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Bertrand Cantat "a payé", estime Françoise Nyssen

Bertrand Cantat a "le droit de vivre sa vie (...) il a payé", a déclaré la ministre de la Culture Françoise Nyssen jeudi soir sur franceinfo, alors que sa tournée est contestée. Le juge d'application des peines qui a décidé de lui accorder sa libération conditionnelle en 2007 a dénoncé, lui, "la dictature de l'émotion".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Bertrand Cantat aux Vieilles Charrues, en juillet 2014

Quinze ans après la mort sous ses coups de son épouse Marie Trintignant, Bertrand Cantat, qui a été condamné et a purgé sa peine, voit la pression s'intensifier autour de sa tournée en cours, bien qu'il ait renoncé aux festivals d'été.
 
"Bertrand Cantat a été jugé, il a le droit de vivre sa vie", a souligné la ministre de la Culture Françoise Nyssen, en déplacement à Tours, qui s'exprimait sur franceinfo.
 
"Après, chaque fois qu'on parle de Bertrand Cantat, je tiens à rappeler aussi un nom, celui de Marie Trintingant", a déclaré Françoise Nyssen, soulignant cependant que "le ministère de la Culture n'a pas à intervenir sur les programmations (des salles de concerts ou des festivals, ndlr)".
 
"Bertrand Cantat a le droit de mener sa vie, il a payé", a répété Françoise Nyssen.

Un juge contre la "dictature de l'émotion"

Le juge d'application des peines qui a décidé d'accorder à Bertrand Cantat sa libération conditionnelle en 2007 s'est également exprimé, dans une tribune publiée sur franceinfo.fr, dénonçant "la dictature de l'émotion" et regrettant que "l'institution judiciaire" soit devenue "secondaire".
 
Le juge Philippe Laflaquière pointe du doigt vendredi le "tribunal médiatique tout-puissant, incontrôlable" qui fait passer au second plan "l'institution judiciaire".
 
"Plus que jamais, je crois indispensable de la respecter, de la fortifier, de soutenir tous ces professionnels - administration pénitentiaire comprise -, qui placent leur compétence et toute leur énergie au service d'une belle mission, tenter de réparer les maux les plus cruels de notre société", écrit le magistrat.
 
S'il juge "pleinement légitime" le combat pour "la libération de la parole et l'action des mouvements féministes", il estime que celle-ci "tourne maintenant à la vindicte publique. Sans autre forme de procès, une véritable mise au pilori en place médiatique", avec "la montée en puissance des réseaux sociaux, formidable caisse de résonance d'une 'dictature de l'émotion' depuis longtemps dénoncée".

Un "contrat moral" avec les condamnés

Le juge explique également le "contrat moral" qu'il passe avec les condamnés qu'il a en charge: "'la règle des trois D' : décence, discrétion et droit à l'oubli".
 
"Pour Bertrand Cantat, difficile d'imaginer une application de la 'règle des trois D'", notamment à cause de la "notoriété de la victime, et celle de l'auteur", "d'un probable retour sur scène à moyen ou long terme", ajoute-t-il.
 
Enfin, Philippe Laflaquière déplore la fin de la présomption d'innocence et du bénéfice du doute "pour certaines personnalités mises en cause dans des affaires d'agressions sexuelles" : "Une simple plainte équivaut à un début de condamnation, le témoignage anonyme devient un élément de preuve à charge".
 
Reprenant l'exemple de Bertrand Cantat, le magistrat rappelle ainsi que le parquet de Bordeaux a classé sans suite l'enquête sur les accusations de violences de la part du chanteur à l'égard de son épouse, Krisztina Rady, morte en 2010.

Bertrand Cantat réclame son "droit à la réinsertion"

Libéré en 2007 de la prison de Muret (près de Toulouse), Bertrand Cantat a purgé plus de la moitié de sa peine après avoir été condamné à huit ans de prison pour coups mortels sur sa compagne, la comédienne Marie Trintignant, tuée en 2003 à Vilnius, en Lituanie.
 
La mère des deux enfants de Bertrand Cantat s'était suicidée au domicile conjugal, deux ans après la sortie de prison du chanteur. 
 
Resté silencieux depuis la une des Inrocks qui avait soulevé la polémique en octobre au moment de promouvoir son premier album solo "Amor Fati", l'artiste de 54 ans a repris la parole ces derniers jours sur Facebook, réclamant son "droit à la réinsertion" ou fustigeant "la censure" à Istres.
 
A Grenoble mardi, il a été accueilli aux cris d'"assassin !". S'en est suivi un échange tendu entre l'ancien leader du groupe Noir Désir et des manifestants. Face à la pression et au risque de débordements, son concert prévu ce vendredi à "L'Usine" à Istres a été annulé.
 

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