Dick Rivers : pourquoi il faut réécouter "5/5", son best of définitif sorti en 2017
C'était en décembre 2017 : Dick Rivers sortait chez Warner Music "5/5", un triple album CD et un double vinyle, pour célébrer ses 55 ans de carrière solo. Y sont réunis les grands tubes et des raretés comme "Trois garçons, trois amis" (1966), histoire d'une amitié avec Johnny et Eddy. Un must aujourd'hui. Hommage.
5/5, c'est le titre du triple album CD et du double vinyle que publiait Dick Rivers chez Warner Music. 24 morceaux sur les galettes noires, 55 sur la version numérique pour célébrer les 55 ans de carrière solo du rocker.
C'était une époque, finalement pas si lointaine, où les mauvais garçons étaient des "blousons noirs", ils écoutaient les versions françaises des succès américains, chantés par des Jean-Philippe, Claude ou Hervé connus sous les prénoms de Johnny, Eddy ou Dick. Dick, bien sûr, c'est Rivers.
Esprit américain de l'époque
Un Niçois au déhanchement qui n'avait rien à envier à celui d'Elvis. C'est d'ailleurs au King lui-même que l'ex-leader des Chats Sauvages avait emprunté son pseudonyme : Dick Rivers, le nom de Presley dans Amour frénétique (Loving You), un film de 1957. Le coffret chez Warner montre bien combien souffle l'esprit américain de l'époque sur l'oeuvre de Dick Rivers. Probablement parce que l'homme en noir n'a pas essayé d'imiter les artistes d'outre atlantique. Il a interprété, au premier sens du mot, les chansons qui d'un coup devenaient les siennes.
C'est ainsi qu'on redécouvre parmi les 55 morceaux réunis ici, par exemple un extraordinaire M. Pitiful qui ne trahit en rien la version originale signée Otis Redding. On remarquera aussi l'humour d'un Roule pas sur le Rivers (1978), adapté de la célèbrissime Proud Mary interprétée par Tina Turner ou par le Creedence Clearwater Revival. Plus près de nous, Gravement amoureux de vous démarque avec vigueur Bad case of loving you de Robert Palmer (chanson dont on retiendra surtout la version de Moon Martin). Mais Dick a su faire des infidélités à l'Amérique, en reprenant par exemple Love me do des Beatles avec J'en suis fou ou Ces mots qu'on oublie un jour (1965) adaptation de Things we said today.
Le "Johnny Cash français" ?
Celui qu'un journaliste canadien a appelé "Le Johnny Cash français" (à écouter les deux voix et le son de la guitare, on se dit qu'il n'est pas loin de la vérité), a toujours su garder une certaine distance. Distance vis à vis du show biz, de la célébrité, et surtout de la grosse tête. Il a résumé tout cela dans Ode à Dick (2006), un morceau tout à fait à la Johnny Cash dans lequel il plaisante sur lui-même ("Il est pas vraiment athlétique, Dick... C'est pas le frère à Moby Dick, Dick... Mais il a un sourire magique, Dick...").
Certes, Dick Rivers, de petite taille, nez pointu et menton en galoche (mais moins que son ami Eddy), habillé de noir, le regard sombre, a toujours gardé le côté "blouson noir" des débuts. Il n'a jamais suivi les modes comme son pote Johnny qu'on a vu yéyé, rocker, hippie au fil des tendances. Un Johnny qu'il a titillé dans Maman n'aime pas ma musique. Dick est resté Dick. Celui de Baby John, Faire un pont 1975 (adapté de John Denver), Marilou, J'ai pas la cote avec toi. C'est encore avec Nice, Baie des Anges qu'il raconte le mieux son histoire depuis sa jeunesse non loin de Nice, avec ses rêves d'Amérique et ses succès.
"Trois garçons, trois amis"
A côté des grands tubes, on trouve dans l'album 5/5 de 2017 également des raretés comme Trois garçons, trois amis de 1966, une chanson qui rappelle que dans les années 60, les rockers français étaient avant tout ce trio mythique qu'on donne toujours dans le même ordre (comme on le fait pour les Beatles) : Johnny, Eddy et Dick.
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