Vincent Delerm : "Je préfère souvent aller vers des événements plus intimes"

Des souvenirs, détails de la vie présente et passée. Vincent Delerm a toujours préféré chanter les petits moments de l'existence. Son sixième album studio, "À présent", sorti vendredi 7 octobre, ne déroge pas à la règle. Il s'accompagne de trois livres de photographies* entre mémoire et quotidien.

Yann Bertrand : Avec ce nouvel album, vous confirmez une nouvelle fois être un chanteur "hors du temps". C'est un statut que vous assumez ?

Vincent Delerm : J'ai toujours été un peu à part. Lorsque je démarchais les maisons de disques pour mon premier album "Vincent Delerm", sorti en 2002, on me répondait que les chansons étaient bonnes, mais qu'elles ne correspondaient pas à l'époque. C'est vrai que j'avais l'impression de faire quelque chose de très intemporel, qui n'était pas dans le tempo de mon époque.

Pourtant aujourd'hui, quand je réécoute cet album, j'entends quand même un écho des années 2000. Ça me rappelle une phrase de Dali que j'aime bien : "Ne t'occupe pas d'être moderne. C'est l'unique chose que malheureusement, quoi que tu fasses, tu ne pourras pas éviter d'être."

Votre album est difficile à classer musicalement...

C'est un mélange d'éléments très organiques, comme les cordes, les cuivres, et d'éléments plus froids, comme les programmations. C'est peut-être ce mélange qui rend l'album difficile à classer. Ça pourrait être un héritage des musiques de film des années 1970 comme quelque chose de plus actuel.

J'aime vraiment la chanson. Ça peut paraître bête d'entendre un chanteur dire qu'il aime la chanson. Mais ça ne coule pas de source. Je suis comme Thierry Henry, qui connaît très bien l'histoire du football. C'est assez rare, alors que ça vous apporte quelque chose dans votre travail. Les histoires de studio, la mythologie d'un album, les petites histoires qui l'accompagnent... J'ai l'impression de faire partie d'une photo, dont j'avais envie de faire partie.

Dans À présent, vous évoquez vos souvenirs et les petits moments du quotidien. Pourquoi préférez-vous toujours chanter les "détails" de la vie ?

Si je commençais à parler d'événements collectifs, je n'aurais rien à dire. Raconter que vous avez veillé et pleuré toute la nuit au moment de la chute du mur de Berlin... Ou alors que vous avez été contents quand Emmanuel Petit a inscrit le troisième but de l'équipe de France contre le Brésil à la Coupe du monde 1998... Ça, tout le monde peut l'écrire. Je préfère souvent aller vers des événements plus intimes, plus ténus, qui peuvent paraître anecdotiques. Mais, dans la vie, il n'y a pas la colonne des grands sentiments et la colonne du dérisoire.

Album : À présent, Vincent Delerm chez Tôt ou Tard. En concert du 28 au 30 novembre à La Cigale (Paris). En tournée dans toute la France à partir du 10 novembre.

*Livres : Songwriting, L’été sans fin, C’est un lieu qui existe encore (Acte Sud)