Festival We Love Green 2016 : 7 bonnes raisons d'y aller
Il y a cinq ans, le 2 avril 2011, le groupe de James Murphy tirait sa révérence avec les plus joyeuses funérailles jamais orchestrées : un concert d'adieu long de 3h30 au Madison Square Garden de New York. Aujourd'hui, LCD Soundsystem "revient d'entre les morts" (du nom de cette tournée de renaissance baptisée "Back from the dead") et aucun fan de ce groupe qui a plané sur les années 2000 avec ses trois albums de disco-punk fiévreux ne voudrait louper l'occasion. D'autant qu'il s'agit du seul concert de LCD Soundsystem prévu cet été en France. Et qu'un nouvel album étant annoncé plus tard cette année, des bribes pourraient potentiellement en être dévoilées sur la pelouse de Vincennes. Cela étant, les tubes nous contenteront largement. Shut Up And Play The Hits. (Voir nos 12 classiques de LCD Soundsystem à réviser) (Samedi de 23h à 00h30)
Des lustres qu'on n'avait pas vu Air sur scène. Précisément depuis janvier 2010 au Casino de Paris pour leur dernier album studio "Love 2". Certes, nous n'étions pas depuis sans nouvelles de Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel, auteurs à quatre mains de la bande originale du film restauré de Méliès "Le Voyage dans la Lune" en 2012 et d'une myriade d'autres projets chacun de leur côté. Mais sans avoir jamais avoir eu vent d'une rupture entre les deux musiciens, nous craignions d'avoir à faire un jour ou l'autre le deuil de leur union. C'est donc à un retour scénique inespéré que nous convie Air, à la veille de la sortie de "Twentyyears", une anthologie célébrant leurs 20 ans de carrière avec un double CD de classiques et de raretés. On peut espérer une setlist en rapport, balayant deux décennies de pépites, de "Le Soleil est près de moi" à "Alone in Kyoto". Cet été, le groupe va beaucoup tourner à l’étranger mais en France, seules deux dates sont prévues : au festival Tinals de Nîmes samedi et à We Love Green dimanche (22h).
Dans la programmation de ce festival rock et électro à dominante anglo-saxonne, la présence de PNL interroge. Certains viendront pourtant uniquement pour voir les deux frangins de la cité chaude des Tarterêts (Corbeil-Essonne), gros carton rap de 2015, en route pour tout dégommer encore cette année. Sur des instrus planantes de drogués, Ademo et N.O.S. racontent leur quotidien de dealers dans une langue codée parsemée de punchlines ("Avant j'étais moche dans la tess/Aujourd'hui j'plais à Eva Mendes" sur DA). Rien de neuf ? Si. Un ton singulier, plus désabusé que rageur, et un style inédit, faussement indigent, qu'ils ont imposé seuls, en circuit court, sans passage radio, sans maisons de disques et sans médias (ils refusent les interviews). La force de frappe qui a bâti leur légende ? Les clips. Tournés dans leur fief en bas des barres d'immeubles mais aussi en Islande, en Italie (dans la cité de la série Gomorra ci-dessous) ou en Namibie, ils explosent tous les compteurs : "DA", sorti mi-avril, a déjà été vu 27 millions de fois, et le tout dernier tourné à Tokyo, "Tchiki Tchiki", dévoilé vendredi dernier, grimpe d'un million de vues par jour. À We Love Green, PNL est d'autant plus attendu que le duo est rare sur scène. Mais après leur faux bond au dernier Printemps de Bourges, le suspense sur leur venue ne sera levé qu’à 19h40 samedi soir.
Cette année, l'affiche de We Love Green est vraiment exceptionnelle. Outre les trois poids lourds pré-cités, on pourra applaudir les têtes d'affiches PJ Harvey, Hot Chip, James Blake et Diplo. Mais également une nuée de nouveaux noms tels que les rockers trash de Fat White Family ou l’étoile montante du R&B Kelela. On ne loupera pas la géniale house bricolée de Jacques (voir vidéo ci-dessous), le rock psyché perpignanais des Liminanas en concert avec leur ami Pascal Comelade, la pop effrontée de Fils du Calvaire, le rock convulsif du quatuor Irlandais Girl Band et la pop électronique des Niçois de Griefjoy. Et comme si cela ne suffisait pas, les Inrocks Lab s'invitent à la fête avec 10 jeunes talents présentés sur la nouvelle scène sous chapiteau Lalaland, partagée avec le Badaboum et ses dj sets. Dressez vos antennes et préparez-vous à ajouter quelques noms à votre playlist quotidienne.
La musique nous ferait presque oublier la nature et les ambitions écolos de We Love Green. Mais une fois sur place, on ne pourra pas y couper cette année : un Think Tank d’envergure (conférences, rencontres, ateliers…) autour des questions environnementales est prévu au cœur du festival. L’occasion d’échanger et de débattre de solutions pour demain avec tout un tas d’acteurs engagés en faveur du changement. L'artiste danois Olafur Eliasson, maître des jeux sur la perception et la lumière et éveilleur de consciences, est l'invité d'honneur de ce Think Tank. Connu pour ses installations spectaculaires, notamment son Weather Project à la Tate Modern et plus récemment "Contact" à la Fondation Vuitton (reportage ci-dessous), il inaugure ces jours-ci sa résidence estivale au Château de Versailles. Samedi à We Love Green (18h30 à 19h15), il présente son nouveau projet Little Sun, une lampe solaire pour les zones sans accès à l'électricité. Une source d’énergie accessible et propre qui concerne potentiellement un milliard d’êtres humains. De quoi se sentir pousser des ailes…
VIDEO. Olafur Eliasson à l'honneur à la Fondation Vuitton
Si We Love Green grossit, son offre food explose cette année les coutures. Ce n'est plus un festival de musique, c'est un festival gastronomique ! Sélectionnés pour leur cuisine nomade, bio, éthique, locale et de saison, des dizaines de jeunes chefs viennent faire goûter leurs spécialités à bord de food trucks et autres bike trucks. Au menu, entre autres réjouissances : la cuisine fusion du Top chef Pierre Sang, les tapas nippons de Ito Chan, la cuisine crue 100% vegan de 42 Degrés, les petits plats réalisés avec les invendus de Rungis de Freegan Pony, la cuisine aux herbes bios de Yuman, les burratas artisanales de Ottanta, les frites bios de la famille Rochefort, les fish & chips de Sunken Chip, les bobuns du Petit Cambodge, les glaces aux parfums fous de Glazed. Hélas on ne va pas pouvoir tout essayer...
Vous avez des enfants de 3 à 10 ans et vous n'osez ni leur imposer tant de décibels ni vous infliger le calvaire de les occuper. Alibi non recevable : l'espace enfants est gratuit (sur inscripton et dans la limite des places disponibles) et tout est fait pour leur faire passer un bon moment. Un village de tipis à l'écart a été aménagé à leur intention avec un encadrement de professionnels. Les petits pourront jardiner, participer à une chasse au trésor et à des ateliers d'arts plastique, ou bien écouter des histoires. Et bien sûr se sensibiliser aux enjeux environnementaux avec des ateliers éducatifs en partenariat avec le projet Little Sun d'Olafur Eliasson. Le futur c’est maintenant !
Consultez toute la programmation de We Love Green heure par heure
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