"On ne les a pas vus, ni étudiés, ni regardés": une exposition au musée d’Orsay pour rendre leur visibilité aux modèles noirs
L’exposition "Le modèle noir de Géricault à Matisse" est à voir à Paris au musée d’Orsay jusqu’au 21 juillet et entend rendre leur visibilité aux modèles noirs.
À Paris, le musée d’Orsay consacre jusqu’au 21 juillet une exposition au modèle noir dans l’art. C'est la première fois qu'un musée se saisit de ce sujet. L'exposition réunit 300 oeuvres et s'intéresse à l'évolution de la représentation des Noirs et couvre un siècle et demi de création, de la toute fin du XVIIIe siècle au milieu du XXe siècle.
Je crois qu'il y a eu une sorte d'oubli et de négligence. On ne les a pas vus, ni étudiés, ni regardés. C'est comme si on les avait rejetés d'un certain point de vue de l'histoire de l'art.
Laurence des Cars, présidente du musée d’Orsayà franceinfo
Comme le souligne Laurence des Cars, la présidente du Musée d’Orsay, les modèles noirs ont inspiré de nombreux artistes : Girodet, Géricault, Delacroix, Bazille, Gauguin, Cézanne, Matisse à la fin de sa vie. Et bien sûr Manet, dont le célèbre tableau Olympia met en scène deux femmes : une courtisane blanche nue et sa servante noire.
"C'est vraiment le personnage de la femme blanche qui a concentré tous les regards et les critiques à l'époque de Manet et qui a fait l'objet du scandale le plus fort, explique Isolde Pludermacher, conservatrice en chef au Musée d’Orsay. Assez curieusement, la figure de la femme noire a été totalement occultée et invisibilisée." "Elle était présente dans des caricatures mais très peu de commentateurs ont parlé d'elle, poursuit-elle. Il y a d'ailleurs très peu d'historiens de l'art qui se soient penchés sur la présence de cette femme dans le tableau.
Cette femme restée dans l’ombre se prénommait Laure : l'exposition s’est attachée à retrouver l’identité et l’histoire de certains de ces modèles noirs. Quelques-uns sont tout de même passés à la postérité, comme Joseph peint par Géricault C’est l’un des personnages du Radeau de la Méduse ou plus tard au XXe siècle, Joséphine Baker.
Abd Al Malik et le "Jeune Noir à l'épée"
C’est une autre figure, celle du Jeune Noir à l’épée tableau peint en 1848 par Pierre Puvis de Chavanne, qui a bouleversé le rappeur et poète, Abd Al Malik. Il est associé à l’exposition avec un spectacle qui porte le titre de ce tableau.
Cela été un choc, un bouleversement, car il y a eu quelque chose, presque, comme de l'effet miroir. Le sentiment que ce jeune Noir à l'épée, c'était un peu moi. Il a un visage un peu enfantin, mais on sent la force du corps également.
Abd Al Malikà franceinfo
"Ce mélange de sérénité et de force est assez remarquable, poursuit-il. L'art en général est pour moi une sorte d'acte de résistance." Abd Al Malik a écrit un long poème musical pour raconter sa version du jeune Noir à l’épée, une histoire du XXIe siècle, qu’il présentera au musée d’Orsay en marge de l’exposition les 4, 5, 6 et 7 avril.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.