Slowdive : guitares saturées et basses puissantes, le groupe mythique des années 1990 rallume le son
Des vétérans au meilleur de leur forme. Ainsi pourrait-on décrire les cinq membres de Slowdive, Neil Halstead, Rachel Goswell, Nick Chaplin, Christian Savill et Simon Scott. Certes, il y a bien quelques rides… Mais ce sont bien les mêmes depuis la création du groupe dans les années 1990 près de Reading, en Angleterre.
En quelques EP et deux albums, Slowdive était devenu l’un des hérauts du mouvement "shoegaze", dans le sillage de My Bloody Valentine ou Ride. Musique atmosphérique, guitares saturées, chœurs éthérés, basse puissante : Slowdive a progressivement fait l’objet d’un culte de la part d’une solide communauté de fidèles.
Un retour après une pause de... 20 ans
Puis vient en 1995 le troisième album, Pygmalion. Très expérimental, il leur sera fatal : la maison de disques les abandonne. Le groupe se sépare. Suit une longue absence de vingt ans, pendant laquelle la musique de Slowdive continue à être écoutée, influençant de nouveaux groupes et touchant un public de plus en plus large. Jusqu’à la résurrection de 2017, avec l’album baptisé Slowdive. Synthèse du son historique et d’influences actuelles, l’album marque un come-back surprenant et réussi. Une nouvelle génération de fans découvre la musique du groupe et Slowdive repart sur les routes et en studio.
Le cinquième album, Everything is Alive, est sorti en septembre 2023. Avant la date parisienne à la Cigale, nous avons rencontré Nick Chaplin, bassiste du groupe. Un quinqua vif, direct et souriant, heureux de parler musique.
Franceinfo Culture : Six ans depuis votre dernier album... vous avez pris votre temps ?
Nick Chaplin : Oui, c’est un peu notre marque de fabrique ! Nous avions prévu de retourner en studio début 2020. Puis le Covid est arrivé. Ça a tout décalé. Heureusement, nous n’avions pas de tournée planifiée. Certains groupes en ont profité pour écrire encore plus pendant les périodes de confinement. Pas nous. On n’a sans doute pas utilisé ce temps comme on aurait dû (rires). Finalement, chacun d’entre nous a été marqué de différentes façons. Mais nous nous sommes retrouvés avec un état d’esprit renouvelé.
Votre dernier album sonne beaucoup plus électronique.
Oui ! Neil [Halstead, guitare et chant] a toujours été intéressé par la musique électronique. Mais depuis cinq ans, c’est de plus en plus marqué. Il voulait inclure plus d’expérimentations électroniques dans le groupe et nous étions tous assez ouverts là-dessus. Il a amené des chansons et nous avons travaillé tous ensemble dessus. Et comme on ne se refait pas, cela a progressivement sonné plus comme du Slowdive, avec plus de basse, guitare et batterie. Si on veut résumer, Neil tirait vers l’électro, moi dans un sens opposé. Mais on aime tous le résultat. Surtout, on peut le jouer sur scène, en ajoutant des claviers. C’est important, car nous ne sommes pas un groupe de musique électronique. Nous sommes très "organiques" dans notre façon de jouer : notre son dépend beaucoup de notre humeur et les concerts ne se ressemblent pas. Ça fait partie de notre charme (rires) !
Est-ce que votre public a changé ?
Tout à fait. On l’a vraiment noté aux États-Unis. Le public arrivait très tôt aux concerts. On a vu des ados attendre des heures. Parfois, ils venaient avec leurs parents. C’est nouveau et c’est cool. Un groupe qui ne touche pas de nouveaux publics s’étiole. Là, on sent l’excitation. Pour la première fois, quand on joue When the Sun Hits, qui est un peu notre tube sur TikTok, on entend le public chanter et crier. C’est fou pour un groupe comme le nôtre.
Le concert à la Cigale est votre seule date officielle en France. Les billets ont été vendus en quelques heures. Cela vous a surpris ?
C’est super, mais pour dire vrai, nous sommes frustrés. Il y a eu beaucoup de problèmes pour organiser cette tournée européenne, pour trouver des dates et des salles adéquates. On doit faire l’impasse sur Bruxelles ou le sud de l’Europe… Je pense qu’on aurait pu jouer plusieurs dates à Paris. Nous sommes désolés et je presente nos excuses à notre public. Nous allons devoir revenir !
Slowdive en concert à la Cigale, Paris, ce mercredi 17 janvier (complet). Au Transbordeur à Villeurbanne le dimanche 4 février 2024. Album "Everything is Alive" (Dead Oceans).
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