Vieilles Charrues 2018 : une tempête nommée Lysistrata
Ils sont venus, ont tout cassé, sont repartis. Les trois jeunes rockeurs de Lysistrata ont enflammé la nuit du 20 juillet, avec leur musique post-rock, post-moderne, "post-un-peu-tout" en fait, pour reprendre leur formule. Inspirés par le math rock, le rock progressif et d'autres styles musicaux des années 90, Ben, Max et Théo apparaissent comme des ombres chinoises possédées à travers un écran de fumée.
Au bord du gouffre
Plus qu'à Aristophane (dont la pièce comique "Lysistrate" a inspiré le nom du groupe), c'est à Homère et aux ouragans apocalyptiques endurés par Ulysse que fait penser le trio. Au milieu d'une mode musicale dominée par la pop et le hip-hop, les Charentais apportent sur scène un furieux vent de fraîcheur.Loin des paillettes, leur chant brutal et leurs mélodies épaisses parlent du mal-être, de l'anxiété et de la dépression. Un cocktail adolescent et régressif servi avec une maturité musicale étonnante. Après une tournée qui les a emmenés jusqu'en Chine, la mécanique est désormais bien huilée, le show rodé et le succès au rendez-vous. En vrais rockeurs toutefois, ils préservent ce sentiment d'urgence et de spontanéité qui est devenu leur marque de fabrique.
Comme les tourmentes homériques, le concert alterne les moments d'énergie brute qui balaient tout et les temps de reflux. La chanson finale "The Boy Who Stood Above The Earth" est un chef d'œuvre en la matière. Les paroles évoquent, une fois n'est pas coutume, le mal-être adolescent et le suicide. La déferlante s'achève en apothéose pour un groupe que les vents marins n'ont pas fini de porter loin, bien loin des ports abrités où règne la pop fade.
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