La mort du "Funky Drummer" de James Brown, Clyde Stubblefield

Un innovateur très influent

On le sait, la galaxie James Brown est pléthorique : Fred Wesley (tromboniste), Maceo Parker et "Pee Wee" Ellis (saxophoniste), Bobby Byrd (chanteur), Bootsy Collins (bassiste), pour ne citer qu'eux, la liste est longue et les noms familiers. Mais comme souvent, l'histoire a moins retenu le nom des batteurs.

James Brown, qui était lui-même batteur, en utilisait pourtant souvent deux à la fois, en particulier sur scène, car la rythmique était essentielle à sa musique. La pulsation fut même au premier plan de la mutation de la soul en funk qu'inventa Mr Dynamite.

Las, qui a retenu le nom de Clyde Stubblefield, excepté dans les cercles restreints des batteurs et des beat-makers du hip hop ? Pourtant, le style avant-gardiste de Clyde Stubblefield, souvent en duo avec le plus carré John "Jab'o" Starks dans l'orchestre de James Brown, est partout. Il a marqué de son empreinte le funk, le R&B, le jazz rock, le rock et même le metal. Et surtout le hip hop.

"Funky Drummer", le motif de batterie le plus samplé de tous les temps ?

Le seul titre "Funky Drummer" (1970), à qui le musicien dut ensuite son surnom, a été samplé plus d'un millier de fois, selon le site whosampled.com. Le motif rythmique a été échantillonné entre autres dans "Fight The Power", "Bring The Noise" et "Rebel Without a Pause" de Public Enemy, "Mama Said Knock You Out" de LL Cool J, "Run's House" de Run DMC,  "Fuck The Police" de N.W.A, "Shadrach" des Beastie Boys, "Mathematics" de Mos Def ou "Lyrics of Fury" d'Eric B & Rakim.

Pourtant, Clyde Stubblefield n'a quasiment jamais été payé pour l'échantillonnage de ses rythmiques complexes et innovantes (les spécialistes louent notamment ses "rebonds", "rim shot" et autres "shuffles" et son usage des "notes fantômes"). Et il ne le réclamait pas.

Nombre de standards

Durant ses années passées au sein de l'orchestre de James Brown, de 1965 à 1970, ses prouesses ont propulsé des dizaines de morceaux, largement samplés eux aussi. Des standards tels que "Cold Sweat", "Say it Loud, I'm Black and I'm Proud", "I've Got A Feelin" et "Give it up or turn it loose".

Mort des suites de complications rénales, samedi 18 février à Madison (Wisconsin), à l'âge de 73 ans, Clyde Stubblefield avait enregistré après les années James Brown trois albums en solo ainsi qu'une série d'albums pédagogiques d'apprentissage de la batterie sous le nom de Funkmasters en compagnie de son ancien complice John "Jab'o" Starks.

Le batteur préféré de Prince

Sa mémoire a été saluée par de très nombreux musiciens sur les réseaux sociaux, de Queslove à Anderson .Paak, Jermaine Dupri, Living Colour ou Gilles Peterson (voir ci-dessous). S'il était encore de ce monde, Prince aurait sûrement été à la tête de ces hommages.

L'épouse de Clyde Stubblefield, Jody Hannon, avait en effet révélé au Billboard l'an passé que lorsque Prince avait été informé vers l'an 2000 que le musicien était atteint d'un cancer de la vessie et se retrouvait gravement endetté, il lui avait fait un chèque de 80.000 dollars pour l'aider à financer son traitement. "Clyde était son batteur préféré", avait-elle précisé. A l'heure qu'il est, ils doivent faire tous les deux un sacré raffut au paradis…

https://twitter.com/jermainedupri/status/833124945710477312

https://twitter.com/AndersonPaak/status/833094439497261057

https://twitter.com/LivingColour/status/833100112188542976

https://twitter.com/gillespeterson/status/833067979755634688