"Rachid Taha, rocker sans frontière" : un portrait rare du chanteur disparu en 2018 à découvrir dans un documentaire
"C'est le dernier des punks", disait de lui Patti Smith. Un bel hommage pour cet artiste unique qui a bouleversé le paysage musical français. Auteur d'une version en arabe de Rock the casbah (Rock el casbah), tube de The Clash, l'artiste disparu le 12 septembre 2018 fut adoubé par les géants de la planète pop/rock. Comme on le voit dans "Rachid Taha, rockeur sans frontières" de Thierry Guedj à découvrir sur France 5 ce vendredi 15 septembre à 22h35.
Quand il chante ce morceau à Londres en 2005 dans un concert contre la guerre en Irak, Taha est accompagné à la guitare par Mick Jones (guitariste et co-leader des Clash) et aux claviers par Brian Eno, génie qui collabora notamment avec David Bowie. "Je suis très content de l'aura internationale de Rachid montrée dans le documentaire", commente pour l'AFP Alain Lahana, producteur de concerts qui travailla avec Taha. Et, ce, alors que le show-biz l'enferme en France dans les cases "musiques du monde" et "arabe de service", comme on entend pester l'intéressé, arrivé à 10 ans en Alsace en provenance d'Algérie, dans le documentaire.
On voit dans le film des images peu connues dans les coulisses, comme cette tournée en Algérie qui lui avait permis de revenir dans son village natal de Sig. "Quand j'ai monté la tournée en Algérie, où il était catalogué comme trouble-fête, pour le faire jouer, je suis passé par la Commission européenne... Pour faire jouer un mec qui avait un passeport algérien !", dévoile Alain Lahana.
Artiste engagé et visionnaire
La dimension politique de Taha est bien retranscrite dans le documentaire. Et pas seulement pour sa version de "Douce France" de Charles Trenet avec son premier groupe Carte de séjour ou sa chanson "Voilà voilà" dénonçant la résurgence de l'extrême droite en France.
On le voit, visionnaire, au début des années 1990, mettre en garde contre une France fracturée, avec des "rentre chez toi" lancés à des personnes issues de l'immigration et nées dans l'Hexagone.
"C'est important que son message soit porté", a insisté cette semaine Hakim Hamadouche, fidèle musicien de Taha, après la projection à la Sacem, un des partenaires du documentaire. Avec la disparition de Taha, l'horizon musical s'est aussi rétréci. En 1993, sa version de "Ya rayah" (écrite en 1973 par l'Algérien Dahmane El Harrachi) faisait rayonner une chanson en arabe sur les radios grand public. Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, regrette son fils Lyès (producteur sous l'alias Clyde P) dans le documentaire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.