We Love Green 2023 : rampes de skate, rap, délices végétariens et empreinte carbone riquiqui au menu
Depuis sa première édition en 2010, le festival écoresponsable We Love Green a beaucoup évolué. En treize ans, la manifestation n’a pas cessé d’avancer, devenant un des laboratoires les plus prisés pour tester des solutions durables dans l’évènementiel face à l’urgence climatique. Dans le même temps, We Love Green doublait quasiment sa capacité, passant de 12000 personnes à quelque 120 000 attendues sur trois jours les 2, 3 et 4 juin 2023 au Bois de Vincennes. La directrice du festival Marie Sabot détaille pour nous les nouveautés essentielles de cette 12e édition.
Une nouvelle scène Playground avec rampes de skateboard
Régulièrement, les organisateurs de We Love Green repensent l’implantation du festival, veillant à ce qu’aucune scène ne ressemble à une autre afin de varier les expériences. Cette année, "un bon tiers du site" a été revu et une nouvelle scène musique et sports apparaît, la scène Playground, où se produiront skateurs, breakeurs et BMX (les nouvelles disciplines des J.O.), dotée d'un véritable Skate park XXL.
"Côté musique, c’est une scène de style Bloc Party pensée avec Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger, qui est un gros fan de skate", explique Marie Sabot. "Sur scène, on aura plein de jeunes collectifs parisiens plutôt techno comme Cinquième Terrasse mais aussi de jeunes rappeurs et de vieux potes de Pedro comme Feadz et Uffie." Mais c’est surtout une scène imaginée par Icon Action Sports et Skateboarding Revolution de Darwin, deux acteurs majeurs du skateboard en France. "Derrière la scène centrale, on a une rampe de compétition flambant neuve, une verticale, qui vient d’être construite et qu’ils nous prêtent, où se produiront des champions de skate internationaux. Celui qui a mis au point le programme de cet espace c’est Edouard Damestoy, double champion du monde de skateboard, qui vient de remporter au Japon la médaille d’or de skate "vert" (pour vertical) aux X Games de Chiba. Etant donné qu’il y a un festival de skateurs internationaux à Copenhague une semaine plus tard, on a attrapé pas mal d’entre eux. Il y a aussi deux rampes de skate intermédiaires où se produiront des skateurs semi-pros, mais où pourront aussi s’amuser des festivaliers amateurs et s’initier les enfants, avec l'école francilienne Cosanostra (il faut s'inscrire et réserver un créneau à l'espace Playground en arrivant au festival). On s’est beaucoup amusés à faire cette scène."
Une offre de restauration 100% végétarienne
Terminés les hamburgers carnivores et autres fish & chips : cette année, le menu de We Love Green devient 100% végétarien, une rareté pour un festival de cette taille en Europe. D’autant que la proposition est particulièrement riche, avec une cinquantaine de stands de street food, tous sélectionnés avec soin. Le but ? Réduire encore l’empreinte carbone du festival, la production de viande étant responsable d’environ 15% des gaz à effet de serre dans le monde.
"A We Love Green, tout le monde mange végétarien cette année, même les techniciens qui montent le festival, même les artistes, même la sécu, c’est un truc total", détaille Marie Sabot. "Mais il faut de la créativité, il faut que ce soit bon. Pas question de faire des boulettes de pois chiche du matin au soir. La bascule en 100% végétarien a demandé beaucoup de travail mais ça a été super intéressant. On a commencé par réfléchir avec des chefs comme Bertrand Grébaut du Septime, Claire Vallée ou Hugo Roellinger, des journalistes culinaires et des écotables. On s’est demandé comment la gastronomie française va-t-elle évoluer ? Ce que tous disaient c’est qu’on ne mange de la viande tous les jours que depuis les années 60 en France. Avant, on mangeait principalement des légumes et des légumineuses et le poulet rôti du dimanche était l’exception, et ce depuis des millénaires. Il faudrait revenir à ça. Nous avons ensuite fait des workshops avec les restaurateurs retenus pour avoir un panel d’idées créatives et de propositions différentes. La sélection est donc inventive et très alléchante, on va pouvoir se régaler loin des falafels et des faux burgers."
Une programmation rap intergénérationelle
L’an passé, on notait déjà une montée en puissance très nette du rap au festival. Cette année, le rap constitue le gros de la programmation même si le rock (Phoenix qui n’avaient pu jouer l’an passé en raison des intempéries, Josckstap, Surf Curse) et l’électro (Skrillex, The Blaze, Honey Dijon, Agar Agar, Nia Archives, Ed Banger etc) sont aussi de la partie. La crème du rap français a répondu présent, de OrelSan à Lomepal, de Dinos à Gazo, de Disiz à Lorenzo et de PLK à Vacra. Mais on remarque aussi des figures du rap international trop rares par ici comme Little Simz, Pusha T, NxWorries (Anderson .Paak + le producteur Knxwledge), Yung Lean, 070 Shake ou Superjazz Club. Ce qui promet de belles découvertes intergénérationelles.
"Je suis très impatiente de voir Little Simz, cette rappeuse anglaise que je considère comme la nouvelle Kendrick Lamar. Elle est magnétique et elle est aussi forte que lui sur scène", s’enthousiasme Marie Sabot. "Pusha T quant à lui est dans une forme exceptionnelle, son album sorti l’an dernier était partout et il a donné un show extraordinaire à Coachella. Et puis Nx Worries ont sorti un single ces derniers jours qui est la coolitude absolue. Gazo devait jouer l’an dernier mais il n’a pas pu et il revient cette année, ça fait chaud au cœur parce qu’il n’évolue plus du tout dans la même catégorie. Il clôture la scène Clairière samedi soir et ça va être comme Migos lorsqu’ils étaient venus : chaud bouillant. OrelSan donnera le vendredi son dernier concert à Paris de la tournée Civilisation, on est assez excités de voir l’énergie qu’il va mettre dans le show. Ce qu’on trouve intéressant, c’est l’articulation entre les scènes et les ponts qui peuvent se créer : j’espère que des fans de Lorenzo qui sont très jeunes se prendront une claque devant Pusha T ou Little Simz, qu’ils découvriront un rap plus compliqué, plus poétique. Et inversement que des fans plus âgés de Pusha T découvriront Gazo sur scène et réaliseront que le gars a un charisme impressionnant."
Parer aux intempéries et aux grosses chaleurs
L’an passé, les concerts du samedi avaient dû être annulés et le site évacué en tout début de soirée en raison des orages violents et des trombes d’eau qui s’étaient abattus sur l’île-de-France. Cela fait partie des impondérables auxquels font face tous les évènements de plein-air. We Love Green a cependant réfléchi une nouvelle fois à l’amélioration du confort des festivaliers.
"Comme on ne peut pas recouvrir une partie du bois pour s'abriter, nous avons réfléchi à plein de petites choses à différents endroits du festival. Nous avons par exemple recouvert cette année la scène du LalaLand d’un grand chapiteau transparent éclairé de petites lumières laser", explique Marie Sabot. "Le designer néerlandais qui l’a conçu voulait questionner le design des grandes serres industrielles et du coup, au-dessus des DJ’s on aura l’impression d’être dans une grande serre de CBD, ça va être assez drôle. La scène sous chapiteau de la Canopée a été implantée différemment et couverte davantage. On a également couvert les espaces situés sur les côtés du food court, aussi bien pour la pluie que pour le soleil – on pourra dîner à l’ombre. Pour le moment, il est prévu du grand beau temps tout le week-end avec 26 degrés en journée. Mais en cas de grosse chaleur on a même commandé des brumisateurs. Et on a par ailleurs convaincu la Préfecture d’autoriser les petits parapluies, comme les gourdes et les lunch box."
Toujours plus loin pour réduire les déchets et l’empreinte carbone
Raillé à ses débuts, l’engagement écolo du festival est devenu depuis un exemple à suivre. We Love Green est surtout un laboratoire qui teste chaque année de nouvelles idées pour réduire son impact environnemental, saluées au fil du temps par une nuée de prix – il a notamment obtenu quatre fois la plus haute distinction de l’ONG anglaise Greener festival
"Cette année, ont fait une grande expérience sur la vaisselle réutilisable. On a trouvé un centre de lavage et la vaisselle d’une partie du festival va donc être nettoyée tous les jours, ce qui permettra d’économiser plusieurs tonnes de déchets, en plus de la vaisselle compostable. Je pense que nous sommes le premier festival à le tester", annonce Marie Sabot. "Réduire les déchets c’est quand même notre obsession avec le bilan carbone. L’an dernier on a réussi à réduire le bilan carbone à 16 kg par festivalier. A titre de comparaison, le Think Tank The Shift Project évalue le bilan carbone à 50 kg par festivalier dans les grands festivals de 50 000 personnes. Déjà, passer en mode 100% végétarien pourrait réduire de 70% les émissions carbone du food court. Nous aurons cette fois des chiffres encore plus précis parce que nous avons demandé cette année à toutes nos parties prenantes de nous fournir des réponses en vue du bilan carbone." En conclusion, Marie Sabot l’assure : "We Love Green ne grandira pas. On ne le veut pas. Là, on est au maximum. Le gigantisme de Solidays, Rock en Seine ou Lollapalooza n’est pas pour nous. Ni dans les artistes qu’on vise, ni dans l’espace. On veut rester un festival aventureux."
We Love Green, du 2 au 4 juin 2023 au Bois de Vincennes, programmation complète par ici avec un aperçu général ci-dessous
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