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Fauve au Bataclan, un "pot de départ" enivrant

Fauve, jeune collectif parisien qui a secoué le rock français ces dernières années, a conclu sa tournée par un concert "pot de départ", samedi soir, au Bataclan. Le dernier avant de s'arrêter quelque temps, sans trop savoir quand ils reviendront.
Article rédigé par franceinfo
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  (Boris Courret)

"C'est juste un au revoir vieux frère. On se reverra vieux frère", souffle fébrilement Quentin, le chanteur de Fauve. Il est aux alentours de 22 heures. Le collectif est sur le point d'achever son concert. Le dernier de sa tournée. Le dernier aussi avant "une pause à durée indéterminée".
 
Le public était venu en masse assister à ce "pot de départ". Il est un peu groggy. Fauve ne rugira pas avant quelque temps. "On ne veut pas y croire", confie, la voix chevrotante, une spectatrice. Sur la scène aussi, l'émotion est palpable. Voilà deux ans que le groupe, porte-parole d'une génération Y désenchantée, déversait sa prose crue, directe et abrasive. Et ils ont en fait du chemin les six potes. Depuis leurs premiers concerts qui drainaient déjà un public nombreux et leurs deux albums qui se sont chacun vendus à plus de 50.000 exemplaires. Les six fauves sont devenus de véritables bêtes de scène.

  (Boris Courret)

Exaltés et convaincants

Pourtant, ils avaient prévenus : "Ce soir, on est venu s'amuser et ça ne sera certainement pas le concert le pus carré, le plus propre". À vrai dire, ça ne s'est pas beaucoup vu.

Le collectif semble s'être rôdé à la scène, définitivement. Oscillant perpétuellement entre tons hip-hop, sonorités rock avec les saillies électriques du guitariste et quelques nappes d'électro. Au micro, Quentin a encore évolué. Rapide, articulé, percutant, nerveux. Il arpente la scène rouge sang, son ring, sans fatiguer une seconde.
  (Boris Courret)

Le collectif a bien fière allure. Le rendu est enragé, maîtrisé. Ils n'ont pas à s'excuser d'être là. Et ils semblent l'assumer, enfin et radicalement. Toujours aussi impudiques mais honnêtes. Exaltés et convaincants. "Attrape la fureur à pleines mains. Que la fièvre marche avec nous sous les arcades et sous les coups", chantent-ils, accompagnés par les 1500 spectateurs du Bataclan qui sembleraient presque faire partie du groupe. "Bon et à la fin du concert, on va tous boire des coups au bar d'en face" propose le chanteur au public. Son public de trentenaires avec lequel il a aussi grandi et à qui il ressemble trait pour trait. Et le résultat est plutôt pas mal. La foule est incluse. Ils ne semblent faire qu'un sur cette barque new wave où ils tanguent, ensemble, au gré du va-et-vient des percussions vocales et des scansions rap de Quentin. Comme au premier jour.

Danser une dernière fois

Certaines choses ne changent pas. Quentin reste ce bavard invétéré. "Y'en a qui sont là pour la première fois", scande-t-il après un T.R.W qui a pris une sonorité toute particulière. "Et donc pour la dernière fois? ", poursuit-il, goguenard. "Bon j'ai préparé des notes et tout, mais je vous les lirai plus tard", sourit-il quand un technicien traverse la scène en caleçon. "Je vous présente Romain". Voilà certainement ce qu'ils ne veulent pas briser. Cette complicité, cette amitié que les lumières des projecteurs sont peut-être venues éblouir parfois trop durement.

Ils y tiennent à leur aspect artisanal, presqu'amateur, avec toujours un petit côté incident de parcours. Un parcours qui s'arrêtera là, pour quelque temps. Mais avant ça, avant qu'ils ne décuvent un peu, il y a un concert à finir. "Qui veut enculer le blizzard une dernière fois ?", lance le chanteur, avant que des doigts d'honneurs ne s'élèvent fièrement de la foule. "On va danser n'importe comment, parce qu'on s'en bat les couilles. On va danser une dernière fois". 

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