Cet article date de plus de trois ans.

"Toy", l'album jamais publié de David Bowie, sort enfin du placard

Enregistré en 2000 et laissé de côté par le label Virgin, cet album "perdu" de David Bowie sort finalement ce vendredi dans sa version originale, au sein d'un coffret plantureux. Il paraîtra ensuite début janvier dans une édition augmentée.

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
David Bowie sur scène au festival anglais de Glastonbury, le 25 juin 2000. (MIRRORPIX / GETTY)

C’est un album de David Bowie jamais sorti dont on entend parler depuis vingt ans. Enregistré à New York en 2000, co-produit par Mark Plati et Tony Visconti, mis en boîte et bouclé, pochette comprise, ce disque baptisé Toy, qui devait succéder à Hours… n’a finalement pas vu le jour, sa maison de disques d’alors, EMI/Virgin réclamant quelque chose de plus commercial.

Après avoir fuité en 2011 dans une version de mauvaise qualité, cet album "fantôme" est finalement tiré des oubliettes par Warner Music avec l’aval de ses héritiers, qui ont prévu une parution en deux temps.

Toy sort d'abord vendredi 26 novembre 2021 dans sa version originale, au sein d’un coffret plantureux, David Bowie 5: Brilliant Adventure (1992–2001), qui contient d'autres enregistrements, dont un live à la BBC en 2000. Puis le 7 janvier, veille de son anniversaire, il paraîtra dans une édition augmentée baptisée Toy Box avec des versions alternatives et acoustiques.

Un premier titre, You’ve Got A Habit of Leaving, avait été dévoilé fin septembre.

Pour "Toy", Bowie revisitait ses morceaux obscurs des sixties

Rembobinons l’histoire. Pour la tournée 1999/2000, David Bowie décide d’inclure dans la setlist Cant’ Help Thinking About Me, un morceau qu’il a sorti au mitan des années 60, bien avant d’exploser avec Space Oddity en 1969. Réarrangé, ce single vieux de 30 ans passe très bien sur scène, et même mieux qu’espéré.

L’homme aux mille visages a alors l’idée d’enregistrer avec son groupe de scène, celui qui l'accompagnait lors du fameux concert de Glastonbury (Angleterre) en 2000, un album entier sur lequel il proposerait de nouvelles versions de ses plus anciens morceaux souvent méconnus tels que Liza Jane (son premier single en tant que Davie Jones enregistré avec son groupe The King Bees), You’ve Got a Habit of Leaving (son troisième single enregistré avec son groupe The Lower Third), I Did Everything (sorti en single en 1966), Silly Boy Blue ou The London Boys.

Enregistré en studio mais à l'ancienne, en mode live

Dès la tournée achevée, et alors que le groupe est de ce fait encore chaud bouillant et dans une sorte d’osmose, il réserve un studio à New York. Là, avec une équipe cinq étoiles constituée notamment de Earl Slick à la guitare, Gail Ann Dorsey à la basse, Lisa Germano au violon et Mike Garson au piano, ils vont enregistrer de façon la plus spontanée possible, en mode live, une quinzaine de morceaux durant deux semaines.

David Bowie était visiblement ravi de se pencher sur son répertoire passé, connu seulement d'une petite poignée d'inconditionnels et de donner une seconde vie et une seconde chance à ses compositions des sixties. "Les chansons sont si vivantes et pleines de couleurs qu’elles sautent des enceintes", décrivait-il en 2001. "C’est vraiment difficile de croire qu’elles ont été écrites il y a si longtemps".

Le guitariste Earl Slick n'est pas aussi définitif. "Je ne connaissais aucune de ces chansons (en entrant en studio NDLR), donc pour moi c'était du neuf", raconte-t-il dans une interview récente. "Mais après avoir commencé à les jouer, on pouvait se rendre compte, rien qu'au style d'écriture, qu'il s'agissait de ses premières chansons."

Voici l'étrange pochette de l'album "Toy" de David Bowie sur laquelle on voit la tête du musicien, adulte, figurant celle d'un bébé. (WARNER MUSIC)

Certaines chansons de "Toy" sont déjà sorties en ordre dispersé

Virgin ne partagera pas l'enthousiasme de Bowie et décidera de laisser l’album prendre la poussière. Ce différend conduira à son départ de Virgin, le musicien fondant son propre label ISO (distribué par Columbia) dans la foulée pour sortir son album suivant, Heathen, qui contient d’ailleurs deux titres ré-arrangés de Toy, Afraid et Uncle Floyd (renommé Slip Away).

Trois autres chansons de Toy, Let Me Sleep Beside You, Your Turn To Drive et Shadow Man figuraient quant à eux sur la compilation Nothing Have Changed en 2014.

Si Toy est loin d'être déshonorant, il n'est pas non plus indispensable, avouons-le. On lui préfèrera toujours, et de loin, son ultime album Blackstar, paru deux jours avant sa mort survenue le 10 janvier 2016.  Toy vaut surtout pour les admirateurs transis en manque de Bowie. Et pour sa voix, changée par l'âge et des années de tabagisme : il chante sur cet album comme "Scott Walker, qu'il adorait, et va vers une voix de baryton", remarque Jérôme Soligny, auteur de l'ouvrage de référence David Bowie Rainbowman.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.