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Iggy Pop : David Bowie "m'a sauvé de l'anéantissement"

Dans une interview au New York Times, Iggy Pop rend un hommage vibrant à David Bowie, pygmalion et complice dans les années 70, qui sauva sa carrière en produisant ses deux premiers albums solo, "The Idiot" et "Lust for Life".
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Iggy Pop et David Bowie en 1977 sur la tournée "The Idiot".
 (MediaPunch/Shutterstock/SIPA)

"Il était le seul qui aimait ce que je faisais"

"Ce type m'a sauvé de l'anéantissement professionnel et peut-être même personnel – c'est aussi simple que cela". "Il m'a ressuscité", a réagi l'Iguane, 68 ans, dans le New York Times.

"Plein de gens étaient curieux de ma personne, mais il était le seul qui avait suffisamment de points communs avec moi et qui aimait ce que je faisais et qui en outre avait véritablement l'intention de m'aider."

A l'aube des années 70, David Bowie découvre la musique des Stooges dont Iggy Pop est le leader sans compromis connu pour ses excès scéniques. David Bowie adore ce qu'il qualifie alors de "rock nihiliste". Ils se rencontrent en 1971. Deux ans plus tard, Bowie parraine le troisième album des Stooges, "Raw Power", précurseur du punk. Jugé trop violent par la maison de disques, le mixage de ce brûlot est confié d'autorité par la maison de disques à David Bowie, qui s'exécute.
Iggy Pop et David Bowie dans les années 80.
 (MediaPunch/Shutterstock/SIPA)

Leur fructueuse échappée berlinoise

David Bowie prend ensuite Iggy Pop sous son aile et l'emmène avec lui en tournée pour "Station to Station" puis à Berlin où il lui réserve une chambre de son appartement du 155 Hauptstrasse où ils tentent ensemble à la fois d'échapper au cirque médiatique et de se désintoxiquer.

Alors que Bowie expérimente sur ce qu'on appellera ensuite sa trilogie berlinoise (Low, Heroes et Lodger), il sauve parallèlement la carrière d'Iggy en produisant ses deux premiers albums solo, "The Idiot", dont est extrait le hit "Nightclubbing" bien connu des Français, et "Lust for Life", tous deux parus en 1977.

"Il était davantage un bienfaiteur qu'un ami au sens où on l'entend généralement", souligne Iggy dans le New York Times. "Il s'est donné du mal pour que je bénéficie d'un bon karma."

"Lust for Life" inspiré par la télé des Forces armées à Berlin

Il raconte aussi comment est née la chanson "Lust for Life" dans cet appartement berlinois. Assis par terre – ils avaient décidé que les chaises n'étaient pas naturel – ils attendaient de regarder un épisode de "Starsky & Hutch" sur la chaîne de l'Armed Forces lorsque le jingle de la chaîne a retenti.

"Beep beep beep, beep beep beep beep", ce rythme qui ressemblait à un beat de Motown a servi de base. "Il a écrit la progression d'accords sur son ukulele et il m'a dit "appelle-la "Lust for Life", écris quelque chose."


Iggy dit avoir "beaucoup appris" auprès de Bowie

Bowie "me voyait parfois comme un personnage de Dostoïevski actuel ou un Van Gogh moderne. Mais il savait aussi que je ne suis qu'un plouc au fond." Avec lui, dit encore Iggy, "j'ai appris des choses dont je me sers encore aujourd'hui. J'ai rencontré les Beatles et les Stones, untel et untel et cette actrice et cet acteur et tous ces gens puissants grâce à lui. J'ai observé. Et une fois de temps à temps je me comporte de façon un peu moins rustique lorsque j'ai affaire à ce genre de personnes."

James Osterberg (le vrai nom d'Iggy) se souvient aussi dans cet entretien que Bowie avait tenu à aller rendre visite à ses parents qui vivaient dans une caravane à Détroit. "Les voisins de mes parents étaient si effrayés par cette voiture et les gardes du corps qu'ils ont appelé la police. Mon père est un homme merveilleux et il a dit (à Bowie) 'Merci pour ce que vous faites pour mon fils.'"

Son amitié "était la lumière de ma vie"

En 1983, Bowie publia sur son album "Let's Dance" une reprise plus commerciale de "China Girl" de Iggy Pop parue sur "The Idiot" six ans plus tôt. Un énorme hit dont les droits permirent à Iggy d'encaisser de confortables revenus. David Bowie lui permit encore de renaïtre en 1986 après un long passage à vide en produisant l'album "Blah Blah Blah". Les deux artistes avaient perdu le contact en 2002.

"L'amitié de David était la lumière de ma vie", avait réagi Iggy Pop juste après l'annonce de la mort du Thin White Duke dans la nuit de dimanche à lundi. "Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi brillant. Il était le meilleur."


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