Mac DeMarco, Parquet Courts et Aldous Harding : une soirée délicieusement déjantée aux Nuits de Fourvière
Malgré leurs différences de style, la douceur du folk d’Aldous Harding, le rock ravageur de Parquet Courts et la dinguerie pop de Mac DeMarco ont fait bon ménage le 10 juillet à Lyon. Ils ont même pris l’apéro ensemble sur scène pour fêter ça !
Mac DeMarco a pris l’habitude depuis quelque temps de prévoir sur scène une table et une glacière de bières fraîches pour accueillir fans et amis durant ses concerts. Mais mercredi soir à Lyon, c’est un peu spécial. On retrouve attablés, verres à la main, les membres de Parquet Courts et Aldous Harding qui viennent de jouer ici-même. Attentifs et rigolards, ils semblent aussi un peu intrigués par le phénomène qui signe à leurs côtés un concert haut en couleurs. Un moment fort parmis tant d'autres d'une soirée étonnante pour les amateurs de musique indé un peu perchée.
Aldous Harding : le calme avant la tempête
Tout débute en douceur. Et on était loin d’imaginer la tournure que prendraient les évènements. Très élégante, dans un costume ample orange pâle et sous un charmant chapeau noir aux bords retroussés, la chanteuse néo-zélandaise s’installe sur scène, souriante, alors que le public remplit encore nonchalamment et un peu trop bruyamment le théâtre antique.
Un peu dissipés sur les gradins, seuls les festivaliers des premiers rangs peuvent profiter du magnétisme sensible de la chanteuse. Entourée de quatre musiciens, elle va régulièrement ponctuer son concert de mimiques irrésistibles et de regards étranges vers le ciel. Elle plonge aussi parfois dans les yeux d’un visage du premier rang, une habitude peut être née de ses concerts donnés dans la rue où la musicienne Anika Moa l’a découverte avant que John Parish, le producteur de PJ Harvey ne s’intéresse à elle.
Quasiment exclusivement consacré aux titres de son dernier album Designer, le concert d’Aldous Harding, d’une poésie et d’une douceur exquise, se termine par le (nouveau ?) titre Old Peel, dont la rythmique entêtante est subtilement martelée par la chanteuse sur une tasse à café. Simple et beau.
Parquet Courts : une tempête de bonnes énergies
Après le folk de l'excentrique Aldous Harding, les quatre musiciens de Parquet Courts paraissent presque sérieux à leur arrivée sur scène. Découvert et encensé pour son punk explosif sur disque comme dans les festivals (on se souvient de son passage très remarqué à Rock en Seine et à la Route du Rock en 2013), on se demandait comment avait évolué le groupe dont le dernier album Wide Awake est teinté de nuances plus funk sous l’influence du producteur Danger Mouse.
Dès les premiers crachats de guitares, les amateurs de rock ravageur se rassurent. Le nouveau look baba cool à la Cabu, coupe au bol et lunettes rondes, de Austin Brown l’un des deux chanteurs du groupe, ne révèle pas un abandon de rage musicale et d’énergie brute. Des riffs saillants de Total Football au lancinant Dust, les titres du nouvel album sont joués avec force et intensité mais dans une ambiance assez décontractée qui laisse de belles places à de longues transgressions à la Thurston Moore de Sonic Youth. Plus le concert avance, plus les titres semblent s’étirer, avec plein d’inventivités parfois exotiques à la clé, et une captivante version XXL de One Man No City pour finir en beauté.
Mac DeMarco : maître farceur de cérémonie
Lui aussi écume les grands festivals depuis des années, mais aussi de petites salles comme l’Epicerie Moderne de Feyzin, à quelques kilomètres d’ici, alors qu’il n’attirait pas encore les foules. Car ce soir, une grande majorité du public est venu pour lui. Certains de ses premiers admirateurs boudent d’ailleurs un peu l’incroyable succès du "phénomène DeMarco". Car c’est un phénomène, à plus d’un titre. Par l’ingéniosité et la finesse de ses mélodies mais aussi par l’incroyable capital sympathie façon vieux pote rigolo qu'il inspire.
Nouveau style et vielles recettes
Le public de Fourvière en aura pour son argent : batailles de coussins "fucking pillows" avec la foule, blagues et petites moqueries, galipettes avec clope au bec, slam torse nu dans la fosse, short de touriste remonté jusqu’aux aisselles : le showman canadien, assurément le plus cool de la terre, a sorti le grand jeu tout au long d’un concert clownesque qui ne doit pas masquer le plaisir pour les oreilles. Car si Mac ne s’est pas du tout assagi côté facéties, son projet musical a considérablement mûri, comme sa voix d’ailleurs, qui prend parfois un avantageux grain de crooner.
De Salad Day à Viceroy, les titres préférés des fans n’ont pas étés oubliés et les chansons de son nouvel album de cow boy ont fait leur effet (même l’inquiétant Choo Choo). Les morceaux sont joués avec finesse et application, on flirte parfois avec une ambiance jazzy, mais dès qu’un morceau s’installe dans le confort, Mac DeMarco rivalise d’ingéniosité pour mettre une touche de n’importe quoi : un micro qui tombe, une numéro d'équilibriste en bord de scène, et ça fait mouche.
J’suis tellement heureux d’avoir vu Mac Demarco sur scène, en plus d’être bourré de talent il est à mourir de rire pic.twitter.com/GRNIoeanlg
— Florent Derue (@florentderue) 10 juillet 2019
Un final explosif avec Metallica
Porté par des fans aux anges, la deuxième partie du set va monter en intensité potache jusqu’à un final détonnant, quand le guitariste profite d’un moment creux pour glisser les accords du tube de Metallica Enter Sandman. Mac DeMarco saute sur l’occasion pour en faire une version bien à lui, face aux membre du groupe Parquet Courts, sourires aux lèvres, toujours attablés sur le bord de la scène, qui servent de temps en temps un verre au public du premier rang.
La setlist partagée ci-dessous n’est donnée qu’à titre informatif. Le groupe a visiblement pris quelques libertés. Ce sera finalement avec la balade Watching Him Fade Away que va se terminer ce concert un peu fou. Histoire d’amener un peu de calme après cette réjouissante tempête musicale.
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