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Jazz à Vienne : avec Nile Rodgers, le Freak c'est toujours Chic !

Nile Rodgers, une nouvelle fois de retour, a donné à Jazz à Vienne une soirée Funk inoubliable. Accompagné de son mythique groupe "Chic", l'élégant sexagénaire producteur des plus grands noms depuis les années 70 (Bowie, Jagger, Madonna ou Daft Punk) a de nouveau exploré ses contrées favorites, aux confins du funk et de la disco. Et bien sûr le climax a été atteint avec l'hymne dance "Le Freak" .
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Temps de lecture : 4 min
Nile Rodgers avec Chic le 2 juillet 2016 à Vienne
 (Jean-François Lixon)

Nile Rodgers maître de cérémonie de Chic

Dreadlocks, lunettes noires et costume blanc, c'est bien Nile Rodgers, survivant flamboyant de la vague funk et du cancer, qui est apparu sur la scène du théâtre antique de Vienne. A ses côtés, ou autour de lui, Jerry Barnes, Rich Hilton, Russell Graham, James “Biscuit” Rouse, les musiciens qui forment aujourd'hui Chic, l'inoubliable groupe créateur du disco-funkissime "Le Freak", hit mondial et véritable hymne planétaire de la dance depuis 1978. Une distribution qui ne serait pas complète sans les deux somptueuses choristes et chanteuses qui entourent Rodgers, Folami Thompson et Kim Davis.


Soucis techniques

Après une série de problèmes techniques qui ont retardé le début du concert mais permis à Nile Rodgers de faire connaissance avec son public, le musicien et producteur newyorkais a proposé une exploration chronologique de sa production musicale, avec Chic bien sûr, mais aussi avec les différents artistes prestigieux pour qui il a travaillé au fil des décennies, en tant que producteur ou compositeur.

Chic au théâtre antique de Vienne le 2 juillet 2016
 (Jean-François Lixon)


Madonna, Bowie, Daft Punk...

Cette évocation a commencé assez rapidement avec l'interprétation par Kim Davis, de plusieurs hits de Diana Ross composés par Rodgers, dont "Upside down". Au fil de la soirée, le public a ensuite pu écouter "We are family" composée par Nile Rodgers avec son complice aujourd'hui disparu Bernard Edwards pour Sister Sledge, mais aussi "Like a Virgin", l'un des premiers succès de Madonna, le très sombre "Let's dance" qui a ressuscité pour quelques minutes l'immense David Bowie, et bien sûr "Get Lucky", ce hit universel issu de la collaboration entre Rodgers et les Français de Daft Punk. Interprété à la manière de Chic !


Une collaboration inattendue

Au chapître des collaborations avec des artistes français, Nile Rodgers s'est arrêté assez longuement sur "Spacer", une chanson qu'il avait composée pour le groupe B. Devotion et sa chanteuse leader, une certaine Sheila. Coupant court aux sourires quelque peu condescendants de certains, il  a raconté l'histoire de cette rencontre artistique et de l'amitié qui est né de cette collaboration. Rodgers confie qu'il est à l'origine de l'émancipation de Sheila qui, jusqu'à Spacer, était sous la coupe d'un producteur dont elle pu se libérer grâce à lui, Nile Rodgers. Le New-Yorkais confirme alors son amitié pour l'ancienne "Petite fille de Français moyen" : "Je l'aime beaucoup et on se donne souvent des nouvelles" ajoute-t-il.

Nile Rodgers et Jerry Barnes
 (Jean-François Lixon)

"I am cancer free"

Au moment d'interpréter "Get Lucky", Nile Rodgers a commencé par dire au public sa joie d'être là. Il ne l'a pas fait avec cette feinte sincérité que bien des artistes utilisent souvent, soir après soir. Non, il l'a fait en ajoutant son histoire. "Il y a cinq ans", confie-t-il à un public viennois soudain très silencieux, "j'étais malade, j'avais un grave cancer et les médecins m'ont conseillé de mettre mes affaires en ordre. J'ai pensé à ce qu'ils m'ont dit, j'ai d'abord beaucoup pleuré puis je me suis dit : mettre ses affaires en ordre, pour un musicien, c'est composer une chanson. Alors j'ai composé une chanson et ça a donné Get Lucky ". puis ouvrant ses bras comme embrasser d'un seul geste le public et les musiciens, Nile Rodgers a lancé dans un cri plein de bonheur "I am cancer free ! " (Je suis libéré du cancer). 

Folami Thompson
 (Jean-François Lixon)

Good Times

La soirée s'est refermée tard dans la nuit avec les deux plus grands succès de Chic, d'abord "Le Freak" puis la chanson que Rodgers affirme être sa préférée de tout le répertoire du groupe "Good Times". Le chanteur new-yorkais et ses musiciens ont fait durer le plaisir plusieurs dizaines de minutes, appelant sur scène une partie du public pour que tout le monde danse ensemble. Une initiative particulièrement chaleureuse en ces temps de paranoïa sécuritaire.
A l'issue de cet échange très bon enfant avec des spectateurs de tous les âges, Nile Rodgers a mis un très long temps à quitter la scène. Il semblait ne plus vouloir s'en aller, multipliant les gestes vers les premiers rangs, serrant des mains, distribuant ses médiators. Certains ont même cru apercevoir des yeux humides derrière les lunettes de soleil.
Nile Rodgers offre ses médiators aux spectateurs des premiers rangs
 (Jean-François Lixon)

Rendre heureux


Une fois encore, Jazz à Vienne a prouvé que le Funk, la Soul, la Disco restent bien vivants. Comme les années précédentes avec les Commodores, Maceo Parker ou Kool and the Gang, Chic et son fabuleux maître de cérémonie Nile Rodgers ont apporté la preuve que quand la musique est bonne et que les sentiments sont vrais, le temps peut passer, il ne change rien. Plus qu'un simple concert, il n'est pas exagéré d'affirmer que les artistes et le public ont véritablement communié à Vienne autour d'un homme et d'une musique qui, au départ, visaient simplement à rendre heureux à travers la danse.


 

Le public viennois autour de Nile Rodgers et de Chic le 2 juillet 2016
 (Jean-François Lixon)




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