Erykah Badu face aux critiques pour avoir chanté pour un tyran
Selon la Fondation pour les Droits de l'Homme (HRF), organisation basée aux Etats-Unis, qui a alerté le Washington Post, la représentation d'Erykah Badu jeudi dernier à fête d'anniversaire du roi Mswatti III, devant plusieurs milliers de personnes, était en contradiction avec l'engagement connu de la chanteuse en faveur des droits de l'Homme.
Le monarque du Zwaziland, petit pays d'Afrique australe, est en effet considéré comme un tyran. Son régime est pointé du doigt notamment pour l'utilisation de la torture et les arrestations arbitraires pour intimider la population. Toute critique du roi est illégale et deux journalistes du pays sont en prison pour avoir critiqué la non indépendance de la justice du Zwaziland. Le roi jouit d'une fortune personnelle estimée à 100 millions de dollars tandis que la population de son pays est une des plus pauvres du monde.
"Je ne savais rien du climat politique", a réagi la chanteuse sur son compte twitter @fatbellybella, suivi par plus d'un million de personnes. Dans le Dallas Morning News, Erykah Badu a admis qu'elle ne se tenait pas tellement au courant et a insisté sur le fait que sa visite en tant qu'artiste et non pas en tant qu'activiste n'était en rien une manifestation de soutien à la politique du roi.
Dans le même journal, elle a expliqué pourquoi elle avait joué pour Mswati III : il s'agissait d'une faveur faite à son ami le joailler américain Jacob Arabo, organisateur de la fête. Selon le quotidien d'Etat Swazi Observer, le joaillier avait amené la chanteuse comme cadeau d'anniversaire au roi. Le quotidien précise que la chanteuse a donné au roi un billet de 100 dollars comme cadeau ainsi qu' "une pierre spéciale qui, a-t-elle dit, lui élèverait l'âme quand il se sentirait déprimé".
"Je n'ai pas été payée du tout, j'étais une invitée surprise. Je leur ai donné moi-même de l'argent.", a-t-elle ajouté pour sa défense.
Refus de s'excuser
Alors que le groupe de défense des droits de l'Homme HRF avait demandé une explication à la chanteuse pour sa venue au Swaziland, Erykah Badu a refusé de s'excuser.
"Je n'appartiens à rien ni à personne", a-t-elle martelé dans le Dallas Morning News. "C'est injuste de dire que ma performance était un soutien (au roi). Il n'y a pas un endroit au monde où je ne me rendrais pas. Je prendrais toujours l'opportunité, si je suis invitée, d'aller à la rencontre des gens où qu'ils soient."
Et de préciser sur Twitter, "Oui, je jouerai pour les gens de Corée du Nord. Le peuple n'est pas le gouvernement". Et, dans un autre tweet : "Tout le monde souriait quand j'ai chanté. Je souriais. Nous avons tous passé un bon moment".
Yes. All the people were smiling when I sang. i was smiling . We ALL felt good in that moment. @fernwehmm @LovelyEbb @AaronMarshMusic
— ErykahBadoula (@fatbellybella) 30 Avril 2014
Et de clouer crânement le bec à un interlocuteur se disant directement "opprimé" par le régime du roi : "vous êtes cependant sur twitter, à m'opprimer."
U on twitter tho, oppressing me. “@sipho_dube: @fatbellybella I'm a Swazi and directly affected by mswati's oppression”
— ErykahBadoula (@fatbellybella) 30 Avril 2014
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