"The last shooting" : les dernières photos de Kurt Cobain exposées à Paris
Prises un soir de février 1994, la vingtaine de photos exposées pour la première fois en grand tirage dans leur intégralité jusqu'au 21 juin à l'Addict Galerie (3e arrondissement de Paris) montrent un Kurt Cobain en pull troué et jean trop grand, fatigué et grinçant mais souvent joueur face à l'objectif. Que le chanteur soit seul ou accompagné des autres membres de Nirvana, qu'ils soient en couleur ou en noir et blanc, c'est un accessoire qui frappe sur ces clichés: un 22 Long Rifle que Kurt Cobain brandit dans une mise en scène macabrement prémonitoire.
Deux mois après les prises de vue, le 5 avril 1994, le chanteur de 27 ans mettait fin à ses jours d'une balle dans la tête dans sa maison de Seattle. Youri Lenquette, alors reporter au magazine musical Best, avait rencontré Nirvana lors de leur toute première date en France fin 1991 aux Trans Musicales de Rennes.
Après les avoir accompagnés sur une tournée australienne, il avait tissé des liens d'amitié avec Kurt Cobain, malgré la réticence du chanteur à poser pour les photographes. "Quand il était à Paris, il passait souvent par mon studio. Il y restait une partie de l'après-midi, à moitié prostré sur le canapé, à jouer de la guitare ou à inspecter ma collection de disques. C'était devenu une habitude.
"Poser avec une arme à feu reste un grand classique de la photo rock"
Un jour, il me dit qu'il aimerait faire une séance. Évidemment, je n'y ai pas cru", se souvient Youri Lenquette dans le dossier de présentation de l'exposition. Mais Kurt Cobain vient effectivement dans la soirée et "insiste" pour être pris en photo avec son 22 Long Rifle, "initiant toutes les poses, sur la tempe, dans la bouche, pointé vers l'objectif", raconte le photographe. Pourtant, Youri Lenquette assure n'avoir "jamais cru à la thèse d'un message qu'il aurait voulu faire passer". "Poser avec une arme à feu reste un grand classique de la photo rock après tout...", dit-il.
Après le suicide de Kurt Cobain, Youri Lenquette a demandé à son agence de ne pas mettre en vente les photos les plus dérangeantes et refusé certaines propositions "financièrement très tentantes" de journaux. Cette dernière séance a aussi marqué un tournant dans la carrière du photographe. "Après la mort de Kurt, je me suis détourné du rock pour m'intéresser à autre chose. Comme si toute la mythologie autour de cette musique avait soudain perdu de son attrait avec sa disparition", confie-t-il.
"The last shooting"
Addict Galerie
14-16 rue de Thorigny Paris 3e
Jusqu'au 21 juin
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