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Depeche Mode : 3 choses à savoir sur leur nouvel album "Spirit"

Dave Gahan et les siens reviennent vendredi 17 mars avec un nouvel album, "Spirit". Un disque au discours plus urgent que jamais amorcé avec le single explicite "Where's The revolution" et pour lequel ils ont souhaité sortir de leur zone de confort. Un 14e album qu'ils ont surtout hâte de jouer sur scène, durant le Global Spirit Tour qui fait 3 haltes en France en mai et juillet.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Depeche Mode - Martin Gore, Dave Gahan et Andrew Fletcher - à New York en juillet 2016.
 (Anton Corbijn)
1.
Il souffle sur cet album un esprit d'insurrection...
Ils ont beau être à l'abri des turpitudes matérielles, Dave Gahan et Martin Gore, les deux têtes pensantes de Depeche Mode, n'en sont pas moins affectés par la marche du monde. Et notamment par l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, où ces rejetons de la classe ouvrière anglaise qui ont connu l'ère Thatcher résident depuis plusieurs décennies. Mais aussi par le Brexit, survenu durant l'enregistrement. Ce nouvel album exude leur inquiétude et reflète le trouble général et le désenchantement actuel. Il formule aussi en filigrane l'espoir d'un sursaut collectif.

Je ne dirais pas que c'est un album politique, parce que je n'écoute pas la musique de façon partisane", explique Dave Gahan dans Rolling Stone. "Mais c'est clairement un album sur l'humanité et notre place sur Terre."


Envoyé en éclaireur dès le 3 février,  le premier single "Where's The Revolution" a donné le la. Dans cette chanson, le groupe se demande tout haut où est passée l'idée révolutionnaire d'un esprit commun à l'humanité. "Où est la révolution ? Allez le peuple, vous me laissez tomber (...) Qui prend vos décisions, vous ou votre religion ? Votre gouvernement, votre pays ? Vos patriotes junkies ?", asticote Dave Gahan dans cet appel aux armes au refrain obsédant.

"Je n'aime pas trop m'aventurer sur le terrain de la politique, mais en ce moment, c'est difficile de se retenir", admet Dave Gahan dans Les Inrockuptibles. "Ceux qui détiennent le pouvoir (...) veulent imposer la peur. On devrait davantage explorer l'idée de rassemblement plutôt que celle de division", ajoute-t-il.


Ce malaise  court tout du long sur ce 14e album de Depeche Mode. Sur "Going Backwards", Dave Gahan critique le retour en arrière, les "fanatiques", "la mentalité d'homme des cavernes" et le manque d'humanité. Il nous voit tous coupables sur "Worst Crime" qui appelle à passer à l'action. Sur le sans pitié "Scum", il interroge notre degré d'empathie pour les autres : "Qu'as-tu jamais fait pour quiconque ?", "Tu n'offrirais pas même tes miettes", "Tu es mort à l'intérieur".

Rebelote avec "Poorman" qui force l'auditeur à faire son examen de conscience, les passants évitant de croiser le regard d'un sans-abri grelotant dans la rue. Sur "Cover", où plane l'esprit de Bowie, expliquait Gahan à Rolling Stone, une personne envoyée sur une autre planète réalise que tout se passe hélas comme sur Terre. Et que le changement qu'il souhaite voir advenir autour de lui commence par le sien. Quant à "Fail", qui referme l'album, un titre entièrement chanté par Martin Gore et qui rappelle un peu Massive Attack, il s'agit d'un requiem, d'un poignant constat d'échec et de défaite, où aucun membre de l'humanité n'est épargné. 


2.
Depeche Mode a voulu se renouveler sur "Spirit" 
A cet appel à l'insurrection au dehors répond une petite révolution au-dedans. Pour ses trois précédents albums, Depeche Mode avait travaillé avec le même producteur, Ben Hillier. Le confort qui en découlait commençait à faire sonner chaque album comme le précédent. Cette fois, le groupe a souhaité éviter la redite et tenter de nouvelles de choses.

Ca s'est très bien passé avec Ben Hillier mais c'était devenu trop familier, trop évident. Il nous fallait à tous de nouveaux challenges avant que ça ne devienne ennuyeux", se souvient Dave Gahan dans les Inrockuptibles. "Quand je fais un album, je ne veux pas avoir la sensation de partir au travail."


Pour cet album enregistré entre New York et le studio de Martin Gore à Santa Barbara (Californie), les auteurs de "Personal Jesus" ont fait appel au stimulant producteur James Ford,  moitié de Simian Mobile Disco, connu pour son travail pour les Arctic Monkeys (sur l'album AM), The Last Shadow Puppets, Foals et Florence & The Machine. 

"James Ford n'est pas seulement un bon producteur, c'est aussi un super musicien. Il a donc été capable de nous guider et d'emmener nos démos à un autre niveau", soulignait Dave Gahan en octobre dernier lors de leur conférence de presse internationale à Milan.


Musicalement, la tonalité de l'album est sombre, voire glaciale. Cependant, James Ford a cherché à créer une atmosphère de live et ne s'est pas privé d'ajouter sa petite touche personnelle organique, comme la pedal steel guitar sur "Cover Me".


3.
Un album qu'ils ont hâte de jouer sur scène 
Dès l'annonce de la sortie de leur album en octobre dernier, Dave Gahan, Martin Gore et Andrew Fletche manifestaient l'envie de présenter "Spirit" sur scène.

"Nous sommes bien vivants. Nous faisons toujours de la musique ensemble dont nous sommes fiers et nous avons hâte de la jouer pour le public. Collectivement, nous pensons toujours que la musique est une des seules formes d'art qui rassemble les gens."


De fait, le groupe est attendu. Plus d'un million de billets de concerts se sont déjà écoulés pour le premier volet du "Global Spirit Tour" qui sillonnera 21 pays européens et passera par Nice (le 12 mai), Lille (le 29 mai) et Paris (Stade de France le 1er Juillet). Cette fidélité du public semble galvaniser la troupe qui a commencé les répétitions à la mi-février. 

Cet album marque aussi le rapprochement de Depeche Mode avec Anton Cobijn qui a réalisé dans le passé des dizaines de clips pour eux (dont "Personal Jesus"). Pour "Spirit" le réalisateur néerlandais signe toutes les photos et tous les clips du groupe, y compris les visuels de scène. Et sur ce point, il promet de se surpasser en usant notamment des dernières technologies en la matière. Cette perspective de live alléchant comporte hélas son revers. Chaque chanson étant accompagnée de visuels précis, le show est millimétré et laisse peu de place à l'improvisation.

"En général, nous répétons beaucoup de chansons mais une fois que nous avons bouclé le set que nous voulons, il change très peu", expliquait Dave Gahan à Milan en octobre. "Si les visuels accompagnent certaines chansons ce n'est pas par hasard."


La setlist de la tournée qui mettra à l'honneur les 12 titres de "Spirit" tout en faisant de la place aux classiques de Depeche Mode, devrait donc peu bouger. Les chansons ne seront pas interchangeables selon l'humeur ou la demande des fans. Il faudra se faire une raison.

Album "Spirit" (Columbia/Sony) sortie le 17 mars. La version deluxe comportera un disque de 5 remixes en bonus.
Depeche Mode en concert le 12 Mai à Nice, le 29 Mai à Lille et le 1er Juillet au Stade de France (Paris Saint-Denis).


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