Les Trans Musicales s’invitent chez vous : on regarde quoi sur France.tv/Culturebox de mercredi à samedi ?
Les Trans Musicales s'invitent dans votre salon : faute de pouvoir assister aux concerts en vrai, on peut suivre en live streaming sur France.tv/Culturebox trois groupes sur scène chaque soir entre mercredi 2 et samedi 5 décembre. Funk, rock, world ou techno, les oreilles curieuses trouveront forcément leurs trésors parmi ces 12 formations. On vous fait les présentations.
Annulée après neuf mois d’aménagements contorsionnistes divers et variés, l’édition 2020 des Trans Musicales a finalement jeté l’éponge. Enfin, pas tout à fait. Le festival s’invite chez vous cette semaine avec douze concerts (sur les 42 prévus au départ) captés au Trabendo à Paris et à l'Ubu de Rennes en live streaming, proposés sur France.tv/Culturebox chaque soir, de mercredi à samedi.
Il s’agit de mettre un coup de projecteur sur de jeunes pousses, dont six sont des formations bretonnes dénichées par Jean-Louis Brossard, défricheur en chef des Trans Musicales. L’ensemble forme un beau panorama musical dans lequel chacun pourra trouver son compte : rock, électronique, groove, rap, rythmes afros, disco, fusion world, échos polynésiens et instruments japonais, il y en a vraiment pour tous les goûts. On vous décrypte ces sonorités de demain, avec l'aide précieuse du responsable des ressources artistiques du festival, l’érudit Thomas Lagarrigue.
Mercredi 2 décembre
QuinzeQuinze (concert à suivre sous ce lien dès 20h) : Pour l’ouverture, on mise sur ce groupe très original à l’univers fascinant. Il s’agit de trois Parisiens et de deux Polynésiens, dont la rencontre s’est faite en école d’art. La réunion de ces cinq artistes, qui œuvraient auparavant chacun en solo, produit un ovni multimédia puissant dont les morceaux et les clips se complètent. Projet hybride à la limite de l’expérimental, Quinze Quinze est à la fois hyper futuriste et primitif. S’il part un peu dans tous les sens, le choc provient toujours du grand écart entre l’usage des dernières technologies musicales (des sons ultra numériques) et visuelles (morphing notamment) couplé aux polyphonies et aux légendes tahitiennes. Sur scène, ils s’échangent le micro et se penchent sur leurs machines vêtus de tenues en fibres végétales pour ce qui ressemble autant à de mystérieuses cérémonies qu’à des concerts. Voici leur dernier clip étrange pour vous en faire une idée.
La soirée sera complétée par deux autres formations. D’une part Lova Lova, de l’afro-punk qui déboite sur scène avec un leader au look excentrique – combinaison rouge et lunettes à la Rank Xerox. Et d’autre part les intrigants Makoto San, une équipe marseillaise à mi-chemin entre tradition japonaise et techno. Percussif, rythmique et dansant, ce groupe étonnant mêle machines et instruments fabriqués en bambou, imaginés par le Japonais Makoto Yabuki, créateur du Bamboo Orchestra.
Makoto San : concert à suivre sous ce lien à partir de 21h
Lova Lova : concert à suivre sous ce lien à partir de 22h
Jeudi 3 décembre
James BKS (concert à suivre sous ce lien dès 20h) : James BKS est un fils de Manu Dibango, que ce dernier a reconnu sur le tard. Né en France, James BKS (pour "Best Kept Secret", le secret le mieux gardé), s’installe à l’adolescence avec sa famille aux États-Unis, où ses instrumentaux sont retenus par des rappeurs comme Snoop Dogg, Puff Daddy ou Talib Kweli, sans qu’il ne les croise jamais. Frustré par ce business à l’américaine sans véritable collaboration, il rentre en France poursuivre ses envies. Après avoir découvert l’Afrique et ses musiques en tournée avec son père biologique, il monte à Paris son propre projet musical. Signé sur le label d’Idriss Elba ( ! ), sa formation multiculturelle, dont il construit le live depuis un an avec une tripotée de musiciens et de voix d’excellence, déploie un style afro pop moderne, frottant le hip-hop aux sons traditionnels, qui promet de s’épanouir avec bonheur sur scène.
La soirée recèle d’autres surprises aux antipodes les unes des autres. D'abord Ladaniva, un groupe lillois emmené par une chanteuse arménienne ensorcelante, Jacqueline Baghdasaryan, et un guitariste-trompettiste globe-trotteur, Louis Thomas, qui a digéré beaucoup de sonorités. Selon notre guide Thomas Lagarrigue, cette formation, qui se monte sur scène à sept musiciens dont plusieurs percussionnistes, emprunte pour chaque morceau à des musiques différentes, du maloya de la Réunion aux trompettes balkaniques, la voix de Jacqueline faisant le liant de cette envoûtante fusion.
Les amateurs de techno guetteront de leur côté l’Américaine établie à Paris Louisahhh, qui ménage le suspense en abandonnant provisoirement ses platines de DJ au profit d’un live en trio. Entourée de son complice de longue date Maelstrom aux machines et du fulgurant batteur de Totorro Bertrand James, Louisahhh a visiblement décidé de lâcher la bride en offrant son versant le plus punk.
Ladaniva : concert à suivre sous ce lien à 21h
Louisahhh Live Band : concert à suivre sous ce lien à 22h
Vendredi 4 décembre
Guadal Tejaz (concert à suivre sous ce lien dès 22h) : Des trois groupes bretons au menu ce soir à l’Ubu de Rennes, c’est de Guadal Tejaz dont on attend la première claque. Ce quatuor rennais s’est monté autour d’un goût commun pour le psychédélisme garage du Brian Jonestown Massacre d’Anton Newcombe, avant d’intégrer en cours de route des éléments de krautrock et de sludge metal à la Melvins, comme ils le racontent ici. Travaillé par une révolte sourde, inspiré par la mythologie aztèque dont il tire son nom, Guadal Tejaz assène un punk rock au psychédélisme noir qui promet de dépoter sur scène. La déflagration rock Mercedeath, à voir ci-dessous, leur a été inspirée par la tragique aventure survenue à l’un d’eux : alors qu’un jour de fête il était monté sur une mercedes, l’éruptif propriétaire l’a blessé de plusieurs coup de couteau…
Ils seront précédés de la bande de cyborg quimpérois IA404 dont le fantasme homme-machine se traduit aussi bien dans la mise en scène (tenues immaculées et masquées), que dans la musique, où la froideur des synthétiseurs le dispute à la voix sensuelle de la chanteuse, véritable show girl sur scène. On n’oubliera pas d’aller voir également de quel bois se chauffe le jeune multi-instrumentiste Alvan. Guitariste fan de blues, il slide également sur un ukulélé et se présente seul sur scène, en homme-orchestre, maîtrisant son tom de batterie et ses machines, tel un shiva du boogie.
Alvan : concert à suivre sous ce lien à 21h
IA404 : concert à suivre sous ce lien à 23h
Samedi 5 décembre
Eighty (concert à suivre sous ce lien dès 22h) : poussez les meubles du salon et apprêtez-vous à danser avec ce groupe solaire qui brasse disco, funk et hip-hop dans son shaker fêtard. Quand on leur demande leurs influences, les six Rennais citent Chic comme base de leur musique, avant d’évoquer Justice pour l’aspect électronique et NTM pour le ping-pong vocal énergique. Ça s'entend et ça donne la patate même en temps de confinement. "Nous partons de la disco pour aller vers la musique électronique", expliquent-ils. "Il y a aussi un côté punk sur scène à travers l’énergie que nous dégageons. (…) Notre spectre est très large." On pense surtout beaucoup à la soul moderne des Anglais Jungle en les écoutant et en regardant leurs clips.
Gwendoline (concert à suivre sous ce lien à 21h) : On ne loupera surtout pas le dernier coup de cœur de Jean-Louis Brossard, anti-thèse des précédents. Ce duo rennais développe une poésie punk désenchantée qui rappelle autant Diabologum que Fauve pour son parlé-chanté. Avec des titres comme Voldebière, Audi RTT, ou leur tube en puissance Chevalier Ricard, dont le programme se résume à "j’en ai rien à foutre", Gwendoline crache son désespoir sans nuance sur une cold wave synthétique très eighties illuminée de quelques guitares. Ça sent la rage froide, le nihilisme générationnel et les bitures au comptoir – ils remercient "les bars rennais, source d’inspiration quotidienne" - pour noyer le dégoût au fond du trou. Dans le climat actuel de fin du monde, on se dit que leur accablement pourrait rencontrer plus que jamais celui de beaucoup d’autres...
On termine en douceur à 23h avec Brieg Guerveno, un musicien de Saint Brieuc qui après s’être passionné pour le métal, s’est tourné vers quelque chose de plus folk, calme et dépouillé. Sur des climats mélancoliques qui convoquent cordes et piano, il chante entièrement en breton, une langue qu’il entend, par parti pris esthétique, faire sonner comme les langues scandinaves et l’islandais en particulier. Le résultat, indescriptible, est un folk en clair-obscur au spleen lumineux, touché par la grâce.
Brieg Guerveno : concert à suivre sous ce lien à 23h
Les Trans Musicales s'invitent chez vous du 2 au 5 décembre 2020 avec une édition numérique en partenariat avec France.tv/Culturebox et Fip.
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