The Velvet Underground : légendes de contre-culture à la Philharmonie
Une banane sur une pochette de disque, les yeux exorbités de Lou Reed, la chevelure blond platine d'Andy Warhol, le New York des marginaux... Connaissons-nous vraiment le Velvet Underground une fois mises de côté toutes ces images d'Epinal ? Réponse : évidemment, non. Et c'est pourquoi cette exposition, The Velvet Underground : New York Extravaganza , montée à la Philharmonie de Paris, remplit pleinement son rôle, avec une scénographie entre urbanité sombre et furie lumineuse propré au New York de ces années 60.
L'histoire du Velvet Underground, c'est aussi celle d'une certaine Amérique, celle de la contre-culture et de ceux qui sortent de la norme. Il était donc impossible de séparer ces deux éléments pour l'une des deux commissaires, la productrice Carole Mirabello : "Le Velvet Underground va rendre visible l'activité de l'underground new yorkais ".
Foisonnement culturel et artistique
C'est dans ce foisonnement culturel que va donc naître, au milieu des années 60, un groupe fulgurant et l'un des plus influents de l'histoire. Au sein du Velvet Underground, il y a plusieurs personnages et le grand mérite de cette exposition est de n'oublier personne. Car le Velvet n'aurait pu exister sans cette faune d'artistes innovants et marginaux qui ont accompagné leurs débuts : les documentaristes Barbara Rubin, Piero Heliczer ou Jonas Mekas, les icônes comme la chanteuse Nico, les grandes inspirations que sont les écrivains de la "Beat Generation" au premier rang desquels Allen Ginsberg. Et puis Andy Warhol, qui décida de prendre le groupe sous son aile protectrice après les avoir vus jouer un soir en 1966 au bien nommé Café Bizarre.
"Warhol a été très important mais le Velvet puise ses racines dans toute la scène underground, des cinéastes des poètes [...] Ginsberg a été plus important dans l'inspiration de Lou Reed" (Christian Fevret, créateur des Inrockuptibles et commissaire de l'exposition)
Comme dans beaucoup de groupes de rock légendaires, on retrouve un duo à la barre... Jumeaux maléfiques, jumeaux magnifiques et artistiques mais que tout oppose : John Cale le jeune prodige gallois destiné à la musique classique, qui découvre la musique expérimentale en débarquant à New York et Lou Reed le parolier sans limites, asocial et bizarre, traité par électrochocs à son adolescence. L'un des moments forts de l'exposition est ce retour sur leur rencontre et leur connexion, scellée dans l'injection d'héroïne.
Le Velvet Underground a valeur de rupture, à bien des égards. Liberté totale, aucun compromis, fertilité artistique sans commune mesure, expérimentations en tous genres. Et un leader mythique, passionnant, révolutionnaire dans son écriture même, insiste Christian Fevret : "Lou Reed disait ' the dream is over' alors que tout le monde voulait continuer de rêver ".
En cinq ans d'existence et quatre albums à peine, le Velvet Undergound a marqué l'histoire de la musique, repris par David Bowie, Nirvana et bien d'autres. Le groupe n'a jamais été aussi prolifique que depuis qu'il n'existe plus, les rééditions pleuvent sans cesse. Et ce dimanche, sur la scène de la Philharmonie, l'émotion sera sans doute immense pour John Cale, qui viendra rejouer l'intégralité du premier album The Velvet Underground and Nico . Autour de lui, Etienne Daho, Lou Doillon, Mark Lanegan, Animal Collective ou les Libertines, des enfants du Velvet comme autant de preuves que l'héritage, exposé jusqu'à la fin du mois d'août, est bien vivace.
The Velvet Underground : New York Extravaganza, à la Philharmonie de Paris. Exposition du 30 mars au 21 août.
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