Wayne Shorter est souffrant, le monde du jazz américain se mobilise pour lui payer ses frais médicaux
C'est un monument de la musique américaine. Suite à des problèmes de santé, il ne parvient pas à payer tous ses soins. Sa situation suscite une chaîne de solidarité dans le milieu du jazz outre Atlantique.
Il y a un an et demi, des ennuis de santé ont éloigné de la scène le saxophoniste et compositeur Wayne Shorter, 86 ans, véritable monument du jazz qui s'est illustré notamment auprès des Jazz Messengers, de Miles Davis et qui a cofondé le groupe Weather Report. Ses derniers passages en France remontent à la Philharmonie de Paris en novembre 2016 et à Jazz à Juan en juillet 2017, à l'occasion d'une grande tournée en quartet avec le pianiste Danilo Perez, le batteur Brian Blade et le bassiste John Patitucci. Le saxophoniste, qui va mieux, est très présent sur les réseaux sociaux (Facebook en tête, mais aussi Twitter).
Aux États-Unis, la couverture santé américaine repose sur un système complexe d'assurances, souvent onéreux, qui ne dispense pas toujours les patients de dépenses lourdes, voire astronomiques. Les plus illustres personnalités du pays n'échappent pas à ces difficultés. La fille du célèbre batteur de jazz Jimmy Cobb, mort le 24 mai d'un cancer, avait lancé au début de l'année un appel aux dons via les médias américains afin d'aider son père à payer ses soins. Wayne Shorter fait lui-même l'amère expérience d'une situation de santé délicate - antérieure à la crise du coronavirus - combinée à des frais onéreux.
Des concerts "all-star" en ligne pour soutenir Wayne Shorter
En janvier 2019, le saxophoniste et les membres de son quartet auraient dû se produire au Miner Auditorium de San Francisco. Mais il a dû déclarer forfait. Les quatre concerts ont été maintenus, dirigés par Herbie Hancock, avec des invités de prestige répartis sur les différentes soirées aux côtés des complices de Shorter, Danilo Perez, Brian Blade et John Patitucci. Avec ces shows "all-star", le monde du jazz tente de lui apporter un soutien financier.
Depuis le 22 mai, ces concerts sont partagés via le site de l'organisation à but non lucratif SFJazz dans le cadre de son cycle de concerts "Friday at Five" accessible moyennant une inscription et une contribution de 5 dollars par mois (ou 60 dollars par an). Le premier des quatre concerts "Wayne Shorter Celebration" a été diffusé le 22 mai (mais les concerts passés ne semblent plus disponibles sur le site), avec le saxophoniste Kamasi Washington et le claviériste et saxophoniste Terrace Martin en invités vedettes. Pour les soirées dédiées à Wayne Shorter, SFJazz fait un appel spécifique aux dons (un "tip jar"). Trois autres shows sont programmés.
"C'est une honte pour l'Amérique que quelqu'un comme Wayne Shorter soit confronté à cette situation"
Le 22 mai, vers la fin d'une session live confinée de musique, d'apéritif et d'échanges sur sa page Facebook, le chanteur de jazz Kurt Elling, qui ne mâche jamais ses mots sur la situation politique et sociale de son pays, a fait la promotion de ces concerts SFJazz, laissant transparaître de l'amertume et de l'émotion au fil de ses mots : "Wayne ne va pas bien physiquement. Et l'Amérique étant ce qu'elle est, il n'a pas droit à un peu de tranquillité, à simplement vivre sans s'angoisser pour ses factures médicales... C'est une honte pour l'Amérique que quelqu'un de la stature de Wayne Shorter soit confronté à ce genre de situation. Personne ne mérite cette aide plus que lui. Wayne est un tel héros, en musique, dans la vie, le mystère qu'il personnifie est profond."
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