Jazz à Vienne : la psychédélique Esperanza Spalding et le peps d'Ibeyi
C'est la troisième fois que Esperanza Spalding joue à Vienne, avec un nouveau projet autour de la poésie, du jazz et du théâtre. Aux Etats-Unis, cette musicienne de jazz est considérée comme la plus audacieuse du moment. Et l'on comprend vite pourquoi. Déjà, l'artiste prend son temps pour rentrer sur scène. Le public s'impatiente sous la chaleur écrasante. Puis quand la liane psychedélique aux grosses lunettes d'intello débarque enfin, affublée d'une longue robe et d'une couronne de fils électriques vissée sur sa tête, le public est vite mis au parfum.
Emily's D + Evolution : Un show conceptuel, mélange de poésie, de guitare électrique et de théâtre
Sur scène, l'expressive Esperanza Spalding présente son dernier projet "Emily D+ Evolution", sorti en Mars dernier. Avec ce 5e opus mélant art-rock, guitares fuzz et théâtre, l'artiste a opéré un virage à 360 degrés. La bassiste vocaliste de 31 ans a choisi de tourner le dos à l'élégant jazz funk latin qui a fait sa renommée. Elle a été récompensée par 4 Grammy Awards, dont celui de la meilleur nouvelle artiste 2011.Accompagnée de choeurs vêtus de jaune acidulé, Esperanza Spalding s'amuse. Le public découvre alors cet ovni musical, dont l'univers s'apparente à celui de Bjork et Frank Zappa. Si l'artiste donne autant à voir qu'à entendre, pas simple pour bon nombre de spectateurs de rentrer dans son monde. Elle en laisse certains de marbre, tandis que d'autres ont le sourire aux lèvres. Mais quand la virtuose ose un solo à la basse électrique et monte dans les aigüs avec sa splendide voix, elle fait l'unanimité : nul doute que c'est une grande artiste. Elle a d'ailleurs été la plus jeune prof embauchée à Berklee, la prestigieuse école de musique de Boston.
Ibeyi émues pour leur premiers pas à Vienne
Elles étaient aussi attendues que Yaël Naïm sur la scène de Jazz à Vienne. Surtout par le jeune public. Ce sont les Ibeyi. Il est 21h 30, un vent de fraicheur souffle sur l'amphithéâtre quand les deux soeurs font leur entrée en salopette rouge. C'est leur toute première fois à Vienne. Elles sont très émues.Pendant une heure, c'est avec beaucoup de peps que Naomi et Lisa vont alterner jazz, soul, musique électro, rap et yuruba. Ce mélange de style leur convient à ravir et a tapé dans l'oeil du label anglais "XL Recording" (celui d'Adele et de Radiohead). Une chance pour les jumelles qui n'aiment pas les étiquettes comme en mettent trop souvent les producteurs français.
Un duo géméllaire multiculturel et complémentaire
Les franco-cubaines revendiquent leur multiculturalité haut et fort. Françaises par leur mère, Cubaines par leur père, Anga Diaz - le percussioniste emblématique de Buena Vista Social Club - elles ont aussi des racines vénézuéliennes, et même tunisiennes. Ce cocktail explosif leur apporte une sacrée ouverture au monde et se reflète naturellement dans leur musique "melting pot".Rencontre avec ces jeunes artistes prometteuses qui nous parlent de la culture Yuruba
Aussi différentes dans la vie que sur scène, les jumelles se complètent à merveille. De leur voix encore juvéniles, elles offrent un spectacle coloré, rythmé et emprunt de spiritualité. Leur enthousiasme énergique emballe le public. Dans les gradins, on tape dans les mains, on se trémousse, on se lève aussi pour applaudir après River, tiré de leur dernier album. Une soirée colorée, contrastée avec un répertoire varié. Une chanson dédiée à leur père, passé lui aussi par Jazz à Vienne, un titre en hommage aux esclaves africains débarqués à Cuba, sans oublier une spéciale dédidace pour les jumelles du monde entier !
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