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Patti Smith en état de grâce dans la cathédrale de Bourges
Patti Smith a offert un moment de grâce au Printemps de Bourges mercredi soir, dans la cathédrale gothique, avec un spectacle émaillé d'éclats de rire, mais également de ferveur et d'émotion.
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Reportage : X.Naizet, PD.Lepals
"Je pense que Dieu aime rire", avait-elle dit quelques heures avant son concert. Invitée de marque de la 37e édition du festival, la chanteuse de 66 ans a accepté de s'y produire hors de toute tournée, séduite par l'idée de jouer dans la cathédrale pour un concert dont les 1.000 places se sont rapidement vendues.
Quelques heures avant le concert, la légende du rock américain s'était pliée avec générosité au jeu de la conférence de presse, confiant qu'elle allait improviser le programme de son concert en fonction de ce qu'elle ressentirait du lieu et du public.
Pendant une heure trente, elle est parvenue à rendre chaleureuse et intime la majestueuse nef gothique, faisant à la fois preuve d'une intensité imposante et d'une simplicité désarmante. Accompagnée de son seul guitariste, Tony Shanahan, Patti Smith s'est présentée en veste et jean, un bonnet kaki sur ses longs cheveux et un immense sourire aux lèvres qui ne l'a pas quitté de toute la soirée.
La musicienne a choisi dans son répertoire les chansons les plus en harmonie avec le cadre de son concert à l'acoustique parfaite, en prenant soin d'expliquer le sens spirituel très personnel qu'elle leur donnait.
Elle a ainsi évoqué Marie-Madeleine dans "Dancing Barefoot", parlé de son passage préféré de l'Ancien Testament "Jonas et la Baleine", "qui résonne dans l'histoire de Jésus Christ, mais aussi dans celle de Pinocchio. Jésus n'était-il pas un petit enfant lui-même ?".
La musicienne, qui a confié avoir prié pour que le nouveau pape s'appelle François, a aussi chanté avec ferveur la figure de Saint-François d'Assise dans "Constantine's dream", titre en forme de rêve éveillé tiré de son dernier album "Banga" paru en juin.
Patti Smith a également réservé une place au coeur de son concert aux absents qui "vivent dans nos mémoires": l'actrice Maria Schneider, son mari Fred "Sonic" Smith ou le musicien Richie Havens, récemment décédé et pour qui elle a demandé au public de chanter "Here comes the sun" afin de "l'accompagner dans son long voyage".
La voix puissante et légèrement éraillée, les yeux levés au ciel, les poings fermés ou les paumes ouvertes, celle qui fût la marraine du mouvement punk, a souvent offert des versions intenses de sa poésie humaniste.
Mais Patti Smith a aussi régulièrement ponctué son concert d'éclats de rire, notamment lorsqu'elle a dû à plusieurs reprises se reprendre à la guitare, les doigts engourdis par le froid.
"Jouer dans un endroit où les gens prient, ça signifie beaucoup. La prière est une part tellement belle de l'existence humaine, qui n'a pas nécessairement à voir avec une religion", avait-elle lancé avant le concert. "Mais je pense que la relation à Dieu n'est pas toujours sérieuse. Je pense que Dieu aime le rire, qu'il a envie de joie autant que d'entendre des considérations plus sérieuses. Nous ne devons pas être effrayés d'être humains", avait-elle ajouté.
Laissant de côté "Gloria" (reprise du groupe "Them", sur son premier album, "Horses"), la chanteuse a terminé son concert face à une standing ovation sur "Pissing in a river" et "Because the night".
Et après "People have the power" en rappel, elle a quitté la scène une brassée de roses blanches dans les bras, en saluant son public en français d'un tendre "bonne nuit, je t'aime". Patti Smith se produira le 23 juillet dans le cadre des Nuits de Fourvière, à Lyon.
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