A Bordeaux, une incroyable enquête archéologique tente de percer les secrets du tombeau de Michel de Montaigne
La rocambolesque histoire de la tombe de Michel de Montaigne touche peut-être à sa fin. Cela fait des mois qu'une équipe de recherche examine le tombeau du philosophe et écrivain qui fut aussi magistrat au Parlement de Bordeaux en 1556 puis maire de la ville de 1581 à 1585.
Tests ADN, analyse des os par ostéologie et reconstitution faciale, tous les moyens ont été utilisés pour identifier la sépulture vieille de plus de 500 ans. Il faut percer le mystère. S'agit-il ou non de Michel de Montaigne ? “On ne peut pas le dire avec certitude", nuance Hélène Réveillas, l'archéo-anthropologue qui s'est penchée sur ce cas extraordinaire, prudente. "Mais on a quand même un faisceau d'indices concordants qui permettent de penser qu'il s'agit probablement de lui sans êtres sûrs à 100%”.
Cinq ans d'enquête archéologique
L'enquête a démarré en 2018 quand le cénotaphe au sein même du Musée d'Aquitaine a été restauré. Le cénotaphe, monument élevé à la gloire du mort mais qui ne contient pas son corps, a été sculpté en 1593 par deux ornemanistes bordelais, un an après la mort de l'auteur des Essais à la demande de Françoise de la Chassaigne, son épouse. Mais ce monument funéraire est vide Il n'y a pas de corps. Se pose alors la question : où est la dépouille de Michel de Montaigne ?
Après avoir cherché la dépouille en Dordogne où l'homme a trouvé la mort, c'est finalement dans les sous-sols du musée d'Aquitaine que des fouilles archéologiques sont lancées en novembre 2019 à la demande de Laurent Védrine. Le nouveau directeur du musée veut vérifier une rumeur. La dépouille de Michel de Montaigne qui a beaucoup voyagé semble-t-il, se trouverait en réalité au sein même du Musée d'Aquitaine qui a accueilli le couvent des Feuillants où il a été enterré en 1592. Des ossements découverts dans un tombeau qui porte son nom sont effectivement mis au jour. “C’est à travers ces deux plaques qu'on a fait passer une caméra filaire pour voir ce qu'il y avait derrière ces murs. Ça a été une émotion intense de se dire que probablement nous étions en présence du tombeau de Michel de Montaigne”, raconte Laurent Védrine - Directeur Musée d’Aquitaine.
D'autres tests à venir
Mais pour confirmer son identité, il ne manque qu’une compatibilité ADN encore compliquée à établir sans descendant direct de la lignée. Une équipe de généalogistes s’activent à identifier des descendants certifiés de Michel Eyquem de Montaigne, afin de faire correspondre leur ADN avec celui retrouvé. Pas de certitude définitive pour le moment. Le tombeau de Montaigne garde encore quelques secrets car des questions restent en suspens. Et la première : comment la dépouille de Montaigne, mort à la fin du XVIe siècle, est-elle arrivée dans les sous-sols d'un musée qui date de la fin du XIXe siècle ?
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