Jazz à Vienne : l'immense Randy Weston partage son héritage musical africain
C'est un colosse du piano. Non seulement pour la place qu'il occupe depuis des décennies parmi les musiciens, mais aussi par sa stature. Randy Weston, né à Brooklyn il y a 90 ans, arrive doucement sur scène, et du haut de ses presque deux mètres, il passe un regard circulaire sur le public avant de s'asseoir au piano. Les quatre musiciens qui l'accompagnent, Alex Blake à la basse, Neil Clarke aux percussions africaines, TK Blue au saxophone alto et Billy Harper au saxophone ténor, sont déjà en place.
Dire qu'ils ont tous depuis longtemps dépassé l'âge canonique n'est pas un manque de respect. Le plus jeune affiche 63 ans. Il ne faut pourtant pas se fier à leurs dates de naissance, l'énergie que chacun déploie à son instrument est blufflante. Si Weston est avare de grands gestes, son âge et sa corpulence ne l'y aident guère, la précision de son doigté et sa dextérité n'ont quant à eux rien perdu au fil des années.
Les origines africaines
Toujours, Randy Weston est allé chercher du côté de l'Afrique les origines de la musique noire américaine. Il connait les griots, il est ami avec les plus grands musiciens traditionnels. Il en avait d'ailleurs invité trois à partager la fin du spectacle donné à Vienne. Il y avait donc à Vienne Ablaye Sissoko, le maître sénégalais du kora, un très bel instrument à cordes qui se tient verticalement sur les genoux du musicien qui joue assis. A ses côtés, le Cairote Mohamed Abozekry, maître de l'oud, et juste derrière eux le Malien Cheick Tidiane Seck, l'homme qui transforme les synthétiseurs en instruments au son traditionnel.Un hommage au maître de cérémonie
Ces invités exceptionnels, chacun vêtu à la manière de son pays, ces instruments magnifiques, vous ne les verrez pas dans cet article. Les photographes n'ont eu droit de fixer que les trois premiers morceaux, les invités africains ont joué sur les trois derniers. Dommage. Car le spectacle de ces virtuoses venus de tant de pays et de cultures différents composait déjà en soi un hommage au maître de cérémonie.
En quittant le théâtre antique de Vienne dans la nuit fraîche de ce déjà 5 juillet, les amateurs de jazz pouvaient se dire en repensant à la vigueur musicale déployée lors du spectacle de Randy Weston et de ses musiciens qu'il est possible d'être âgé sans être vieux. Une belle leçon.
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