.
Un peu moins explicitement "trip-hop" et bricolo que "Maxinquaye", ce nouveau disque porte néanmoins l'empreinte Tricky à chaque seconde. Il y tisse habilement sa toile à coups d'envolées de cordes mélancoliques et de splendides motifs de guitares sur lesquels murmures, micro-détails sonores, et beats menaçants jettent le trouble. Une belle brassée de flèches empoisonnées
Son ex-compagne Martina Topley Bird, dont la voix singulière au vécu précoce avait beaucoup fait pour "Maxinquaye", est remplacée par une poignée de chanteuses. Francesca Belmonte, Fifi Rong et Nneka, derrière lesquelles Tricky susurre en contrepoint, sont les enjôleuses sirènes de ces chansons, flèches empoisonnées qui touchent souvent leurs cibles.
C'est le cas du titre d'ouverture, "Somebody's sins", une reprise du "Gloria" de Van Morrison telle que l'avait immortalisée Patti Smith sur "Horses". Une version embrumée, quasi-droguée et ultra sensuelle. "Valentine" et son sample de Chet Baker, mais aussi les vénéneux "Is That Your Life" et "We Don't die" sont trois autres merveilles sur lesquelles s'attarder. Dans un registre plus rythmé et moins claustrophobe, "Bonnie and Clyde" est tout aussi enthousiasmant.
Enfin, "Nothing's Change" et sa mélancolie contagieuse, qui n'aurait pas dénoté sur le "Blue Lines" de Massive Attack, est indéniablement le sommet de l'album. Pas un hasard si cette chanson est placée pile au coeur de ce "False Idols" qui fait remonter Tricky en bonne place dans notre panthéon personnel. L'idole Tricky trébuche mais ne tombe pas. Indéboulonnable ? Tricky, ce trompe-la-mort dont la mère s'est suicidée lorsqu'il avait 4 ans, le dit sur "We don't die" : il ne croit pas à la mort.
Tricky sera le dimanche 25 août à Rock en Seine (Scène Pression Live , 22h15)
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