John Lennon disparaissait il y a quarante ans : retour sur les dix dernières années de la vie de l'ancien Beatles à New York
John Lennon est mort assassiné par un déséquilibré il y a 40 ans jour pour jour, le 8 décembre 1980, en bas de l'immeuble new-yorkais où il vivait avec Yoko Ono et leur fils Sean. Le natif de Liverpool a passé les dix dernières années de sa vie dans la Grosse Pomme, des années de renaissance dans une ville qu'il appréciait et qui continue de lui crier son amour.
Le 8 décembre 1980, le portail en fer forgé de l'immeuble new-yorkais Dakota, aux allures de château en face de Central Park, est entré dans l'histoire comme le lieu où fut abattu John Lennon par le déséquilibré Mark David Chapman. New York a cependant été pendant près de 10 ans un symbole de renaissance pour l'ancien Beatle et auteur d'Imagine.
A New York, Lennon retrouve sa liberté de mouvement
A son arrivée dans la première métropole américaine en 1971, la ville est minée par la pauvreté et la criminalité. Mais elle est aussi en pleine effervescence artistique, avec des célébrités si nombreuses que même une star mondiale comme Lennon peut prendre un café au coin de sa rue, au café La Fortuna, sans être assailli par fans et paparazzi.
"On se sentait vraiment en phase avec les New-Yorkais", dit son ancienne compagne Yoko Ono, aujourd'hui âgée de 87 ans, dans le documentaire LENNONYC (2010). "J'ai rencontré beaucoup de New-Yorkais qui se plaignent, mais personne ne s'en va", disait John Lennon. "C'est le meilleur endroit du monde".
Le couple avait d'abord emménagé à Greenwich Village, alors le quartier artistique par excellence. "Il ne voulait pas être John Lennon, l'ancien Beatle, une célébrité", explique Susan Ryan, auteure new-yorkaise qui organise des visites guidées sur le thème des Beatles. Le deux-pièces du 105 Bank Street, où ils habitèrent de 1971 à 1973, est occupé depuis 25 ans par le même locataire, Roger Middleton, "conscient de l'héritage" du lieu.
Mis sur écoute par le FBI
John et Yoko rejoignent vite les milieux de gauche de l'époque, et sortent en 1972 un album très politique, Some Time in New York City, abordant racisme, sexisme et incarcération. Le FBI place Lennon sur écoute et le gouvernement de Richard Nixon ordonne son expulsion, début d'une longue bataille judiciaire. L'ancien Beatles n'obtint son permis de séjour qu'en 1976.
C'est pendant ce bras de fer que Bob Gruen prit le célèbre cliché de Lennon faisant le signe de la paix devant la Statue de la Liberté. Le photographe est l'auteur d'autres images de Lennon devenues emblématiques, comme celle où le chanteur aux petites lunettes rondes, cheveux mi-longs, porte fièrement un t-shirt marqué New York City.
John le blagueur
Bob Gruen raconte avoir pris plaisir à photographier une star "toujours prête à jouer avec les mots et à blaguer". "J'aurais vraiment aimé voir ce qu'il aurait fait avec Twitter, il était tellement doué pour les petites phrases", dit le septuagénaire.
Allan Tannenbaum, auteur de portraits intimes de John et Yoko, se souvient lui aussi de son sens de l'humour. Une fois, alors que le couple était nu et simulait une scène de sexe, Lennon a embrassé Ono si longtemps qu'à un moment il s'est retourné et a lancé "C'est quoi, ça ? Ben Hur ?" Référence au célèbre film de près de quatre heures sorti en 1959... "Ça a cassé la glace, tout le monde a rigolé", se souvient Tannenbaum. "J'ai la photo de cet instant, lui avec un grand sourire alors qu'il chevauche Yoko. Et elle qui rit, c'était génial".
Cette séance photos remonte à novembre 1980, peu après que Lennon fut revenu à la musique. Lui et Yoko venaient de sortir Double Fantasy, le dernier album publié de son vivant.
Une vie de papa poule reclus
Cinq ans plus tôt, leur fils Sean était né, scellant la réconciliation du couple après quelque 18 mois de séparation, qualifiée de "weekend perdu" par Lennon.
Ils s'étaient retrouvés le 28 novembre 1974, en marge de ce qui devait être le dernier concert du natif de Liverpool lorsque, à la surprise de tous, il avait rejoint Elton John sur la scène de Madison Square Garden.
Après la naissance de Sean, en octobre 1975, Lennon vit reclus au Dakota. "Je m'occupais du bébé, je faisais le pain, j'étais père au foyer (...) et j'en suis fier", disait l'ancien Beatle de cette période. L'histoire du Dakota est désormais marquée par les balles qui visèrent John Lennon, et les gerbes de fleurs et les mots d'amour que viennent déposer, aujourd'hui encore, les fans du chanteur.
New York, "c'est là que les choses se passent"
Après sa mort, Yoko Ono finança la construction du mémorial de Strawberry Fields, à l'entrée de Central Park, en face du Dakota. Avec sa mosaïque Imagine, offerte par des artisans italiens, l'endroit, bien que discret, est devenu lieu de pèlerinage. Pour Ryan, qui avait 19 ans en 1980, l'assassinat de l'ex-Beatles a résonné à New York plus qu'ailleurs. "Tout le monde en ville savait qu'il voulait vivre ici, qu'il voulait être l'un d'entre nous", dit-il. "Les New-Yorkais aimaient John".
Et cet amour était réciproque. "C'est la même chose partout, vraiment", disait Lennon en 1972 au magazine New Yorker. "Où que vous soyez, c'est là que les choses se passent. Mais plus encore ici à New York". "Ici, c'est plus sucré, et j'ai un faible pour les sucreries".
A noter que ce 8 décembre 2020 à 20h, Louis Bertignac, Elliott Murphy, Brisa Roché, Michael Jones et d'autres musiciens rendront hommage à John Lennon en revisitant chacun un titre de son immortel répertoire lors d'un évènement Facebook Live organisé par Private Pepper et baptisé Forever John.
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