Découvrez les pépites de l’édition spéciale 50 ans de "Sgt. Pepper" des Beatles
Un nouveau mixage stéréo
Première nouveauté, le disque bénéficie d'un remix de Giles Martin, le fils du "Cinquième Beatle", Sir George Martin, décédé l'année dernière.
Les Beatles ont toujours clamé préférer le mixage mono de l'époque à celui stéréo qui relevait plus de l'expérimentation que de la véritable utilisation de l'espace stéréophonique. Giles Martin s'est appuyé sur ce mix mono réalisé par son père, pour élaborer ce nouveau mixage stéréo, plus cohérent.
Le son global est plus clair, plus ample, plus aéré, moins "étouffé" que dans les premières versions CD calamiteuses sorties en 1988. Il est plus riche aussi, on y entend certains instruments beaucoup plus disctinctement, de même que la foule au tout début ou les rires à la fin de "Within you without you". Certains instruments sont mis en valeur, on découvre des parties instrumentales subtiles, et le délicieux "When I'm sixty four" bénéficie enfin d'un mix stereo digne de ce nom !
En revanche, les fans monomaniaques vont se demander : mais pourquoi donc la célèbre horloge avant le pont dans "A day in the life" a-t-elle disparu ? Cela expliquerait sans doute la théorie selon laquelle elle n'était là que pour servir de guide lors de l'enregistrement afin de se repérer à la fin du premier crescendo. En tout cas, on l'entend dans la prise de base, qui figure parmi les nombreux bonus.
Des chutes de studio inédites
En effet, les vrais trésors de cette édition sont les chutes de studio où l'on entend les quatre de Liverpool à l'oeuvre entre répétitions, démos, reprises, échanges d'idées, indications musicales, mais aussi rires qui laissent transparaitre une bonne ambiance en studio. Pas moins de 39 morceaux issus des sessions d'enregistrement qui se sont déroulées de décembre 1966 à avril 1967, présentés dans l'ordre chronologique d'enregistrement.
On entend les faux départs, les ratés, les improvisations, les versions non finalisées, toutes ces perles dont les fans sont friands. Tous les morceaux sont ainsi présentés en cous d'élaboration, c'est-à-dire dans des versions où ne figurent pas encore tous les instruments et toutes les voix. Par exemple, quelle surprise d'entendre le morceau titre sans les cuivres, et de mieux ressentir le travail rythmique et guitaristique, ainsi qu'une coda jusqu'alors inédite:
De même, on peut découvrir par exemple des versions de "Getting better", "She's leaving home" ou encore "Within you without you", avec seulement les parties instrumentales, ce qui met en lumière à la fois la maitrise multi-instrumentiste des Beatles, tout comme le talent d'orchestration classique de George Martin.
La version de travail de "A day in the life" raviera les fans qui depuis toujours se demandent comment a été construite la chanson. On y entend très clairement l'assistant son Mal Evans compter les 24 mesures qui seront remplies plus tard par le cultissime crescendo d'orchestre, et qui se terminent par la non moins célèbre horloge, disparue donc du nouveau mix stéréo (alors qu'on l'entendait encore clairement dans l'ancien mix). Une autre curiosité : le fameux accord de fin au piano est ici chanté par des choeurs.
Les 2 versions de "Strawberry fields forever"
Il est impossible de les lister toutes, mais une dernière pépite : les deux prises différentes de "Strawberry fields forever" qui ont servi à produire la version définitive. En effet, le chef d'oeuvre de John Lennon est le fruit de l'assemblage de deux versions, l'une lente et simple (la prise 7), et l'autre rapide et orchestrale (la prise 26), que l'on decouvre ici chacune dans son intégralité.
Cette chanson, ainsi que "Penny lane", ont été enregistrées au tout début des sessions de "Sgt. Pepper", mais ne figurent pas sur l'album originel. Elles sont sorties avant l'album en 45T "double face A" (un concept inédit pour l'époque, inventé par les Beatles eux-mêmes avec "Day Tripper" / "We can work it out") et n'ont refait surface que sur l'edition américaine de "Magical Mystery Tour" à la fin de l'année 1967.
Quand on y pense, à l'époque, sortir deux albums la même année était monnaie courante, et la qualité artistique n'en était pas pour autant affectée. Alors qu'aujourdhui, enregistrer et promovoir un album tous les deux ans relève presque de la gageure, mis à part quelques exceptions comme le très prolifique Neil Young.
Tous ces enregistrements restituent bien le travail énorme accompli en studio, à la fois par les quatre Beatles, mais aussi par George Martin et ses ingénieurs, pour réaliser cet album mythique.
C'est dingue de penser que 50 ans après, nous avons pour ce projet autant d'affection, et restons émerveillés sur comment quatre gars, un grand producteur et ses ingénieurs ont pu réaliser une telle oeuvre d'art intemporelle
Paul McCartney - Livret de l'édition anniversaire
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