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"Fils de lutte" : le rock contestataire de Trust n'a rien perdu de son énergie brute

Trust sort un nouvel album, "Fils de lutte", ce 27 septembre. Fidèle à son style, il continue de se faire la voix de la contestation sociale.

Article rédigé par Jean-François Convert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le groupe Trust dans sa formation actuelle (Eric Mistler)

Dites "Trust" et un titre vous vient inévitablement à l'esprit : Antisocial. S’il reste le morceau le plus connu du groupe, c’est justement parce qu’il est représentatif de cette écriture forte, hargneuse, et sans concession.

Près de 40 ans plus tard, et après plusieurs séparations et reformations, et surtout une tournée qui cartonne depuis décembre 2016, le nouvel album Fils de lutte, qui sort ce 27 septembre chez Verycords, reste dans cette même veine : un regard acerbe sur notre société, une révolte qui brûle de l’intérieur, et même un pamphlet adressé directement au président français. Le premier extrait Les murs finiront par tomber donne immédiatement le ton.

Un disque enregistré en live

A l'instar du précédent album Dans le même sang, sorti l'année dernière, ce Fils de lutte a été enregistré en studio, mais en condition de live, à l’ancienne. "Ça faisait dix ans qu’on cherchait le moyen d’enregistrer de cette manière, comme ça se faisait dans le monde d’avant, c’est-à-dire live en studio", explique le chanteur Bernie Bonvoisin. "On a discuté avec Madje Malky avec qui on bosse depuis dix ans sur le moyen technique d’y parvenir, et on y est parvenu. On a enregistré les deux albums chacun en trois jours. Il y a quelque chose d’instantané. On voulait être au plus proche de ce qu’on envoie. Le groupe comme il sonne aujourd’hui, c’est ce qu’on a eu constamment dans la tête pendant des années sans jamais l’atteindre, et le fait de travailler avec Madje, Fred Lucas, Laurent Gatignol, et puis aussi d’avoir accès à Mike Fraser, ça nous a permis d’atteindre ça. Mieux vaut tard que jamais !".

Le rock c’est basé sur l’énergie, et on voulait capter cette énergie.

Bernie Bonvoisin

Effectivement, à l'écoute des guitares notamment, on s'aperçoit bien qu'il n'y a aucun "overdubb", pas de piste supplémentaire, c'est bien le quintet enregistré en direct.

À l’enregistrement et la réalisation, on retrouve le fidèle complice Madje Malky, qui a aussi travaillé entre autres avec Prince, "autant dire que c’est un type qui a des oreilles", confirme Bernie Bonvoisin. "Il nous a donné la possibilité technique d’accéder à ça : entendre sur l’album ce que ce groupe envoie aujourd’hui. C’est pur et honnête". Et pour finaliser le tout, le mixage a été assuré par Mike Fraser, artisan du son, entre autres, d'Aerosmith ou de Metallica, et surtout d'AC/DC.

L'influence assumée d'AC/DC

Et justement, l’esprit des rockeurs australiens transpire sur cet album. Ce n’est pas la seule influence, mais elle est bien là. Bernie Bonvoisin confirme : "Elle est indéniable. Sur cet album, c’est la première fois qu’on a composé des titres avec lesquels on a pris les références de nos influences. Et il y a plein de choses totalement assumées." 

L’intro du premier morceau Portez vos croix, et donc du disque, sonne comme une fausse ouverture : quelques arpèges calmes et lents qui peuvent surprendre quant à l’attente qu’on peut avoir d’un groupe comme Trust. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il faut moins de dix secondes pour être dans le bain ! Des guitares en fusion, une rythmique inébranlable, la voix de Bernie qui ne lâche rien, et des chœurs qui apportent parfois une touche soul.

Je pense que c’est certainement l’album le plus ouvert qu’on ait fait

Bernie Bonvoisin

David Jacob (basse), Bernie Bonvoisin (chant), Norbert Nono Krief (guitares), Izo Diop (guitares) et Chris Dupuy (batterie) (MATHIEU NINAT)

Le rythme boogie et les guitares en tierce de C’n’est pas d’ma faute évoquent Thin Lizzy, tandis que Ce n’est pas la Corée du nord et son riff zeppelinien donnent une couleur plutôt psychédélique. Et si Tendances lorgne vers le southern rock, le thème d’Amer Saheb (l’autre nom du Commandant Massoud) invitait naturellement à des arabesques à la guitare. D’ailleurs, Nono illumine plusieurs morceaux de soli bien sentis, comme celui à la wah sur J’ai cessé de compter, le bluesy On va prendre cher, ou l’aérien Delenda.

Plusieurs titres sont en mineur, ce qui n'a pas été si courant chez Trust. Des tonalités qui épousent bien les textes, souvent sombres. L’écriture est franche, directe et va droit au but. Mais même dans cette ambiance parfois crépusculaire, on sent une vitalité sans faille pour un groupe qui en a encore sous le capot. "On s’est fait plaisir, on s’est amusé. Ça fait deux ans qu’on joue ensemble, je pense que c’est quelque chose qu’on peut percevoir."

Le groupe Trust dans sa formation actuelle (Eric Mistler)

On confirme, c’est bien le cas. Et on attend avec impatience la reprise de la tournée. Bernie nous a également confié que le groupe avait en projet de jouer prochainement avec un orchestre philharmonique. En attendant, plusieurs dates sont déjà prévues pour des festivals à partir du printemps prochain. La suite de la tournée sera déterminée par l’accueil réservé à l’album. 

La pochette de l'album (Verycords)

Trust - Fils de lutte (Verycords) - sortie le 27 septembre

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