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Fauve ≠ : l’insurrection musicale qui vient

Sur la foi d'une petite poignée de titres aux textes enragés balancés sur internet, Fauve ≠ est sur toutes les lèvres depuis des mois. Alors que les maisons de disques se disputent ce quintette prometteur, ils défendent en tournée leur premier EP tout chaud, "Blizzard", publié par leurs soins. A découvrir à Rock en Seine le samedi 24 août.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Fauve à la Flèche d'Or, le 28 mai 2013
 (Laure Narlian / Culturebox)
Tu nous entends l'univers, tu nous entends ?
Lorsqu’on a eu vent de Fauve ≠ , à l’automne dernier, la ferveur  naissante à leur égard bruissait tout autour de nous. A l’écoute des quatre premiers titres qui les représentaient sur Youtube, on s’est pris une torsion des tripes : impossible de rester indifférent à ces paroles coup de poing, à cette bouteille à la mer d’une génération désenchantée.
 
Une new wave moderne ouverte à tous les vents sert d'écrin au chanteur Quentin qui porte ces violents hymnes à la vie et à l’humanité à bout de bras. Au micro, il parle plus qu’il ne chante, mais son phrasé urgent, haletant, est proche des scansions du rap.
Trop impudique pour être honnête ?
Le chanteur raconte son quotidien foireux et celui de ses semblables, 27 ans, cadres et avocats dans le civil, idéalistes au milieu du gué, rétifs à entrer dans le rang, dégoûtés mais pas blasés. La vision est acide, douloureuse. Il lâche des choses comme «On rêve de réapprendre à respirer, que la médiocrité qui nous accable aille se faire enfler ». «On se meurtrit on fait l’amour comme on s’essuie. Quel gaspillage».

Ou encore "Tu nous entends l'Univers ? Tu nous entends ? Si tu nous entends, attends nous ! On arrive. On voudrait tout comprendre, tout savoir, tout voir, tout vivre. On cherche la porte du nouveau monde pour pouvoir s'y fondre en grand.»
 
Pourtant, quelque chose en nous résistait face à ces manifestes exaltés. On se figurait que la rage des 5 fauves était surjouée. On la trouvait trop crâneuse, trop naïve et surtout trop impudique pour être honnête. On avait tort. 
Sur scène, le groupe ne ment pas
Et puis, on a vu Fauve ≠ sur scène, à la Flèche d’or, le 28 mai. Et on est tombés. Comme une mouche et violemment. D’abord, il y a leur public, fervent, trentenaire et au look sage. Pas un hipster à l’horizon, une rareté pour un groupe aussi « hype », déjà adulé avant d’avoir sorti le moindre disque. Un groupe objet d’une bataille féroce entre maisons de disques en vue d’une signature, alors que le EP « Blizzard » qu’ils viennent de publier ces jours-ci l’a été à compte d’auteur.
 
Fauve ≠ ressemble à son public : cinq gars ordinaires en jeans et T-shirts, rien de tape à l’oeil, aucune pause, zéro paillette et no logo (ah si le chanteur porte un T-shirt au armes de la ville de Paimpol, il s’en amusera d’un « reprazent ! »). D'ailleurs dans les médias, les cinq complices font profil bas, tiennent à leur anonymat, ne livrent jamais leurs noms de famille, evitent de montrer leurs visages. Ce qui ne les empêche pas d'inviter chaque fois le public à rester après le concert pour boire des coups avec eux.
 
Et puis le concert commence et tout bascule, on ne sait pas comment ni pourquoi. Il n’y pas de dispositif particulier, pas de jeu de scène étudié,  juste quelques projections d'images qui tamisent les visages. Le chanteur, ce bavard invétéré, va et vient de long en large, comme on rue dans les brancards. La scène est un ring, un pouls qui bat au rythme de ses cavalcades au micro, mais la foule est incluse, le groupe fait corps avec le public comme rarement. Nous tanguons tous à l'unisson, à bord du même bateau. 
Une catharsis pleine de sève
On avait été prévenus : avec Fauve  ≠ on n'est pas là pour rigoler. Mais sur scène, cette catharsis apparaît pleine de vie, de sève. Et vibrante d'amour sous la rage et le dégoût. Ils sont à poil sur le divan et nous un peu leur psy et un peu eux tout à la fois.

La sincérité est là et c’est tout ce qui compte à ce moment là. Une rage de vivre qui fait battre le cœur plus vite, plus fort, plus grand comme il disent. On est touchés, émus, nourris par ces gars qui « traquent les épiphanies » d’où qu’elles viennent, et souvent là où on les attend le moins. Ils disent en filigrane que la grâce est partout, qu’il faut la prendre à bras le corps, faire la nique à la peur et à la mort, aimer fort, ne pas se laisser noyer, broyer, ni endormir. Et faire vite, car il y a urgence. Comment leur donner tort ?
Fauve ≠ est en concert le samedi 24 août à Rock en Seine (Scène Pression Live, 23h30)

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