Prince, en concert à Baltimore, dédie une chanson à la ville
Un couvre-feu, levé il y a une semaine, avait été imposé pendant cinq jours pour ramener le calme. "Pas de couvre-feu": ce fut le refrain de Prince, des mots lâchés après chacun des rappels par les milliers de spectateurs qui avaient réussi à obtenir un billet. Le concert s'est tenu dans l'arène sportive et salle de concert Royal Farms Arena, à quelques kilomètres du lieu de l'épicentre des violences urbaines.
Pour la première fois Prince, 57 ans, a chanté sur scène "Baltimore", nouveau titre écrit en l'honneur de la ville, où il évoque Freddie Gray et un jeune Noir tué par la police en 2014 dans le Missouri, Michael Brown. "Verrons-nous d'autres jours sanglants? / On n'en peut plus de pleurer, de compter les morts / Confisquons les armes".
L'artiste a invité sur scène, brièvement, la jeune procureure de Baltimore, Marilyn Mosby, qui a inculpé six policiers impliqués dans la mort de Freddie Gray. Acclamée, elle n'a pas parlé, laissant ce soin à Prince. "Sans justice, il ne peut y avoir de paix", a chanté l'artiste.
Le concert s'est poursuivi pendant deux heures et demie, mélange de classiques dont Purple Rain, d'improvisations électriques et funk et d'un interlude semi-politique de quelques minutes, à la fin du spectacle. "Le système est cassé, nous avons besoin des jeunes pour le réparer", a dit le chanteur. "Nous avons besoin de nouvelles idées". "Je veux dormir dans un hôtel détenu par l'un de vous", a-t-il encore dit, appelant les habitants à prendre le contrôle de l'économie locale. Dans la salle, beaucoup avaient suivi sa consigne et étaient habillés de gris, en mémoire de Freddie Gray.
Prince s'engage
L'activisme politique est nouveau pour Prince, qui depuis ses succès planétaires des années 1980 s'est fait connaître pour sa musique et sa réputation d'excentrique -comme lorsqu'il a changé de nom pour un symbole imprononçable, en raison d'un conflit avec sa maison de disque, Warner, désormais résolu.
Il s'était fait remarquer en février aux Grammy Awards, en reprenant le mot d'ordre "les vies noires comptent", scandé dans les manifestations anti-police dans tous les Etats-Unis.
Une partie des revenus du concert seront donnés à des oeuvres caritatives, avait annoncé Prince.
La seule ombre au tableau n'est pas venue de la police mais des vigiles de la salle, particulièrement féroces pour appliquer l'interdiction absolue d'utilisation des téléphones portables.
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