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Vieilles Charrues 2017 : chroniques de minuit passé avec Kungs et Vitalic

Grâce à sa programmation hétéroclite, le festival des Vieilles Charrues est un événement transgénérationnel, voire familial aux heures de l’après-midi. Mais une fois minuit arrivé, les platines de musique électronique s’installent sur scène, et le festival révèle son autre visage. Reportage vendredi au cœur des foules noctambules.
Article rédigé par franceinfo
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Vitalic a tenu éveillés les couche-tard du festival des Vieilles Charrues 
 (Medhi Weber)

23h55 : Phoenix termine tout juste un concert survolté qui a rassemblé plus de 60 000 personnes selon les organisateurs. Mêlant les titres de leur nouvel album "Ti Amo" à leurs tubes anthologiques, comme "Lisztomania" et "Lasso", les versaillais ont bien essoufflé les festivaliers. Les premiers bâillements font leur apparition. Le moment est crucial. Pour beaucoup, c’est l’heure de choisir. "Shoud I stay or shoud I go ?" ("Dois-je partir ou rester?"), comme dit la chanson des Clash. La programmation électronique à venir est pourtant alléchante : le jeune DJ français Kungs, mais aussi Vitalic.

Kungs transforme les Vieilles Charrues en dancefloor géant

Pas du goût de tout le monde : le festival désemplit, familles et enfants se dirigent vers la sortie et les 18-35 ans prennent les manettes du festival. Il est 00h10, et ils sont nombreux devant la scène Kerouac, où le concert du jeune prodige Kungs est sur le point de débuter. L’aixois de 20 ans n’est pas impressionné par la marée humaine qui lui fait face, il est désormais un habitué de ce genre d’événements : Coachella, Main Square Festival, Solidays, Summerfestival, Francofolies, Kungs enchaîne.
https://twitter.com/Charrues/status/885992642043138048
Bien installé derrière ses platines, il affiche un grand sourire sur son visage juvénile. La scène semble le griser. "Vous êtes chauds les Vieilles Charrues ?" hurle-t-il comme un cri de guerre. Objectif : électriser les festivaliers venus se déchaîner sur ses beats énergiques. Un exercice dans lequel il excelle. Et il sait que ses tubes sont de véritables machines à faire danser. Alors rien de mieux pour ambiancer son public que le titre "Don’t you know". Un hymne à la fête.

Les lives sont pour Kungs une occasion de se faire plaisir, avec des créations plus orientées "nightclubs", plus brutes, sans vocales. Mais aussi pour remixer des tubes : "We will rock you" de Queen, "Still D.R.E" de Snoop Dogg et Dr Dre, "Aerodynamic" de Daft Punk, tous les styles passent à la moulinette Kungs, au détour des beats exaltants et des loops ("boucles" en français, les répétitions d’un même segment de chanson) enivrants dont il a le secret.
Dans le public, on aperçoit de nombreuses pancartes "Kungs, t'es un génie", "Kungs <3". Certains ont même choisi d'utiliser leur corps pour s'exprimer.
 (FRED TANNEAU / AFP)
Le DJ transporte le public, le prend par la main pour l’emmener dans son univers, tantôt joyeux et léger avec "To describe you", tantôt désinhibé avec "I feel so bad", mais toujours résolument festif. Au gré des titres et des ambiances, les festivaliers vibrent, se laissent porter, crient et applaudissent. Clou du spectacle : Kungs invite le rappeur français MHD, qui a fait sensation quelques heures auparavant, à monter sur scène pour remixer son titre "Afro Trap Part.7 (La Puissance)". La liesse est générale. Kungs conclue en se disant ravi d’avoir pu jouer dans le plus grand festival français le soir du 14 juillet et en profite pour faire entamer une Marseillaise au public.
La rappeur MHD rejoint Kungs sur scène. Le public exulte. 
 (Medhi Weber)
Il est 1h30 du matin. Mais les festivaliers n’en ont toujours pas eu assez. Il va falloir sortir l’artillerie lourde pour les derniers infatigables. Là encore, un choix est à faire : sur les deux scènes les plus éloignées l'une de l'autre, Xavier Grall et Glenmor, l’invétéré DJ français Vitalic (41 ans) et le duo sud-africain Die Antwoord jouent en même temps.

Vitalic convie les Vieilles Charrues à une épopée interstellaire

Sur la route pour Xavier Grall -on parle beaucoup de la nouvelle scénographie de l’artiste français- nous croisons Ludwig (36 ans) et Thomas (38 ans), deux frères carhaisiens (Carhaix est la ville qui accueille le festival) d’origine. Ils racontent avoir assisté aux 20 dernières éditions de l’événement. "Ca a tellement changé depuis. En 2000, il y avait une rave party (festival transe et techno, ndlr) organisée juste à côté, se remmémore Ludwig, c’était de la folie ! Aujourd’hui, c’est plus sage et commercial." A Vitalic de les faire mentir.
La scénographie de Vitalic a hypnotisé le public pendant le DJ set.
 (Medhi Weber)
Stoïque derrière ses platines, le DJ laisse parler les rythmes analogiques et stridents de son dernier album "Voyager" pour enflammer les irréductibles venus planer sur sa musique. Les adeptes reconnaissent "Waiting for the stars" et "Lightspeed" qui signent le début de cette expédition intergalactique proposée par l’artiste. Et le public répond présent : les nuques se désarticulent et se balancent au rythme des boucles psychédéliques et des beats rétro-futuristes comme seul Vitalic sait en produire. Les festivaliers sont dans un état second, transportés par les voix robotisées version Dark Vador que le DJ ajoute ça et là.  


Le quarantenaire n’en oublie pas ses fans de la première heure, dont les visages s’illuminent sur "Stamina" (2012), "Poison Lips" et bien entendu l’incontournable "Second Lives" (Flashmob, 2009). Le minimalisme des loops est devenu la signature de Vitalic. Elles procurent un sentiment mêlé de liberté et de vertige. Hypnotiques. Tout comme le décor qui entoure l'artiste sur scène : une sorte de cube lumineux polymorphique, dont les arêtes bougent au fil du DJ set pour créer toutes sortes de formes géométriques et d’ambiances. Le rendu audiovisuel est obsédant. La musique s’arrête et l’esprit des festivaliers sort brutalement de la faille spatio-temporelle créée par Vitalic. Ils sont comme interdits. Retour à Carhaix, Finistère, dans vos banales enveloppes charnelles engourdies. Il est 3h du matin, allez dormir. 

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