Sting au Bataclan pour "célébrer la vie, la musique dans ce lieu historique"
C'est par une minute de silence que Sting a lancé son concert : "Ce soir nous avons deux tâches à concilier : d'abord se souvenir de ceux qui ont perdu la vie dans l'attaque, ensuite célébrer la vie, la musique dans ce lieu historique", a déclaré en français le chanteur britannique.
L'ancien leader du groupe Police a ensuite interprété la chanson "Fragile", suivie du tube "Message in a Bottle", sous les applaudissements nourris de ses fans. Des sourires et des larmes sur les visages pendant près d'1h30. Et après les dernières notes de "The Empty Chair", dernier titre joué par Sting, nombre de spectateurs sont tombés dans les bras les uns des autres et ont longuement applaudi, célébrant autant la prestation élégante de la star britannique que la renaissance de la salle parisienne, pleine avec 1.500 personnes.
Parfois accompagné sur scène du trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf, Sting a revisité ses tubes pour un public où se côtoyaient des fans du chanteur et des survivants et des proches des victimes de l'attaque du 13 novembre. Certains étaient venus avec des fleurs.
Pour Aurélien, survivant de l'attaque qui avait fait 90 morts pendant le concert des Eagles of Death Metal, l'émotion est particulièrement vive avant de retrouver la salle. "C'est la première fois que je vais dans un lieu public depuis un an. Je ne suis pas allé au cinéma, à un concert, je me faisais livrer mes courses, je suis tout le temps resté chez moi...", raconte ce trentenaire. "C'est ce soir que je reprends ma vie comme elle était avant. C'est un devoir, c'est une obligation d'être là car il y a 90 personnes qui ne peuvent plus venir", ajoute-t-il, ému.
Jules Frutos a jugé la soirée "émotionnellement bien": "c'est comme un moment de bonheur fort, d'apaisement, et un super équilibre" entre le souvenir du drame et l'avenir de la salle, a estimé le codirecteur du Bataclan. "Il fallait absolument rouvrir le Bataclan comme il fallait continuer à maintenir les festivals cet été après l'attentat de Nice. C'est la meilleure façon de célébrer la musique et de célébrer la vie", a confié la ministre de la Culture Audrey Azoulay après le concert.
Dimanche, journée de commémoration
Après la minute de silence observée vendredi au Stade de France lors du match France-Suède, la France se recueille dimanche. Aux côtés des familles des victimes, François Hollande, Anne Hidalgo et le maire de Saint-Denis Didier Paillard se rendent sur chacun des lieux touchés par les attentats. Au Bataclan sera dévoilée une plaque sur la façade. Deux musiciens du groupe Eagles of Death Metal et leur manager assisteront aux commémorations du premier anniversaire de l'attentat à l'invitation des associations de victimes.
Plus de 20 concerts programmés jusqu'au printemps
"Ce n'est pas que le public qui va rouvrir le Bataclan c'est la France entière", a estimé avant le concert l'urgentiste et ex-chroniqueur de Charlie Hebdo Patrick Pelloux. "Tous les restaurants ont rouvert, les bars ont rouvert. Charlie continue (...) Ils (les terroristes islamistes, ndlr) ne gagneront jamais", a-t-il ajouté.Certains spectateurs confiaient néanmoins une certaine appréhension avant d'entrer dans la salle, dont l'accès avait été sécurisé par des barrières et une présence importante de policiers.
Pour cette renaissance, le Bataclan a été refait à l'identique en huit mois de travaux. Pour ne rien garder de cette nuit tragique, tout a été changé "du toit au plancher, de la peinture aux carrelages". Seul le hall d'entrée a été rendu plus lumineux qu'à l'origine. Et un "BATACLAN" en lettres rouges dansantes trône désormais sur la devanture.
La star britannique, qui a sorti un nouvel album vendredi (57th & 9th) ne recevra pas de cachet et les recettes de ce premier concert seront reversées à deux associations de victimes : Life for Paris et 13 novembre ; Fraternité et Vérité.
Et mercredi prochain, le Bataclan reprendra le cours de sa vie, avec Pete Doherty. Plus de vingt concerts y sont programmés jusqu'au printemps.
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