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"Travailler, c'est mon grand plaisir", déclare Charles Aznavour, qui se voit chanter encore à plus de 100 ans

Invité de franceinfo vendredi, Charles Aznavour, 93 ans, dit prendre encore du plaisir à chanter et à monter sur scène. Et il compte continuer encore longtemps et même au-delà de 100 ans.  

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Charles Aznavour, interrogé par Bruce Toussaint à franceinfo, vendredi 17 novembre. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

À 93 ans, Charles Aznavour continue de donner des concerts à travers le monde. Il a sorti un livre Retiens la vie, publié le 9 novembre aux éditions Don Quichotte. En août, le chanteur est devenu le 21e Français à avoir son étoile sur Hollywood Boulevard, à Los Angeles. Et il sera en concert à Paris Bercy le 13 décembre prochain. Invité de franceinfo vendredi 17 novembre, Charles Aznavour a évoqué son plaisir de travailler et n'envisage pas d'arrêter de sitôt. 

Charles Aznavour : "Travailler, c'est mon grand plaisir" - Entretien sur franceinfo du 17 novembre 2017

franceinfo : Avez-vous le projet de chanter jusqu’à vos 100 ans ?

Charles Aznavour : Non. Plus. J’ai eu la chance de déjeuner à la même table que Madame Calment [décédée à 122 ans et 5 mois, elle est devenue l'être humain ayant vécu le plus longtemps]. Elle était née dans un village où j’allais déjeuner très souvent. Elle était très bien. À la fin de chaque repas, elle prenait un petit verre de vin et une petite cigarette. Elle est morte à 122 ans. Moi j’ai pensé que si je pouvais dépasser ça, ça serait déjà pas mal.

Comment allez-vous ?

En principe, je vais bien, je dors bien. C’est le principal.

Est-ce du travail ou du plaisir ?

Chanter, c’est du plaisir. Travailler, c’est mon grand plaisir. Je travaille la nuit, je me réveille la nuit, parce que j’écoute la radio toute la nuit, elle est allumée. On ne se rend pas compte combien on peut emmagasiner en croyant qu’on n’a rien appris. Quand j'ai à faire un titre nouveau, je m’en sors facilement, j’écris avec beaucoup de facilité.

Dans une biographie à paraître dans quelques jours, Tout Aznavour, Bertrand Dicale écrit : "Oui, cet homme est arrogant, sec, cassant. Mais nul plus que lui ne dit le désespoir d’être faible, perdu, délaissé. Oui, Charles Aznavour n’est pas toujours une vedette ronde, souriante et caressante. Mais plus qu’aucun autre il n’a douté, souffert et enduré de son métier". Qu'en pensez-vous ?

C’est un peu exagéré, je ne suis jamais cassant. J’ai beaucoup de respect pour les gens que je rencontre. La scène, mon public, ce sont mes amis. Je n’ai jamais rien refusé. Quand ils me disent "Ah vous avez un beau costume", je leur dis : "C’est vous qui me l’avez payé". Je fais beaucoup de colères mais des petites colères idiotes et en plus ça me défoule. Je suis tranquille quand j’ai gueulé une bonne fois dans la journée.

Mais avez-vous souffert, douté et enduré ?

Enduré, non. La critique faisait son métier mais c’est de la démolition. Son vrai métier ce serait de voir un artiste qui a quelque chose mais qui ne réussit pas à aller plus loin. Ce serait d’aider. Mais ils faisaient le contraire, ils cassaient directement. C’était eux qui étaient cassants, pas moi. Et puis après ça m’amusait beaucoup. Quand je rencontrais un critique, je lui disais : "Oh comment allez-vous ?". Le mec se disait sûrement : "Ah lui il n'a pas lu ma critique". Il partait moins heureux que moi. Ce n’est pas le succès qui a été long, c’est la critique qui a été longue avant de dire que j’avais peut-être un peu de talent.

Le temps qui passe et que vous prolongez avec gourmandise, vous n’avez jamais cessé de le chanter. Etes-vous nostalgique ?

Oui. Je suis nostalgique et je pleure presque, je pleurniche tous les gens que j’ai perdus. Et j’en ai perdus que je n’ai même jamais rencontrés. Des acteurs que j’aimais et que je n’ai jamais rencontrés, j'en suis nostalgique. Je suis le seul qui n’aime pas s’entendre. Ni me voir ni m’entendre.

Qu’est-ce qu’on vous dit de la France quand vous êtes à l’étranger ?

Curieusement, on m’en parle beaucoup moins. Avant, on me parlait de De Gaulle et de Bardot. Il n’y a plus personne pour lequel on parle.

On ne vous parle même pas d'Emmanuel Macron ?

Pas encore, mais je lui ai acheté un cadeau en Russie : sa tête sur les poupées russes. Il y en a de Hollande aussi.

Allez-vous la lui offrir ?

Bien sûr que je vais lui offrir. Je ne vais pas la garder.

Vous auriez aimé avoir une carrière d’écrivain ou considérez-vous que le travail que vous faites pour les chansons, c’est une forme de travail d’écrivain ?

Oui, absolument, je travaille comme un écrivain, de la même manière, dans les mêmes horaires, avec les mêmes recherches souvent.

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