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"Shtar Academy" : un album de rap enregistré en prison

L'album du projet "Shtar Academy" est sorti, il s'agit d'un disque de rap enregistré entièrement en prison, une première. Les trois détenus Malik, Mirak et Badri ont été selectionné à la maison d'arrêt de Luynes-Aix-en Provence par une association.
Article rédigé par franceinfo
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"Leur CD sortira avant eux ! " L'argument de vente, assez inhabituel, est celui d'un album de rap sorti lundi, et enregistré derrière les barreaux. Shtar Academy - jeu de mot sur le nom de l'émission de téléréalité musicale et sur "shtar" qui signifie prison en argot - a été enregistré par trois détenus Malik, Mirak et Badri, incarcérés pour trois, quatre et sept ans.

Le projet a été lancé par Mouloud Mansouri, ex-détenu fan de rap, avec son association Fujo basée à Toulon. "Ca m'a sauvé la vie, pendant des années d'incarcération je m'accrochais à ça, à ma musique ", explique-t-il. Le rap l'a fait tenir pendant ses dix années de prison, il s'est donc dit que c'était valable pour les autres et a lancé un atelier en prison.

Trois détenus sélectionnés sur 200

Sur 200 détenus "candidats" à la maison d'arrêt de Luynes-Aix-en Provence, seuls trois ont été selectionnés pour écrire les morceaux de l'album, avec une trentaine d'artistes reconnus de la scène hip-hop française (La Fouine, Soprano, Orelsan, Disiz, etc.) Les détenus y racontent la "gardav", le quotidien en prison, l'ennui, le parloir...

Mirak est un des trois détenus-auteurs, il est arrivé dans l'aventure après deux ans de prison. Le plus dur pour lui ? Ecrire sur la prison quand on est soit même en cellule : "il a fallu faire un travail là-dessus " explique-t-il à France Info. Sorti de prison il y a deux mois, il est heureux d'avoir eu directement ce projet à faire :

"Ca m'a occupé tout de suite, je n'ai pas eu le temps de penser à d'autres choses, on vit le moment présent" (Mirak)

L'album a été enregistré entièrement au sein de la prison, en se pliant aux règles de l'administration pénitentiaire qui a relu tous les textes. Faute de permission, les trois rappeurs ont ainsi dû être remplacés par des acteurs pour le tournage du clip de "Wesh les taulards" :

La suite logique serait la scène. Un concert a déjà eu lieu en juin dernier et plusieurs propositions de festival sont déjà arrivées. Seul problème : l'un des trois auteurs est encore en prison.

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