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"McCartney 3, 2, 1" : le documentaire jouissif de Disney+ lève le voile sur quelques secrets de fabrication des Beatles

Que vaut la série d'entretiens entre l'ancien Beatles Paul McCartney et le producteur Rick Rubin, à voir actuellement sur Disney+? Nous l'avons passée au peigne fin et en avons extrait pour vous quelques pépites.

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le musicien Paul McCartney raconte son travail avec les Beatles au producteur Rick Rubin, dans la série "McCartney 3,2,1" visible en France sur Disney+ ( COURTESY OF HULU)

La série documentaire McCartney 3,2,1 proposée depuis quelques jours sur Disney+ est un dialogue fructueux entre Paul McCartney et le producteur Rick Rubin.

Découpé en six épisodes de trente minutes chacun et filmé en noir et blanc, il se déroule dans le décor sobre d’un studio, occupé par une grande table de mixage à l’ancienne. Là, le producteur gourou à la longue barbe et au look mi-ogre mi-Merlin l’Enchanteur, connu notamment pour son travail avec les Beastie Boys, Run DMC, Slayer ou les Red Hot Chili Peppers, fait réagir l’icône de la musique du XXe siècle en décomposant avec malice les masters originaux de divers enregistrements des Beatles, mais aussi de quelques titres de McCartney en solo et des Wings.

Plongée dans les souvenirs d'un songwriter de génie 

Ce faisant, il nous révèle des aspects insoupçonnés des chansons des Fab Four usées jusqu’à la corde, et parvient même parfois à surprendre Macca. Si, en bon fan, Rick Rubin répète trop souvent "amazing", et pose des questions assez peu dérangeantes à son idole, il parvient à en tirer des trésors.

Car McCartney, qui se met régulièrement et sans façons au piano ou à la guitare, se souvient du moindre détail de son riche passé. Plonger dans les méandres des compositions des Beatles en compagnie de ce songwriter de génie qui conserve une silhouette, une espièglerie et un enthousiasme juvéniles (et est du même coup une publicité vivante pour le végétarisme), s'avère un pur bonheur pour les fans.

Ces six heures d’entretiens fourmillent bien entendu d’anecdotes. Comment la chanson Yesterday lui est venue en rêve. Comment Live and Let Die a été écrite en un temps record. Avec quels noms d’oiseaux Lennon et McCartney se taquinaient à l’occasion – "quatre yeux" pour l’un, "torse de pigeon" pour l’autre. D'où vient le surnom Sgt Pepper. Les circonstances des rencontres avec George puis Ringo. Le choc Hendrix ou l'impact "énorme" des Everly Brothers sur les harmonies des Beatles. Voici, parmi des dizaines d’autres, cinq choses apprises en regardant ce documentaire.

1"Michelle" était inspirée de "Milord" de Piaf

"On essayait tous d’être français, tu sais. On adorait les artistes français, surtout les filles. Juliette Greco était incroyable. Avec Brigitte Bardot c’était nos femmes préférées", confie Paul McCarney à Rick Rubin au sujet des débuts des Beatles. Mais Lennon et Macca ne se contentaient pas d’imiter le look des existentialistes. McCartney s’est aussi inspiré d’Edith Piaf pour un des succès majeurs des Beatles : Michelle. "J’avais ce disque français dans la tête, Milord d’Edith Piaf, et je me suis un peu basé là-dessus", révèle-t-il. Avec l’aide d’une amie d'amie française, il a ensuite construit les rimes en français de ce classique qui ont fait le tour du monde : "Michelle, ma belle, sont des mots qui vont très bien ensemble".

2Fela en concert à Lagos, une expérience inoubliable

C’est à Lagos, au Nigéria, que Paul McCartney a enregistré en partie le troisième album de son groupe Wings, Band On The Run (1973). Il raconte comment, alors qu’on leur avait défendu de sortir le soir car cela n’était pas prudent, les membres du groupe avaient bravé l’interdit et s’étaient malheureusement fait braquer les démos qu’ils avaient amenées. Mais ce dont il se souvient surtout de ce séjour à Lagos c’est d’avoir été voir le musicien Fela Kuti en concert dans son club, l’African Shrine. "L’énergie était dingue. La musique était si incroyable que je pleurai à chaque nouveau morceau. Cela reste une des plus grandes expériences musicales de ma vie."

3En studio, les expérimentations en compagnie notamment de Robert Moog

"Pour nous, le pire était de s’ennuyer", se souvient Paul McCartney. En studio, les Beatles s’en donnaient à cœur joie dans les expérimentations sonores, repoussant toujours plus loin des limites. "On était comme des scientifiques dans un laboratoire", résume-t-il. Aux studios d’Abbey Road, ils disposaient en effet des technologies dernier cri et travaillaient notamment avec Robert Moog et son invention le synthétiseur Moog. "Ça prenait tout un mur, et il nous montrait tous les filtres sonores", raconte Macca. Et de nous dévoiler une expérimentation que les Fab Four ont beaucoup utilisée, celle de jouer un octave plus bas et de l’accélérer ensuite, une technique utilisée notamment sur le solo de guitare de A Hard Day’s Night, car "cela aurait été trop rapide pour le jouer avec précision". Encore plus amusant, il révèle que sur Sgt Pepper, ils ont glissé, par jeu, un son que les humains ne peuvent pas entendre mais que les chiens peuvent percevoir…

4Le traumatisme qui fit passer Paul de la guitare à la basse

Au départ, on le sait, John Lennon et Paul étaient tous deux guitaristes. Jusqu’à ce que Paul finisse par tenir la basse, très tôt. "Je pensais pouvoir être soliste. A la maison, je jouais de petits airs sympas. Mais j’ai eu un trac énorme pendant un concert à Liverpool", raconte-t-il. C’était "dans un lieu qui s’appelle Broadway. Le moment de jouer mon solo est arrivé et je suis resté figé sur place. Arrrrggghh! J’avais les mains moites et rien ne marchait. Après ça, je me suis dit : plus de solo pour moi, c’est fini, quelqu’un d’autre le fera". Passé à la basse, il n’était pas très orthodoxe et complexifiait le jeu. "J’avais découvert James Jamerson (bassiste de Marvin Gaye) qui avait des lignes de basse mélodiques et groovait. Ça m’a ouvert les yeux. J’ai compris qu’on pouvait faire de grandes choses à la basse. Et même contrôler le groupe." Mais aussi repasser occasionnellement à la guitare, comme sur le solo de Taxman dont il avait eu l’idée et que George l’avait invité à assurer lui-même.

5A Macca rien d’impossible, surtout pas une note supposément inaccessible

S’il y a un solo de trompette piccolo sur Penny Lane c’est parce que, la veille de l’enregistrement, Paul avait regardé à la télé un concerto brandebourgeois de Bach, leur compositeur classique préféré, se souvient-il. Il avait aussitôt réclamé un professionnel pour exécuter le solo final du morceau. Mais lorsqu’il avait expliqué précisément au trompettiste ce qu’il voulait, celui-ci lui avait répondu que la note la plus haute était "officiellement impossible pour une trompette piccolo". Macca avait alors tellement insisté que le musicien y était finalement parvenu. Ce qui nous vaut un Paul McCartney hilare, mimant le solo et la note la plus haute devant Rick Rubin. Réjouissant.


La série "McCartney 3,2,1" est actuellement visible sur Disney+

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