: Vidéo "Maintenant, il faut aller jouer" : Cali chante dans la rue à Paris pour la réouverture des lieux de culture
Pour dénoncer la fermeture prolongée des lieux culturels accueillant du public, le chanteur Cali est descendu jouer dans les rues de Paris, dimanche 20 décembre. "Cette exception culturelle qu'est la France, c’est maintenant qu’il faut la montrer !", avance l'artiste qui plaide pour une réouverture des salles de concert, théâtres et cinémas.
"Laissez-nous jouer. Ouvrez les théâtres, les cinémas et les salles de concert". Devant la fontaine de Saint-Michel à Paris, dimanche 20 décembre, guitare à la main, l’artiste Cali a interprété Je dois encore vivre tiré de son dernier album Cavale, en y ajoutant à la fin un appel à la réouverture des lieux de culture. Sur décision du gouvernement, théâtres, cinémas et salles de concert doivent rester fermés au moins jusqu’au 7 janvier à cause de la pandémie, malgré la fin du confinement le 15 décembre.
Plusieurs représentants ou associations de cinémas et de théâtres ont réagi en déposant un référé-liberté, une procédure d’urgence, au Conseil d’Etat. Cali, lui, appelle tous les chanteurs et musiciens à "descendre dans la rue avec leur guitare".
Franceinfo Culture : Pourquoi avez-vous décidé de donner des concerts dans la rue ?
Cali : Hier j’étais à Paris, chez des amis. Je suis allé dans une Fnac et il y avait beaucoup de monde, les gens étaient les uns sur les autres ! Je me suis dit, ce n’est pas possible que nous n'ayons pas le droit de jouer, alors qu’il n’y a pas de cluster dans les salles de cinéma et de théâtre. Je l’ai vécu comme une punition. Je respecte ceux qui ont perdu des proches à cause de la Covid-19, c’est terrible évidemment. J’ai compris le premier confinement mais le deuxième c’est compliqué à vivre. Alors j’ai pris ma guitare et j’ai décidé d’aller jouer devant la fontaine Saint-Michel [dans le 6e arrondissement de Paris] puis dans un Gibert Joseph devant les rayons CD. Maintenant il faut désobéir et y aller, il faut aller jouer, que les artistes aillent dans les rues. C’est vital. Car après il sera trop tard.
Que voulez-vous dire par "il sera trop tard" ?
Tout va s’éteindre : les festivals, les artistes, les producteurs. Je parraine un festival, Les déferlantes Sud de France et je vois que c’est difficile pour les techniciens et les organisateurs. Ça va faire presque un an qu’on n’a pas pu réellement reprendre les activités. Les disques se vendent difficilement, les plateformes de streaming font du racket... Il n'y plus rien de ce côté-là. Et en plus on nous empêche de jouer, donc on fait quoi ? Je me sens comme un poisson qu’on a sorti de l’eau et qui est en train de mourir. Jouer devant un public hier, même de manière sauvage, m’a fait un bien inimaginable.
Vous soutenez également la réouverture des théâtres et cinémas.
On est tous sur le même radeau qui dérive. Je fais aussi du théâtre et on ne sait pas quand notre pièce va pouvoir rejouer. Tout le monde attendait aussi que les cinémas rouvrent au moins pour la période de Noël... Ce n’est pas une critique jetée en l’air, je n’aimerais pas être à la place des décideurs. Mais cette exception culturelle qu'est la France, c’est maintenant qu’il faut la montrer ! Nous pourrions mettre en avant aux yeux du monde que nous faisons jouer nos artistes dans des lieux complètement sûrs.
Avez-vous pu reprendre les concerts entre les deux confinements ?
J’ai sorti mon dernier album en mars et au premier déconfinement je suis parti sur la route. Il y a quelques lieux qui nous ont appelés et on a gardé les dates qui pouvaient se faire à l’automne. Les protocoles sanitaires ont été respectés, avec des configurations assises et des jauges très réduites. On a cassé nos salaires et joué plusieurs fois dans des lieux pour que les personnes qui nous accueillent puissent s’en sortir. Les gens doivent se protéger du virus mais ils doivent aussi se protéger de ne pas devenir fous ou dépressifs. Pour cela nous sommes quelque part des clefs indispensables.
Dans les concerts que j’ai donnés, j’ai vu des gens qui hurlaient comme jamais sous leur masque entre eux pour dire : on est vivants, on est là dans une salle de spectacle, et tout lâcher pendant deux heures. Aller voir un film, aller au théâtre pour se couper de cette vie pendant un moment, ça permet de continuer à avancer. Le message est là : nous sommes essentiels.
Votre album est sorti juste avant le premier confinement et sa promotion a été stoppée, comment le vivez-vous ?
C’est un l’album dont je suis très fier et je vais repartir sur la route le défendre. C’est troublant car il s’appelle Cavale et on a été enfermés quelques jours après sa sortie. Personne ne sait quoi faire. Je vois des artistes, et j’en fait partie, jouer des petits concerts sur internet mais ce n’est pas une solution viable. Je vais donc retourner dans la rue jouer devant des gens, qui en ont besoin comme moi j’en ai besoin.
Avez-vous des dates de concert prévues en espérant une réouverture prochaine des salles ?
J’ai déjà annoncé ma tournée, j’espère reprendre le 15 janvier. J’ai beaucoup de dates qui arrivent mais je ne suis pas le seul dans ce cas. J’appelle tous ces artistes qui remplissent des Zénith et des Arena à descendre dans la rue avec leur guitare. On a besoin de tout le monde pour montrer que ce n’est pas chacun pour soi.
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