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Qui est le Bloodhound Gang, ce groupe accusé d’avoir profané le drapeau russe ?

Célèbre pour ses titres déjantés au début des années 2000, le groupe Bloodhound Gang est à nouveau au centre de l'attention après que son bassiste s'est essuyé avec le drapeau russe. Retour sur un groupe dont le credo est de "faire ch*** tout le monde".
Article rédigé par franceinfo
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Une nouvelle frasque pour The Bloodhound Gang
 (PHOTOXPRESS/MAXPPP)
Une enquête pour "profanation" d'un symbole de l'Etat a été ouverte en Russie contre le groupe de rock américain Bloodhound Gang. Le 31 juillet dernier, lors d'un concert en Ukraine, le bassiste du groupe Jared Hasselhoff avait glissé un drapeau russe dans son pantalon.
 
Coutumier des débordements depuis sa création au début des années 1990, le groupe de punk-rock fondé par Jimmy Pop a établi sa réputation grâce à des titres décalés et volontairement provocateurs.
 
"Ne dites rien à Poutine", a lancé le bassiste de Bloodhound Gang au public, au cours d'un concert samedi à Odessa (Ukraine), avant de glisser un drapeau russe à l'avant de son pantalon et de le faire ressortir par l'arrière. Il l'a ensuite jeté dans le public. 

Qu’est-ce que le Bloodhound Gang ?
Il s'agirait d'un groupe conçu “pour essayer de blesser tout le monde, car ça nous fait nous sentir mieux”, selon son leader Jimmy Pop. Le Bloodhound Gang, c’est un groupe à l’humour très potache fondé en Pennsylvanie au début des années 1990.

Mêlant hip-hop, rock et punk, et s’appuyant sur des paroles tournant beaucoup en dessous de la ceinture, le Bloodhound Gang (du nom d’une série télé des années 1980 dans lequel trois détectives en herbe résolvent des énigmes tout en combattant le crime) connaît son heure de gloire au tournant des années 2000 avec l’album “Hooray for Boobies” (“hourra pour les nichons”), dont le single “The Bad Touch” fait un tabac.

Surnommé “Evil”, le bobybuildé (et parfois blond peroxydé) bassiste Jared Hasselhoff est aussi déjanté que le leader du groupe, Jimmy Pop. 

Pourquoi cet épisode n’est pas étonnant
Depuis le milieu des années 2000, le groupe est retourné à un relatif anonymat, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre sa provocation. La dernière en date, qui s’attaque au drapeau russe lors d’un concert en Ukraine n’est pas vraiment une surprise venant de ces spécialistes de l’humour scato.

En s’en prenant au drapeau russe, et à Vladimir Poutine, le bassiste - qui s’est excusé depuis - ne s’inscrit pas vraiment dans la lignée des artistes engagés comme les Pussy Riots. Le seul acte politique du bodybuildé Hasselhoff (aucun lien avec l’acteur “d’Alerte à Malibu”) est d'avoir quitté les Etats-Unis pour Berlin en 2006. Mais s'il n'appréciait pas la politique de George W. Bush, le bassiste avait aussi justifié ce départ "parce qu'il le pouvait" et "pour découvrir un coin nouveau".

Pourquoi ce n’est pas une affaire d’Etat
Ressemblant plus à une provocation d’adolescent n’ayant pas voulu grandir qu’à une action engagée, cet acte a été très mal pris en Russie, où le groupe devait se produire ensuite. Mais les organisateurs du festival Kubana, qui l'avait invité, ont annulé leur prestation, et vu l'accueil très hostile à leur arrivée dans la ville le groupe a préféré quitter la Russie

Selon la loi russe, la profanation d'un drapeau est passible de peines allant jusqu'à un an de prison. Ce qui est difficile à imaginer du point de vue américain, où la constitution donne aux citoyens le droit de faire ce qu’ils veulent de leur drapeau, en témoigne Marilyn Manson ou Rage Against the Machine brûlant la bannière étoilée au cours de concerts.

Par ailleurs, il est intéressant de noter la réaction du chanteur du groupe après l’offense de son bassiste. Jamais le dernier à en remettre une couche, Jimmy Pop “désapprouve” néanmoins cette action, estimant que “malheureusement, la Russie est meilleure que les Etats-Unis”.

Au final, cet épisode remet en lumière un groupe en perte de vitesse (même si leur site internet a été hacké par des Ukrainiens revanchards). Si l’affaire a scandalisé le ministre de la Culture russe, qui a qualifié le groupe “d’imbéciles”, et impliqué les excuses de l’ambassadeur américain à Moscou, les relations americano-russes ne devraient pas pâtir de cette offense. Mais il est peu probable que le groupe se produise en Russie de sitôt, car comme le chantait le Bloodhound Gang en 1996, “if the roof is on fire, we don’t need no water, let the motherf***** burn” (si le toit est en feu, nul besoin d’eau, laissons brûler les fils de p****)

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