The Divine Comedy sort un album pop aux allures rétro-futuristes
Le Britannique Neil Hannon, alias The Divine Comedy, est de retour ce vendredi 7 juin 2019 avec un douzième album très synthétique intitulé "Office Politics", son premier double album en trente ans de carrière.
Ses influences vont de Jacques Brel à Kate Bush : "Ma musique et moi venons d'une autre époque. Quitte à être démodé, je vis encore à cette autre époque". Neil Hannon, alias The Divine Comedy, transporte sa pop symphonique à l'ère synthétique sur Office Politics. Le 12e album du Nord-Irlandais sort ce vendredi. Et s'il avait déjà posé ses doigts sur des synthés au début de sa carrière, jamais il n'avait été aussi loin sur ce terrain new wave pour colorer tout un disque.
Un double album qui a évolué avec le temps
Comme un virage en précède toujours un autre, The Divine Comedy s'offre même le luxe de réaliser son premier double album, à une époque où menace l'obsolescence programmée des chansons.
"Depuis mes débuts, j'ai toujours gardé cette idée en tête de faire un jour un double album, un objet long, étrange. C'est de la nostalgie pure. Cette idée est vraiment démodée, mais moi-même je me sens démodé", dit Neil Hannon en riant.
En faisant comme il dit "ces chansons avec des synthés dedans", le démiurge de The Divine Comedy, digne représentant depuis bientôt trente ans d'une pop orchestrale, raffinée et romantique, a chamboulé son propre règlement intérieur. De ses premiers enregistrements, seul, en 2017, en passant par le festival Electric Picnic, jusqu'à atterrir dans un studio londonien, il aura fallu presque trois ans au Nord-Irlandais pour livrer cette nouvelle création.
"J'ai voulu expérimenter bien que plus que d'habitude, mais je ne trouve pas pour autant que le résultat soit... expérimental. Pas plus qu'un album de synthétiseurs, même si j'ai toujours clamé mon amour pour eux. Il se trouve que cette fois, ils ont été des couleurs très utiles dans ma palette", objecte Neil Hannon. Son premier 45 tours, c'est Vienna d'Ultra Vox. Puis viennent ceux de Peter Gabriel, Kate Bush, et l'arrivée de la pop indépendante. Tout cela façonne son univers. "Mon album préféré de tous les temps est Dare de Human League. C'est un chef d'oeuvre du début à la fin", nous apprend-il.
"Chanson anti-Kraftwerk"
The Divine Comedy s'impose comme le digne héritier de musiciens majeurs allant de Scott Walker à Kurt Weill en passant par Dusty Springfield. Sa musique puise dans le passé avec la pop synthétique du début des années 80, mais son observation du monde actuel s'écrit bien au présent. Avec toujours cet humour ironique qui le caractérise et une réelle acuité bien qu'il concède "n'avoir jamais travaillé dans un bureau".
Dans Office Politics, Neil Hannon raconte notre société qui se déshumanise, l'arrogance et le cynisme ambiants, le tout-compétition, les machines dont nos vies dépendent. "Dans certaines chansons, j'exprime un profond désarroi quant à notre condition humaine. En découle ce paradoxe pour l'artiste que je suis: vouloir parler de choses sérieuses, tout en voulant en même temps divertir les gens. C'est pour ça que j'adopte souvent un ton sarcastique", éclaire-t-il.
Le titre Psychological Evaluation, qui détaille un test mené par une machine sur un employé, illustre l'absurdité de la situation. "C'est un peu mon morceau anti-Kraftwerk, un groupe que j'aime par ailleurs. Car eux ont toujours été très sérieux là-dessus, ils voulaient que tout cela se produise un jour et on y est. Jean-Michel Jarre va plus loin lui, il cherche à utiliser l'intelligence artificielle pour créer de la musique", souligne-t-il en grimaçant sa réprobation.
Sur When the working days are done, qui clôt l'ensemble sur un air symphonique, Neil Hannon donne le dernier mot aux travailleurs, non sans amertume. "Leur colère a entraîné le Brexit. C'est un acte d'automutilation."
Office Politics, de The Divine Comedy (Divine Comedy Records), sorti le 7 juin 2019, est à l'écoute ci-dessous sur Deezer.
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