Festivals cherchent mécènes amateurs de rock
Patron d'une PME francilienne et fan de rock, Marc Wacheux est désormais mécène de Rock en Seine, qui se tient jusqu'à dimanche aux portes de Paris. Pour sa société, Maxiburo, spécialisée dans la vente de mobilier de bureau sur internet, "c'est une façon de faire plaisir à ses clients en les invitant au festival et d'associer l'image de la société à un festival branché", explique ce patron croisé entre deux concerts.
Lancé lors de la dernière édition, le club de mécènes de Rock en Seine compte cette année neuf entreprises. En contrepartie de dons allant de 7.000 à 20.000 euros, elles bénéficient d'invitations VIP pour leurs clients et leurs salariés. "Ce n'est pas juste une danseuse pour le patron, mais la musique c'est vraiment ce qui se partage le plus", estime Marc Wacheux, dont le site a proposé des places pour venir applaudir "The Libertines" ou les Chemical Brothers.
Une certaine discrétion
Les festivals, qui sont nombreux à subir une baisse des subventions et à une hausse des coûts (cachets, amélioration de l'accessibilité pour les personnes handicapées, environnement), se tournent de plus en plus vers le privé pour boucler leur budget. "Les festivals en France sont des géants aux pieds d'argile, avec une fréquentation importante et une grande surface médiatique mais des économies extrêmement fragiles", souligne le directeur de Rock en Seine, François Missonnier.Beaucoup de festivals, rappelle-t-il, sont en effet très dépendants de leur billetterie et doivent donc assurer des taux de remplissage très importants pour être à l'équilibre. "La diversification des ressources est un impératif", ajoute-t-il, en citant le sponsoring, déjà important, et le mécénat, "qui est quelque chose de plus neuf dans le monde de la musique populaire mais qui, à mon avis, va se développer".
A la différence du sponsoring (ou parrainage), qui permet à l'entreprise de communiquer, le mécénat s'apparente à un don et s'accompagne en théorie d'une certaine discrétion, même si le nom de la société est souvent mis en avant par le festival. Depuis une loi de 2003, ces dons permettent une réduction fiscale de 60% de la somme versée, dans la limite de 0,5% du chiffre d'affaires.
Les Eurokéennes adeptes du mécénat depuis 20 ans
Ce mode de financement est plus répandu dans les musées et la musique classique, mais existe déjà dans le rock : un festival comme les Eurockéennes l'a mis en place depuis plus de vingt ans. Le célèbre rendez-vous de Belfort compte aujourd'hui 120 entreprises mécènes.Avec des dons à partir de 6.000 euros, elles bénéficient elles aussi d'espaces réservés, de places de parkings ou de visites dans les coulisses, explique Frédéric Adam, chargé des partenariats privés aux Eurockéennes et présent ce week-end à Rock en Seine. Sur un budget de 7 millions, le mécénat génère aujourd'hui un million d'euros, soit autant que le sponsoring. Une partie de ces sommes permettent notamment de financer l'amélioration de l'accessibilité pour les personnes handicapées, précise M. Adam.
A Rock en Seine, on est encore loin de ce montant, puisque le mécénat devrait rapporter cette année 150.000 euros (bien moins que le sponsoring), sur un budget de 6,5 millions d'euros, selon les organisateurs. S'il est sans doute plus difficile d'attirer les entreprises en Ile-de-France, où les opportunités de mécénat culturel sont déjà très nombreuses, le festival entend intensifier ses efforts pour les séduire.
La condition de cette ouverture au privé reste, rappelle Frédéric Adam pour les Eurockéennes, que les entreprises n'interviennent pas dans les choix de programmation et acceptent de soutenir le festival, "que l'on programme Marilyn Manson ou Sting".
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