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Stevie Wonder fête ses 70 ans... Retour en musique sur le parcours du merveilleux enchanteur

Icône soul et pop, maître du groove, l'ex-enfant prodige de la Motown est né le 13 mai 1950. Depuis près de soixante ans, ses chansons nous émerveillent, nous interpellent, nous font danser, nous émeuvent. Petit voyage musical non exhaustif.

Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
Stevie Wonder en répétition le 9 octobre 2004 à Washington (DAVID S. HOLLOWAY / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Stevland Hardaway Morris (né Judkins) a vu le jour le 13 mai 1950 à Saginaw, dans le Michigan. Aveugle depuis sa petite enfance, enfant prodige en musique, il rejoint le label Tamla Motown de Berry Gordy dès l'âge de 11 ans. Du fait de sa précocité, on lui attribue un nom de scène, "Little Stevie Wonder" qu'on pourrait traduire par "petite merveille de Stevie". Il enregistre à 12 ans son premier album, The Jazz Soul of Little Stevie et dévoile son immense talent au grand public quand il vient chanter Fingertips à la télévision en 1964. Très vite, le petit Stevie deviendra grand mais il restera merveilleux, naviguant avec la même grâce entre soul, funk, reggae, hommages au jazz, chansons d'amour, chroniques sociales ou hymnes à la fraternité. Le moment est venu de chanter à son attention Happy Birthday, le titre que cet artiste engagé a dédié en 1980 à Martin Luther King.

"Uptight (Everything's Alright)" - 1965

Un énorme succès de l'aube de la carrière de Stevie Wonder. La chanson Uptight, sortie en novembre 1965, devient un tube au début de l'année 1966. Son succès hâte la sortie d'un album éponyme lancé en mai 1966, le mois du 16e anniversaire du jeune chanteur. Stevie Wonder mûrit, forge sa griffe et s'émancipe peu à peu de ses influences, Ray Charles en tête, chanteur, pianiste et aveugle comme lui, et à qui il a consacré son deuxième album Tribute to Uncle Ray (1962).

"For Once in my Life" - 1968

For Once in my Life est la chanson-titre du dixième album - déjà ! - d'un Stevie Wonder qui n'a que 18 ans et qui s'est déjà imposé comme l'un des piliers de la Motown. Il n'est pas le premier artiste à enregistrer cette ballade mélodieuse écrite et composée par Ron Miller et Orlando Murden. Mais sous ses doigts et dans sa voix, la chanson deviendra un classique intemporel de son répertoire. À savourer aussi, cette version plus rapide et ébouriffante au Ed Sullivan Show ou cette version groovy avec orchestre et choristes.

"Superstition" - 1972

Dans cette chanson extraite de l'album Talking Book sorti en octobre 1972, Stevie Wonder dénonce les superstitions populaires et leur emprise néfaste sur les gens. Ce classique du répertoire du chanteur a été repris par de grands artistes de tous horizons, de Jeff Beck (ils l'ont même joué ensemble sur scène) au regretté Stevie Ray Vaughn en passant par les Jackson Five sur scène.

"You are the Sunshine of my Life" - 1972

Chanson d'ouverture de l'album Talking Book (1972), You are the Sunshine of my Life est l'une des plus belles déclarations d'amour de la discographie de Stevie Wonder. Elle a permis au chanteur de remporter l'un des 25 Grammy Awards de sa carrière (meilleure performance vocale pop masculine). Sur la version du disque, Stevie Wonder ne chante pas seul : les deux premières phrases sont interprétées successivement par les chanteurs Jim Gilstrap et Lani Groves. La chanson a été reprise très vite par différents artistes, à commencer par le saxophoniste Lou Donaldson (en mode jazz cool). En France, on se souvient de l'adaptation française de Sacha Distel, en solo ou en duo avec Brigitte Bardot.

"Living for the City" - 1973

Fresque sociale d'un réalisme cinglant, dénonciation du racisme ancré dans la société américaine, Living for the City est l'une des chansons les plus puissantes de Stevie Wonder. Elle figure dans un album monumental du chanteur, Innervisions (1973), l'un de ses chefs-d'œuvre. Dans sa version studio, la chanson relate, avec bruitages de rues, voix et sirènes de police, le parcours d'un jeune Noir issu d'une famille pauvre du Mississippi qui tente de survivre à New York, et qui se retrouve - comme beaucoup avant lui et après lui - au mauvais endroit au mauvais moment, est accusé d'un crime et finit en prison.

"Higher Ground" (1973)

Higher Ground est un autre point d'orgue de l'album Innervisions - qui ne comporte à peu près que des grandes chansons, en vérité... Stevie Wonder y évoque la thématique de la réincarnation. Fait troublant, l'inspiration de ce morceau funk lui est venue peu de temps avant un grave accident de la route qui a failli lui coûter la vie en août 1973. La voiture dans laquelle il avait pris place a heurté violemment l'arrière d'un camion, occasionnant quatre jours de coma pour le chanteur. En 1989, le groupe américain Red Hot Chili Peppers a repris Higher Ground dans son album Mother's Milk. Leur version explosive a beaucoup contribué à leur succès.

"Isn't She Lovely" - 1976

Isn't She Lovely est l'une des chansons les plus célèbres et les plus joyeuses de Stevie Wonder. C'est une célébration jubilatoire de la naissance de sa première fille, Aisha Morris, en février 1975. Aisha, devenue artiste à son tour, travaille aux côtés de son père. La chanson figure sur le double album Songs in the Key of Life (1976) de Stevie Wonder, l'un des sommets de sa discographie.

"I Wish" - 1976

Dans la chanson I Wish, autre classique de Songs in the Key of Life, Stevie Wonder évoque avec une nostalgie radieuse ses jeunes années qu'il aimerait bien voir revenir... Ce titre au groove irrésistible a été samplé en 1999 par Will Smith dans son tube hip-hop Wild Wild West, titre phare de la bande originale du film du même nom.

"As" - 1976

L'un des plus grands moments de Songs in the Key of Life. L'une des chansons les plus éblouissantes, les plus profondément humanistes, de Stevie Wonder. Le chanteur y développe une promesse d'amour d'un grand lyrisme, qui pourrait avoir plusieurs niveaux de lecture : l'amour pour la femme qu'il aime, mais aussi un amour plus universel, ou un amour d'ordre spirituel. Le pianiste de jazz Herbie Hancock est au Fender Rhodes dans la version discographique longue de plus de sept minutes. Dans la même force émotionnelle, on pourrait aussi citer l'immense Joy Inside my Tears, dans le même album... As, monument de la soul, a été revisité avec brio par le regretté George Michael, avec Mary J. Blige, en 1998.

"Sir Duke" - 1976

Dans cet hommage lumineux au jazz, Stevie Wonder évoque de grands noms de ce genre musical : Count Basie, Glenn Miller, Louis Armstrong (via son surnom Satchmo), Ella Fitzgerald et bien sûr "le roi" Duke Ellington ("The King of all, Sir Duke") disparu en mai 1974, environ deux ans avant la sortie de Songs int the Key of Life.

"Pastime Paradise" - 1976

On ne peut pas quitter Songs in the Key of Life sans mentionner Pastime Paradise, une chanson au texte philosophique et social permettant diverses interprétations, et au son toujours moderne, intemporel, porté par un usage novateur du synthétiseur à l'époque et le renfort de chœurs Hare Krishna et de percussions indiennes. Ce morceau a été samplé et repris par de très nombreux artistes, du rappeur Coolio en 1995 à la chanteuse Patti Smith en 2007, et récemment par le pianiste de jazz Chick Corea.

"Master Blaster (Jammin')" - 1980

Extrait de l'album Hotter that July (1980), ce titre bâti sur un rythme reggae est un hommage appuyé à Bob Marley avec lequel Stevie Wonder s'était produit sur scène quelque temps plus tôt. La chanson évoque également la fin de la guerre civile au Zimbabwe, survenue en décembre 1979. Icône du reggae, Bob Marley s'éteindra en mai 1981.

"I Just Called to Say I Love You" - 1984

Écrite et composée pour la bande originale du film The Woman in Red de Gene Wilder (l'adaptation américaine de La Fille en rouge), sortie en 1984, cette douce ballade a valu à Stevie Wonder son plus énorme succès commercial. Le titre, qui passait en boucle sur la bande FM, a reçu l'Oscar de la meilleure chanson originale.

"Overjoyed" - 1985 (version acoustique 1983)

La très belle version discographique de cette ballade, l'une des plus bouleversantes de Stevie Wonder, figure dans l'album In Square Circle (1985) dans lequel on trouve aussi le tube Part-Time Lover. Stevie Wonder avait écrit la chanson à la fin des années 70 pour un album précédent mais il l'avait finalement laissée de côté. En mai 1983, il l'a présentée durant une émission du Saturday Night Live dont il était l'hôte principal. Dans la vidéo ci-dessus (son audio), sa sublime version piano-voix débute après un bref discours, à la 31e seconde.

"From the Bottom of my Heart" - 2005

Cette ballade tendre et entraînante, dans la plus pure tradition Wonder, figure dans le 23e dernier album studio de Stevie Wonder, A Time to Love, le dernier en date du chanteur, sorti en octobre 2005. La chanson a reçu en 2006 un Grammy Award au titre de la meillleure performance vocale pop masculine. Stevie Wonder en a remporté vingt-cinq Grammies au total, plus un Grammy d'honneur.


Bien sûr, on aurait pu ajouter des dizaines d'autres chansons de Stevie Wonder, comme le vibrant Joy Inside my Tears (1976) déjà cité plus haut, Love's in Need of Love Today (1976), la ballade My Chérie Amour (1969), les tubes Part-Time Lover (1985) et Free (1987), sans oublier I was Made to Love Her (1967), les joyeux et entraînants Signed, Sealed, Delivered (I'm Yours) (1970), Don't You Worry 'Bout a Thing (1973) et Do I Do (1982) avec la participation de Dizzy Gillespie... Alors, à chacun de tracer son propre itinéraire dans le monde merveilleux de Stevie.

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