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Revoir "Johnny Made in France", le documentaire rock'n'roll diffusé sur France 3

Oubliez les déchirements qui agitent ses proches depuis sa mort il y a bientôt un an : le documentaire "Johnny Made in France" se concentre sur Johnny Hallyday le musicien et l'interprète. Il questionne ses liens avec la France, où il a statut de légende, mais explore aussi son amour de l'Amérique où il a puisé ses inspirations musicales. Diffusé vendredi 9, il est en Replay jusqu'au 15 novembre.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Johnny Hallyday lors d'une répétition a l'Olympia en janvier 1964.
 (Dalmas/SIPA)

Ce documentaire inédit, diffusé vendredi 9 novembre à 21h sur France 3, est visible en replay sous ce lien jusqu'au jeudi 15 novembre.

La mort de Johnny a renvoyé chacun à son propre questionnement

"Johnny Made in France" de Didier Varrod et Nicolas Maupied est à la fois le récit de la naissance d'une révolution musicale, le rock, et une réflexion sur la place de l'idole Johnny dans la culture populaire française. Les auteurs avaient pour ambition "de percer le mystère Johnny", et en particulier de comprendre pourquoi tant de gens ont afflué à ses obsèques vers l'Eglise de la Madeleine le 9 décembre 2017. Car en France, la mort de Johnny Hallyday a effectivement pris des allures de séisme et de tragédie grecque.

L'humoriste Alex Vizorek analyse parfaitement la situation dans une de ses interventions : cette disparition "a ramené tout le monde à son propre questionnement", remarque-t-il. "Ceux qui l'aimaient se sont demandé s'ils ne l'aimaient pas un peu trop. Ceux qui ne l'aimaient pas se sont demandé pourquoi ils n'avaient pas aimé cet homme que l'autre moitié de la France aimait tant. Et aux indifférents il a fait réaliser qu'ils étaient capables de fredonner au moins vingt chansons de Johnny."

Johnny était-il un personnage de fiction ?

Mais qui était vraiment Johnny ? Etait-il le Elvis français ? C'est la première question que pose ce film dont les deux heures dix passent en un éclair. Elvis était la première idole du Taulier. Mais, explorant les racines musicales de son héros, Johnny a trouvé en chemin le blues et la soul dont il est aussi devenu un passeur éclairé en France. 

Surtout, Jean-Philippe Smet a aussi découvert ce faisant l'Amérique, le way of life américain, et une part du fantasme de grands espaces peuplés de cowboys de son enfance. Cet amour de l'Amérique, il l'a propagé comme un virus à toute une génération et au-delà, à travers sa vie et ses chansons – mais aussi via son fameux tour de chant organisé pour le public français à Las Vegas qu'a merveilleusement chanté Michel Delpech dans "Johnny à Vegas".

D'autres questions traversent ce documentaire, dont celle-ci : Johnny était-il un personnage de fiction ? Certes, il s'était créé un personnage avec lequel les Français pouvaient vivre des choses par procuration, comme le souligne la philosophe Adèle Van Reeth. Mais il était bien réel et accessible, respectueux de ses fans à qui il ne refusait jamais un autographe, estimant qu'il leur avait fallu beaucoup de courage pour le demander.

Sur scène, le Taulier ne trichait pas

En outre, il était tout sauf une fiction sur scène, où il donnait tout. Et c'est sans doute l'une des clés pour comprendre l'attachement des fans à Johnny. Ce qui frappe à la vue des nombreux extraits de concerts de ce documentaire c'est combien cette bête de scène était impliquée sur les planches et à quel point il vivait chaque chanson, terminant systématiquement le visage ruisselant. "Je ne truque pas, je le fais à fond, je ne m'économise pas", explique-t-il lui-même dans le film. "La scène, c'est là où je suis le plus sincère", confie-t-il aussi. 

Comme le souligne Miossec qui a souvent traîné ses amis sceptiques aux concerts du Taulier, "il n'y a que sur scène qu'on pouvait attraper la maladie Johnny. C'était un moment de messe incroyable." Et le lieu d'une mixité sociale rare où se cotoyaient dans une même ferveur le patron et l'ouvrier, et toutes les générations, de la grand-mère au petit-fils. Un "ciment" national salué par Dominique A dans les Inrocks au lendemain de sa mort. 

Le documentaire nous apprend que Johnny, qui était en tournée en Afrique durant les évènements de mai 68, était aussi "un héros de la francophonie" apprécié hors de nos frontières "pour sa voix R'n'B". Si son répertoire compte peu de chansons engagées, l'une des dernières,  "Dans la peau de Mike Brown" (2015), dénonçait les brutalités policières contre les afro-américains. Et il avait été chanter en prison comme Elvis dès 1974... en Suisse, car la France avait refusé.

Rythmé par de nombreuses images d'archives, de concerts et d'interviews de personnalités (Dominique A, Kent, Miossec, Olivia Ruiz, Stomy Bugsy, Jean-Pierre Raffarin, Yves Bigot, Serge Loupien...), ce documentaire enchantera les admirateurs de Johnny et réconciliera ses détracteurs avec ce monument en compagnie duquel nous avons tous grandi ou vieilli, même à l'insu de notre plein gré.

"Johnny Made in France", documentaire de Didier Varrod et Nicolas Maupied. (2h10 inédit). Vendredi 9 novembre à 21h sur France 3. Visible en Replay jusqu'au jeudi 15 novembre sous ce lien.

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