: Vidéo On vous décrypte le clip fou de Beyoncé et Jay-Z tourné au Louvre
Le couple de stars a publié, dimanche, une vidéo de six minutes filmée dans le plus grand secret dans le célèbre musée parisien. Références culturelles, message politique... Franceinfo décrypte ce qui se cache derrière ce clip.
En seulement trois jours, la vidéo cumule déjà plus de 20 millions de vues. Dimanche 17 juin, Beyoncé et Jay-Z ont créé la surprise en publiant un clip incroyable tourné dans le musée du Louvre, à Paris. Sur Apeshit, figurant dans l'album Everything is Love, le couple a multiplié les points de vue devant une foule de chefs-d'œuvre : La Joconde, La Victoire de Samothrace, Le Radeau de la Méduse ou encore Le Sacre de Napoléon.
Mais ces références artistiques ne sont pas les seuls éléments à souligner dans le clip. En effet, Beyoncé et Jay-Z enchaînent les clins d'œil à la culture noire pour faire de leur clip une vidéo engagée. Franceinfo vous décrypte quelques détails, qui vous ont peut-être échappés.
Le "Portrait d'une femme noire"
Le tableau de Marie-Guillemine Benoist, le Portrait d'une femme noire, fait une courte apparition à la fin de la vidéo. Mais ce n'est pas la seule référence à cette peinture réalisée en 1800. En effet, plus tôt, on voit le couple Carter (le nom de Beyoncé et Jay-Z dans le civil) assis au milieu d'un des couloirs du Louvre. Dans la posture de Beyoncé, ses habits et son regard, Elle (en anglais) a vu une référence claire au portrait. "Cette scène est une reconstitution moderne du Portrait d'une femme noire, qui est l'un des seuls tableaux réalisés avant le XXe siècle ayant pour sujet une personne de couleur non représentée comme un esclave", explique le magazine.
Le genou à terre des joueurs de foot américain
Dans les paroles, Jay-Z semble confirmer des informations de presse selon lesquelles il a refusé une offre de la Ligue nationale de football américain (NFL) pour assurer le concert à la mi-temps au Super Bowl, l'événement le plus regardé à la télévision américaine, en février dernier. "J'ai dit non au Super Bowl. Vous avez besoin de moi, je n'ai pas besoin de vous", dit-il en effet dans la chanson.
Jay-Z est un partisan affiché de Colin Kaepernick, l'ancien quarterback de San Francisco, aujourd'hui sans emploi, qui avait initié un mouvement de protestation dans le football américain contre les violences raciales en mettant un genou à terre durant l'hymne national. Le président Donald Trump avait alors entamé un bras de fer avec la NFL, exigeant le licenciement des joueurs qui, selon lui, manquaient de respect au pays. Outre ces paroles, le clip d'Apeshit fait aussi référence au conflit : on y voit des jeunes, eux aussi un genou à terre.
Les photographies d'une artiste engagée
Dans le clip, certains plans montrent les scènes du quotidien d'un couple noir. Ils s'enlacent, se peignent comme sur l'image de couverture de l'album. "Cela évoque le travail de Deana Lawson", explique le site Vulture (en anglais). La photographe américaine a en effet pour sujet principal "l'amour noir", précise le New Yorker (en anglais).
Les retouches de certains tableaux
Dans son clip, le couple rejoue les scènes de certains tableaux. Ainsi L'Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant, peint par Théodore Géricault, est vite écarté devant un homme, noir, lui aussi à cheval. Et les amants peints dans Les ombres de Francesca da Rimini et de Paolo Malatesta apparaissent à Dante et à Virgile, d'Ary Scheffer, sont remplacés par un couple noir s'enlaçant.
"Le Louvre est le temple de la culture européenne, le fait de l'investir de silhouettes noires est une manière de créer un lien entre une esthétique ancienne et une autre plus contemporaine", analyse la journaliste et militante antiraciste Rokhaya Diallo, interrogée par 20 Minutes.
Le couple Carter parmi les chefs-d'œuvre
Toutes ces références viennent servir le message général : parmi les chefs d'œuvre du Louvre, la musique du couple a toute sa place et n'a pas à rougir. "Je ne peux pas croire qu'on y soit arrivés. C'est ce pourquoi on est reconnaissants", chante d'ailleurs Beyoncé. Pour appuyer son propos, la chanteuse danse devant Le Sacre de Napoléon, comme pour être couronnée à son tour. Elle et son mari se placent également devant le Grand Sphinx de Tanis, comme l'a souligné sur Twitter une internaute.
8) Josephine is clad in fine French silks and velvets and Beyoncé is slaying in Burberry. She's empress and Jay-Z is emperor. However, there is much more depth to that self-modeled comparison because of—you guessed it—colonialism. pic.twitter.com/WObjiu4Ct0
— Queen Curly Fry (@itsmeheidi_h) 17 juin 2018
La vidéo se termine sur Beyoncé et Jay-Z qui regardent, les yeux dans les yeux, Mona Lisa. "En faisant cela, [les Carter] se mettent sur un pied d'égalité. C'est une manière de se retourner vers l'histoire. La Joconde a marqué la Renaissance et eux sont les emblèmes de la culture populaire actuelle", décrit à 20 Minutes Rokhaya Diallo. "C'est une manière de réparer, symboliquement, ces affronts envers les afro-descendants notamment. Même si je ne suis pas sûr [que Jay-Z et Beyoncé] en soient conscients", conclut-elle.
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