Freddie Mercury : 6 choses apprises dans le biopic "Bohemian Rhapsody"
L'acteur américain Rami Malek, le héros de la série "Mr Robot", incarne Freddie Mercury dans "Bohemian Rhapsody". Et il est extraordinaire. Vraiment. Sa métamorphose est stupéfiante. Comment celui qui était le hackeur dépressif et paranoïaque de "Mr Robot" peut-il incarner le flamboyant Freddie Mercury ? Qui a pu croire que cet acteur chétif serait crédible en dieu du rock ? Le producteur Graham King a eu raison : l'acteur est au-delà des espérances. Il a fait sienne l'essence de Mercury, à la fois celle du personnage extravagant mais aussi de l'homme sensible qu'il dissimulait.
Rami Malek s'est bien sûr demandé le premier s'il allait être à la hauteur. Il dit avoir "décidé d'aborder ce rôle comme je l'aurais fait pour n'importe quel autre. J'ai mis de côté ses talents de showman, de chanteur et de pianiste, et j'ai découvert un homme très complexe en quête d'identité. Il m'est alors apparu comme un personnage à ma portée."
Les tenues folles, notamment les combinaisons de scène ultra-moulantes, ainsi que le maquillage, ont aidé l'acteur à se glisser dans la peau de Freddie Mercury. Mais il a également été entraîné par une coach en mouvements. "Il n'était pas question d'imiter Freddie, mais plutôt de comprendre pourquoi il faisait ce qu'il faisait", explique Rami Malek.
Pour ne rien gâcher, le reste du casting est également parfait. En particulier l'amie de Freddie, Mary, incarnée par Lucy Boynton et les trois musiciens de Queen : Brian May (Gwilym Lee), Roger Taylor (Ben Hardy) et John Deacon (Joe Mazello). Sans compter l'assistant manager sournois Paul Prenter, incarné par Allen Leech, connu pour un rôle à l'opposé, celui de Tom Branson dans "Downtown Abbey".
Si Rami Malek fait un Freddie Mercury remarquable, il y a cependant un tout petit bémol. Afin de s'approprier parfaitement la gestuelle et les tics du leader de Queen, de les faire siens en les comprenant de l'intérieur, il a fallu reproduire la dentition proéminente du chanteur. Ses dents de devant l'ont en effet longtemps complexé et faisaient donc partie intégrante de son identité.
La maquilleuse en chef Jan Sewell a eu recours à une prothèse. Mais ce dentier est trop gros (de quelques millimètres). Il déforme la bouche de Rami Malek, nous semble aller plus loin que le réalisme et nous a du coup un peu gênés.
Jan Sewell explique : "Freddie était très conscient de ses dents en avant. Bien qu'il en ait eu les moyens, il a choisi de ne pas se les faire refaire, mais il passait beaucoup de temps à essayer de les dissimuler, notamment par des mouvements de bouche." Peut-être, mais on aurait préféré un Freddie un poil moins fidèle à la réalité et plus conforme à l'idée que l'on s'en faisait.
Une des grandes qualités du film "Bohemian Rhapsody" est de nous montrer le processus créatif de Queen. Un vrai plaisir à mettre en partie au crédit du guitariste et du batteur de Queen, Brian May et Roger Taylor. Ils ont en effet activement collaboré au biopic dont ils sont les coproducteurs.
Particulièrement jouissive est l'histoire de la chanson "Bohemian Rhapsody", pour laquelle le groupe a dû batailler âprement. Le patron de leur maison de disques EMI n'y croyait pas une seconde mais elle eut finalement un retentissement mondial grâce à son clip.
Cependant, c'est la genèse de "We will rock You" qui nous a le plus marquée. Elle en dit long sur la mentalité bienveillante du groupe vis à vis de son public. On y apprend qu'elle avait été initiée par Brian May. Ce dernier souhaitait composer un hymne généreux capable d'impliquer l'audience de leurs concerts au maximum. Une chanson que les fans pourraient interpréter avec eux. Or, que peut faire le public dans ce cadre si ce n'est chanter, taper dans ses mains et taper du pied ? D'où cette introduction et ce refrain impérissables où le rythme et le chant collectif prennent toute la place.
La bande annonce en VF autour du making of de "We Will Rock You"
"Bohemian Rhapsody" commence et se termine sur le phénoménal concert du Live Aid pour lever des fonds contre la famine en Afrique. Le 13 juillet 1985, Queen, peu auparavant au bord de l'implosion, effectue ce jour-là un retour triomphal au stade de Wembley. Alors que Freddie Mercury se sait désormais atteint du sida, il fait la démonstration absolue de ses talents de bête de scène et ces 18 minutes de concert restent dans les mémoires comme un set d'anthologie (avec au menu, entre autres, "Bohemian Rhapsody", "Radio Ga Ga", "We Will Rock You" et "We Are the Champions").
Avec "A star is born" tout récemment, on avait déjà pu apprécier combien Hollywood maîtrise désormais l'art de filmer les concerts. Ou plutôt les faux concerts. Avec "Bohemian Rhapsody" on monte encore en gamme : la reconstitution frôle ici la perfection. Aucun détail n'est laissé au hasard.
Wembley a été reproduit d'après les images d'époque sur l'aérodrome de Bovingdon dans le Hertfordshire. Une immense plateforme de 5 mètres de haut a été dressée sur la piste d'atterrissage, à l'identique de celle du Live Aid. Egalement reproduites soigneusement : les coulisses, les échafaudages, les affiches et les bannières qui encadraient la scène.
L'illusion est parfaite. Au point que Brian May dit lui-même avoir été stupéfait. "Des amplis qui se trouvaient derrière moi aux pédales d'effets en passant par le chiffon que j'utilisais pour faire briller ma guitare", tout y était.
Ensuite, Rami Malek a étudié chaque regard et chaque geste de Freddie Mercury. Il suffit de comparer avec la vidéo du concert original : la chorégraphie du chanteur, ses sautillements et ses petits gestes de boxeur, sa façon de tenir le pied de micro et surtout de sembler s'adresser à chaque fan dans l'assistance, sont reproduits fidèlement. Impossible de ne pas avoir le regard au minimum embué.
Le mini concert d'anthologie de Queen au Live Aid en 1985
Justement, c'est un autre enseignement de ce film pour ceux qui en douteraient encore : les hymnes du quatuor britannique n'ont pas pris une ride. "We Will Rock You", "We Are The Champions", "Bohemian Rhapsody", "Another One Bites The Dust", "Radio Ga Ga", "I Want to Break Free" : tout le monde connait ces chansons cultes passées à la postérité, scandées depuis plus de 30 ans à chaque victoire footballistique, pour se donner du courage ou se galvaniser.
"Je veux que les gens ressortent heureux de ce film, qu'ils aient envie de prendre leurs voisins dans les bras et de chanter les tubes de Queen à tue-tête", espère le producteur du film Graham King. Mission accomplie. On a eu envie d'applaudir à la fin, regonflés à bloc. Et on ne doute pas que la bande originale va refaire faire un petit tour de piste en haut des charts à certaines de ces chansons.
La bande originale du film recèle d'ailleurs des surprises. Si elle est constituée en grande partie des versions originales des hits de Queen, elle comprend également des versions live réjouissantes à redécouvrir, notamment "Fat Bottomed Girls (Live in Paris), "Love of My Life" (Live in Rio) et "Keep Yourself Alive" (Live at The Rainbow). Sans compter les titres inusables du Live Aid à Wembley.
Dans "Bohemian Rhapsody", les tenues extravagantes de Freddie Mercury, sur et hors scène, abondent. Certaines, en particulier les combinaisons de scène en lycra, une à losanges noir et blanc et une autre à paillettes argentées, ont été reproduites à partir des originaux. Tout comme la cape rouge et la couronne qu'il portait lors d'une fameuse soirée, confectionnées par les deux artisans auprès de qui le chanteur avait initialement passé commande. Quant aux chaussures de boxe que Freddie arborait sur scène au Live Aid, elles ont été reproduites par une célèbre marque de sport.
Mais certaines tenues sont les originales. Car Brian May et Roger Taylor ont ouvert pour ce film les portes de leurs archives vestimentaires. Ils ont notamment prêté un peignoir de tournée de Freddie, une robe de chambre rouge et plusieurs vestes.
Nos yeux se sont écarquillés en apprenant à cette occasion que Brian May dispose "de considérables archives personnelles". Il a notamment conservé soigneusement "tous les talons de billets et toutes les affiches des concerts qu'ils ont donnés, ainsi que tous les albums qu'ils ont enregistrés". Si l'on ajoute à cela les photos, les documents et les instruments dont il dispose encore forcément, on se dit qu'il est assis sur un véritable trésor.
Vous avez eu la même idée que nous ? Vite, une expo Queen s'il vous plaît !!!
PS : Au cas où ce film lancerait un revival vestimentaire seventies, il y a une chose, une seule chose, que l'on espère ne jamais voir revenir : les coupes de cheveux mulet (court devant, avec frange éventuelle, et long derrière). A vous transformer des Apollons en caniches. Les spectateurs du film comprendront.
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