Punk-rock américain : Parquet Courts envoie du bois
Andrew Savage et Austin Brown, les deux leaders de Parquet Courts, sont originaires du Texas mais c’est à Brooklyn qu’ils ont monté ce groupe. Si leurs influences sont plus larges (on entend chez eux des échos des Modern Lovers, de Pavement ou de The Fall), la Grosse Pomme semble avoir formidablement bien déteint sur eux. Au point qu’ils comptent aujourd'hui parmi les meilleurs dépositaires en date d'un certain son rock new yorkais, qui va du Velvet Underground à Sonic Youth en passant par Television.
Pourtant, leur premier véritable album (après un "American Specialties" confidentiel sorti sur cassette) est loin de la régurgitation appliquée. Si « Light Up Gold » est un disque faussement branleur, dont la saveur débraillée est sans doute plus travaillée qu’il n’y paraît, il est né spontanément, jure le groupe, de quatre gars jouant ensemble dans une pièce sans arrière-pensée, plan de carrière ni étude à la loupe des légendes new yorkaises.
« Light Up Gold » contient 15 chansons simplissimes et teigneuses de moins de 3 minutes - sauf la merveille "Stoned and starving" qui dépasse les 5 mn -, 15 cris de rage addictifs dès la première écoute et dont on ne se lasse pas avec le temps. Deux guitares entremêlées, speed mais parfois douces ou plaintives, tricotent des mélodies naïves sur un tempo nerveux. Ajoutez à cela un double chant, urgent et haut perché pour l'un, grave et scandé pour l'autre, des chœurs légèrement dissonants et des paroles férocement désenchantées, et vous avez tous les ingrédients pour faire de « Light Up Gold » un classique de punk-rock, déjà en passe de devenir culte.
Le truc en plus ? La nuance. Et surtout une certaine classe, une distance, l’impression que Parquet Courts ne cherche pas à se rouler dans le bruit et la fureur à tout prix et que les silences et le spleen font aussi partie de son vocabulaire. Bref, qu’un bon paquet de neurones et quatre petits coeurs battent derrière tout ça. Car il y a aussi de la grâce dans ces hymnes concis, et une sensibilité pas si courante accolée à tant de hargne et d’humour corrosif. Paroles entre mal être et ironie
Côté paroles, on oscille entre expression de l’ennui et du mal être (« Borrowed Times » ou « No Ideas »), défonce ("Stoned and starving"), ironie mordante (« Carreers in combat » qui se désole qu’il n’y ait plus de petits boulots de maître nageurs ni de gardiens de musées mais qu’ il reste encore des carrières à faire dans l’armée) et observations acides sur le quotidien avec quelques pointes de nonsense ou de débilité assumée.
D'ailleurs, autre bon point, le quatuor ne se prend visiblement pas au sérieux. Les notes de pochette en disent long, qui sont biffées dans les grandes largeurs et renvoient, pour emmerder le monde, à internet, cette "conscience mammifère". Il y précisent toutefois que le disque a été enregistré « en trois jours » et ironisent sur le chant (« si on peut appeler ça comme ça ») de Andrew Savage et Austin Brown. Quant au batteur, M .Savage, il « donne des leçons si vous habitez New York. Demandez à un punk ».
Parquet Courts est en concert à Rock en Seine dimanche 25 août 2013 (18h45 Scène Pression Live).
L'album "Light Up Gold" est à l'écoute dans son intégralité ci-dessous :
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