Cet article date de plus de deux ans.

Le guitariste John Frusciante pimente le retour des Red Hot Chili Peppers sur "Unlimited Love"

Le groupe californien est de retour avec un douzième album studio, "Unlimited Love". Un disque marqué par le retour du producteur Rick Rubin et surtout du guitariste John Frusciante, dont les riffs inspirés apportent du mordant après seize ans d'absence.

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Les Red Hot Chili Peppers en 2022. De gauche à droite : Flea (basse), John Frusciante (guitare), Chad Smith (batterie) et Anthony Kiedis (chant). (WARNER MUSIC)

Après bientôt quarante ans de carrière, les Red Hot Chili Peppers ont-ils encore la flamme, ont-ils encore le mojo ? C’est forcément la première question qui se pose en abordant Unlimited Love, ce douzième album studio du groupe californien aux tubes planétaires (Give it Away, Under The Bridge, Californication…) et aux plus de 90 millions d’albums vendus.

Avec les retours de Frusciante et Rubin, le groupe retrouve sa configuration optimale

Le guitariste prodige John Frusciante, revenu au bercail après seize ans d’absence (depuis Stadium Arcadium en 2006), nous donne la première indication : sa guitare allume la mèche en illuminant le titre d’ouverture Black Summer. Sa présence sur l’album s’avère, comme prévu, cruciale, sa six cordes donnant aux chansons un mordant singulier et les propulsant régulièrement dans une autre dimension.

Passée l’entorse sans lendemains du dernier album (The Getaway en 2016),  pour lequel ils étaient aller chercher le producteur Danger Mouse, alors très en vogue, Unlimited Love marque aussi le retour du fidèle Rick Rubin, qui a accompagné l’ascension du groupe depuis Blood Sugar Sex Magik en 1991. Le sorcier de studio à la longue barbe était si ému d’en être à nouveau qu’il a, dit-il, lâché quelques larmes lors des premières répétitions de retrouvailles avec Frusciante. Nous sommes donc en terrain connu, celui de la meilleure configuration possible du groupe.

Un plaisir régressif

Il faut aborder ce disque sans rien en attendre d’extraordinaire. S’y plonger comme on entrerait dans une maison de vacances d’enfance, un lieu attachant et familier lié à de nombreux souvenirs heureux. Il y a forcément quelque chose de nostalgique, de régressif, à écouter les Piments Rouges aujourd’hui. Avouons-le : on est tous passés à autre chose depuis longtemps.

Bien sûr, on peut pointer tout ce qui ne va pas, tout ce qu’on connaît par cœur et en mieux chez ce groupe, tout ce qui sent le réchauffé, la redite et l’auto-parodie, de la basse éternellement bondissante de Flea, au phrasé-rap limite agaçant et aux paroles trop souvent dénuées de sens de Kiedis. Mais on peut aussi choisir de se réjouir que le quatuor soit encore sur pied, qu’il se contente de faire du Red Hot sans chercher à coller à l’air du temps et surtout que cet album transpire tout du long le bonheur simple d’être ensemble.

"Nous étions si reconnaissants d’avoir l’opportunité d’être ensemble à nouveau",  assurent Anthony Kiedis, Flea, Chad Smith et John Frusciante dans le dossier de presse. "Nous sommes comme neufs, comme un nouveau groupe", confirme John Frusciante dans un entretien au NME. "J’y ai mis beaucoup moins de mon ego qu’auparavant et je pense que ça a été le cas pour tout le monde. Ce n’était pas tant une compétition que le désir de donner de nous-mêmes aux autres et d’être excités d’écouter ce que les autres amenaient", ajoute le guitariste, pour lequel "ce disque représente notre amour et notre foi les uns pour les autres."

Frusciante imprime sa marque 

Sur ce disque long de 70 minutes et 17 morceaux, il y a du bon et du dispensable, du funk rock élastique comme ils savent si bien le faire, comme sur le sautillant Aquatic Mouth Dance et ses cuivres dans lequel Anthony Kiedis se souvient des premières années du groupe, ou sur Poster Child, sur lequel le chanteur énumère ses premières amours musicales, de Melle Mel à Richard Hell, de Adam Ant à Parliament, en passant par les Ramones et Led Zeppelin.

Le disque ménage des plages de respiration avec des ballades sur lesquelles Kiedis se fait crooner (Not The One, It’s Only Natural) et la guitare plus douce, avec ses notes liquides, sans oublier le titre acoustique de clôture Tangelo, une berceuse qui fera merveille autour des feux de camp. On y trouve aussi des titres plus ardents, comme le proto-grunge These Are The Ways, et surtout les deux morceaux sur lesquels John Frusciante brille particulièrement : The Great Apes et The Heavy Wing, traversés de solos impressionnants.

John Frusciante, on l’a dit, imprime sa marque tout du long, de petits motifs en riffs costauds. Mais la touche magique de celui qui a passé les dix dernières années à expérimenter du côté de la musique électronique n’est sans doute pas étrangère aux innombrables bruitages – chuintement d’envois de sms, sonneries, sirènes, entre autres – qui animent ce disque sous la surface. 

Un second album pourrait sortir dans la foulée

Le groupe n’a en tout cas souffert en temps de pandémie d’aucune panne d’inspiration. Frusciante confie même au NME que les sessions dans le studio de Rick Rubin ont été si fructueuses qu’ils en ont gardé sous la semelle : "50 chansons" auraient été enregistrées au total, de quoi envisager de sortir assez rapidement un second album dont l’énergie serait "plus relax et moins intense" que celui-ci.

En attendant, une longue tournée des stades les attend, qui passe par deux dates au Stade de France les 8 et 9 juillet 2022. Ils y glisseront sans doute une poignée de chansons de Unlimited Love dans leur setlist de tubes passés. Ces hits qui n’ont pas vieilli, seuls capables de nous faire rajeunir en un clin d’œil de plusieurs décennies.

"Unlimited Love" des Red Hot Chili Peppers (Warner Records) est sorti le 1er avril - La tournée du groupe débute en Europe le 4 juin à Séville (Espagne), et passe par Le Stade de France les 8 (complet) et 9 juillet 2022 (toutes les dates ici).

La pochette du 12e album des Red Hot Chili Peppers, "Unlimited Love", sorti le 1er avril 2022. (WARNER MUSIC)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.