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Bowie par Duffy : d'Aladdin Sane à Scary Monsters, 3 séances en images

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Photographe britannique majeur des années 60, Brian Duffy a signé l'image choc de l'album Aladdin Sane, celle du visage de Bowie zébré d'un éclair. A l'occasion de l'exposition à la Philharmonie, les éditions Glénat publient "Bowie par Duffy", un beau livre autour de cinq séances réalisées entre 1972 et 1980 et qui ont donné lieu à deux autres pochettes, celles de "Lodger" et de "Scary Monsters".

Brian Duffy / « Bowie par Duffy – Cinq séances photo 1972-1980 de Kevin Cann et Chris Duffy est édité par Éditions Glénat.

"La photo de la pochette d'Aladdin Sane est peut-être la plus célèbre de l'imagerie pop, au point d'être surnommée la "Mona Lisa de la pop", souligne dans ce livre Chris Duffy, le fils de Brian Duffy disparu en 2010. Pourtant, ajoute-t-il, "la plupart des gens ignorent" qui a pris cette photo. Cet ouvrage très riche en témoignages (manager, directeurs artistiques, créateurs de costumes, maquilleurs, photographes, musiciens etc) devrait y remédier.
 (Brian Duffy  / « Bowie par Duffy – Cinq séances photo 1972-1980 de Kevin Cann et Chris Duffy est édité par Éditions Glénat.)
"Ce qui rend cette pochette si fascinante, je pense, c'est son côté intemporel", explique dans ce livre Kevin Cann, auteur et designer spécialiste de Bowie. "Ce n'était pas du tout une entreprise sans risque, particulièrement pour un artiste qui était en train de percer." "Pour citer Duffy, parler d'une séance de création, c'est comme parler d'un match de boxe", témoigne de son côté la designer Celia Philo."Elle s'est produite parce qu'il y avait un peu de magie dans la pièce cette nuit-là – c'est une sacrée bonne pochette."
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Cette pochette de single fait aussi partie de la séance photo de Duffy pour Aladdin Sane, comme on peut le voir dans le livre, où la star pose en pied, uniquement vêtue d'un slip blanc.
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Nouvelle collaboration entre Bowie et Duffy, cette pochette était inspirée à la fois par le film "Le Locataire" de Polanski (dans lequel un homme se défenestre) et par les œuvres de l'Autrichien Egon Schiele, l'un des artistes préférés du musicien. "David voulait simplement paraître disgracieux, débraillé et désarticulé", explique Kevin Cann. Ce qui montrait "que David était aussi enclin à défier les conventions – en particulier l'image qui sied à toute star."
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On apprend dans le livre qu'en arrivant pour la séance ce matin là, David Bowie avait une main bandée. Il s'était brûlé en faisant le café. Alors que le maquilleur s'en inquiétait, la star a répondu "Ne vous inquiétez pas. On va laisser le bandage." C'est aussi Bowie qui décida finalement, pour la pochette, d'utiliser un polaroïd de la séance plutôt qu'une photographie haute résolution. 
 (Brian Duffy  / « Bowie par Duffy – Cinq séances photo 1972-1980 de Kevin Cann et Chris Duffy est édité par Éditions Glénat.)
"David m'a appelée et m'a demandé de lui confectionner un costume", raconte dans ce livre la costumière Natasha Kornilof.  "Il voulait être "le plus beau clown du cirque". Un retour pour Bowie à son époque passée dans la troupe du mime Lindsay Kemp. On retrouve ce costume dans le clip de "Ashes to Ashes". Cette séance, la dernière entre Duffy et Bowie, fut aussi la plus compliquée. Bowie avait en effet donné carte blanche à Duffy mais aussi à l'artiste Edward Bell pour la pochette de l'album Scary Monsters. Ce qui créa de forts tiraillements.
 (Brian Duffy  / « Bowie par Duffy – Cinq séances photo 1972-1980 de Kevin Cann et Chris Duffy est édité par Éditions Glénat.)
Ce jour-là, David voulait un maquillage de Pierrot. "Une cigarette coincée au coin des lèvres, il (le maquilleur Richard Sharah) avait toujours avec lui une trousse à maquillage crasseuse (il pouvait se servir de sa boîte de maquillage comme d'une palette de peintre – à cet égard il tenait un peu de Jackson Pollock, il y avait du maquillage un peu partout)", raconte son assistante de l'époque Sara Raeburn.
 (Brian Duffy  / « Bowie par Duffy – Cinq séances photo 1972-1980 de Kevin Cann et Chris Duffy est édité par Éditions Glénat.)
Cette pochette, qui existe en trois versions, comme on peut le voir dans le livre, "est entièrement l'œuvre de Duffy et c'est David lui même qui a fait le travail au marqueur". 
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Au départ, Brian Duffy devait faire les photos et Edward Bell la pochette. Ce qui sous entendait que l'artiste devait peindre sur l'épreuve du cliché du photographe. Mais ce fut beaucoup plus compliqué. Au final, les deux, plus Chris, le fils de Duffy, firent des photos lors de cette séance.  "Ce fut une séance loufoque : que trois personnes prennent David en photo et que la pochette de son disque soit finalement une peinture, n'est-ce pas dingue ?" demande Chris Duffy.
 (Brian Duffy  / « Bowie par Duffy – Cinq séances photo 1972-1980 de Kevin Cann et Chris Duffy est édité par Éditions Glénat.)
Comme on le constate sur la pochette, "à la fin, la photographie de Duffy a été presque complètement obscurcie par la peinture de Bell – qui est un portrait d'après l'une des photographies de Bell." Duffy a été profondément heurté par le fait que sa photographie ait été barbouillée par Bell. "Scary Monsters" fut l'ultime collaboration entre Bowie et Duffy.
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Brian Duffy est une star de la photo des années 60 au même titre que les modèles qu'il photographiait. Son style, avec une poignée d'autres dont David Bailey, a révolutionné la photo de mode,"Travailler avec Duffy c'était comme travailler avec le sac de voyage de Mary Poppins, vous ne saviez jamais ce qui allait en sortir", raconte la maquilleuse Sara Raeburn dans "Bowie par Duffy" aux éditions Glénat. D’autres photos de Bowie/Duffy sont à découvrir sur le site www.duffyphotographer.com
 (Chris Duffy  / « Bowie par Duffy – Cinq séances photo 1972-1980 de Kevin Cann et Chris Duffy est édité par Éditions Glénat.)
La sortie de cet ouvrage est accompagnée d'une exposition vente de photos de Brian Duffy à la Galerie Glénat, 22 rue de Picardie Paris 3e ( Tel 01 42 71 46 86) jusqu'au 7 avril 2015.
 (Editions Glénat)

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