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LCD Soundsystem insurpassable à We Love Green

Le concert de James Murphy et sa troupe samedi soir au festival We Love Green restera dans les annales. Pour son grand retour après de vrais-faux adieux et cinq ans d'absence, LCD Soundsystem a offert un concert électrisant, parfait de bout en bout. Un show qui valait l'attente, la boue jusqu'aux chevilles et le retour difficile du bois de Vincennes où se déroule le festival jusqu'à dimanche.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
James Murphy avec certains musiciens de LCD Soundsystem, dont Nancy Whang,  samedi au festival We Love Green 2016.
 (Laure Narlian / Culturebox)

Un formation soudée et un son d'une précision diabolique

Il est 23h10 lorsque le groupe new yorkais débarque sur scène, accompagné d'une fine bruine, sur la grande scène du festival. LCD Sounsystem attaque avec le nerveux "Us vs Them" sur lequel James Murphy scande "The time has come, the time has come today" (Le moment est venu, c'est le moment aujourd'hui), en forme de clin d'oeil approprié pour ce come-back très attendu en France qui ne les avait pas vus sur scène depuis six ans.

James Murphy, 46 ans, n’a pas changé, si ce n’était sa barbe de quatre jours blanchie et le raisonnable embonpoint qui menace de faire sauter le bouton central de sa chemise blanche. "Bonsoir, Merci beaucoup", lance-t-il avant d’enchaîner avec "Daft punk is playing at my house", l’un de leurs premiers hits, qui fait grimper aux rideaux la foule en liesse de quelque 10.000 personnes.

Le groupe apparaît soudé, très en place. Le son est d’une précision diabolique, vraiment impressionnant, qui-plus-est dans ces conditions de vaste scène en plein-air. La formation, constituée de sept personnes, domine ses claviers et surtout ses percussions comme peu de groupes actuels. Lorsque James s’empare lui aussi des baguettes pour frapper ses "cow bells" (cloches de vache), la marque de fabrique du groupe, ils sont jusqu’à quatre à la rythmique.

Amarré à son micro, qu’il dévore et tient serré haut des deux mains, James Murphy démontre une maîtrise vocale qu’on ne lui connaissait pas, y compris dans les aigus. Cela saute aux yeux (et aux oreilles) dès le troisième titre, "I Can Change", qu’il porte presque à lui seul.
James Murphy au sommet de son art samedi 4 juin à We Love Green 2016.
 (Laure Narlian / Culturebox)

Une setlist impeccable, très maîtrisée

La setlist, qui ressuscite les trois albums du groupe, alterne avec fluidité tous les registres : les climats nerveux-cérébraux à la Talking Heads comme sur "Get Innocuous" ou "Home", sur lesquels les fils dépassent le maître David Byrne; les déflagrations punk rock zébrées de guitare comme sur "Movement" ; l’irrésistible fièvre électro avec "Tribulations" ou "Yeah" et sa belle digression techno acid à la Josh Wink, ou les ballades mélancoliques comme "Someone Great" et  "New York I Love You".

Ce pourrait être les montagnes russes, c’est au contraire un set souple et fluide, habité et jamais mécanique. Malgré la difficulté de ces morceaux denses et équilibristes, les musiciens démontrent une agilité et une intelligence de l’instant sans jamais faillir dans la cohésion. Le groupe, dont James Murphy présente les membres au fil du show – avec un gag au sujet de sa partenaire en chef Nancy Whang comparée à un robot "que trop d’humidité pourrait faire exploser" -, joue comme un seul homme, une entité une et indivisible, organique.

Dans ce sans faute, la scénographie joue subtilement sa partition, sans tapage et sans vulgarité. Les visuels réinterprètent les images live en direct, difractent le réel et lui ajoutent un graphisme intéressant – cubes rouges et blanc, halos psychédeliques, zébrures orageuses, skyline new yorkaise – qui soutiennent plus qu’il ne distraient de la musique.

Jusqu’au bout, James Murphy assure sans jamais trop en faire, avec un coffre magnifique sur le dernier rugissement de l'impérieux "Dance Yrself Clean". "Merci d’être restés sous la pluie, c’est notre dernière chanson" annonce-t-il avant un "All My Friends" de circonstance, conclusion de ce concert exceptionnel de 1h40 que les lâcheurs rebutés par la boue et la pluie regretteront toute leur vie.

Bien sûr, les admirateurs de LCD Soundsystem s’attendaient à passer un bon moment. Mais rien, et surtout pas le côté faussement relax de Murphy, ne nous avait préparé à une telle maîtrise. A croire qu’ils ont répété pendant cinq ans…

La setlist :
Us vs Them
Daft Punk is Playing at My House
I Can Change
Get Innocuous!
You Wanted a Hit
Tribulations
Movement
Yeah
Someone Great
Losing My Edge
Home
New York I Love You But You Bringin Me Down
Dance Yrself Clean
All My Friends

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