A Bruxelles, les Serres royales, toutes en fleurs, ouvrent au public
Au moins 100.000 personnes, des touristes étrangers mais aussi des foules de Belges, sont attendues de vendredi soir (14 avril) au 5 mai devant les grilles dorées du château de Laeken, dans le nord de Bruxelles.
L'engouement pour les Serres royales est tel que les visiteurs patientent souvent des heures avant de pouvoir entrer dans ce domaine royal, qu'il pleuve, vente ou fasse un soleil printanier.
Déviés de l'imposante bâtisse classique où vivent aujourd'hui le roi des Belges Philippe, la reine Mathilde et leurs quatre enfants, ils sont dirigés vers d'immenses coupoles en verre et en métal, où poussent, dans le calme et une douce moiteur, orangers, citronniers, palmiers, immenses fougères et aussi fuchsias, géraniums, camélias et azalées.
Une création de Léopold II
Edifiées entre 1874 et 1905, ces serres contemporaines de la Tour Eiffel sont une initiative du roi Léopold II, à une époque où la Belgique, après quelques décennies d'indépendance, entendait s'imposer dans le concert des nations, forte de son industrie florissante et engagée dans sa conquête coloniale du Congo.Léopold II "a voulu exploiter l'idée tout à fait neuve, que rendaient possibles les techniques modernes de l'époque, de construire avec de l'acier et du verre", rappelle Pierre-Emmanuel De Bauw, le porte-parole de la Maison royale.
"C'était un grand collectionneur de plantes, c'était aussi quelqu'un qui avait un intérêt très poussé pour l'architecture, donc il a voulu créer des serres pour assouvir ces deux passions mais également pour les utiliser" pour des réceptions ou conférences, explique Michel Dekens, le régisseur du domaine.
Le Jardin d'hiver sert toujours à des réceptions
Le "Jardin d'hiver", reconnaissable à sa couronne d'acier et de verre qui surplombe un immense dôme reposant sur des colonnes néo-classiques, "sert toujours pour des réceptions", souligne Michel Dekens. Ainsi, la semaine prochaine, "Philippe et Mathilde", comme les surnomment affectueusement les Belges, accueilleront dans ce décor tropical les principaux ambassadeurs étrangers du Royaume.Là, dans le "Jardin d'hiver", trône discrètement le seul survivant des arbres plantés au moment de la construction de l'édifice, un Oreopanax dactylifolius du Mexique, une espèce "rarissime" dont le feuillage vient chatouiller le dôme.
"C'est l'avantage de cet arbre, on peut le retailler, tandis que les palmiers, quand ils atteignent le vitrage, on doit les abattre" pour éviter qu'ils n'abîment la coupole, raconte Michel Dekens.
Les palmiers de différentes hauteurs qui y poussent aujourd'hui sont issus de semis, lointains "descendants" des palmiers du Congo plantés à l'époque de Léopold II, selon Pierre-Emmanuel De Bauw. La quinzaine de jardiniers qui travaillent à l'année dans les serres "tentent de préserver l'esprit initial", assure-t-il.
Des orangers centenaires
Léopold II était passionné de camélias, et certains arbustes qu'il a acquis vivent toujours, âgés de deux cents ans. L'Orangerie, par laquelle débute la visite, conserve quelques orangers centenaires.Depuis quelques semaines, comme à chaque printemps, la floraison est montée et les serres ouvrent au public au moment où presque toutes les espèces représentées sont en fleurs : géraniums grimpants qui tapissent des galeries entières, hortensias plantés en bordure d'escaliers, azalées roses, blanches, jaunes, mauves...
Comme en témoignent deux "cheminées" élancées rappelant la forme d'un minaret, les serres sont chauffées au mazout, grâce à un circuit d'eau chaude, d'octobre à mi-avril. Depuis quelques années, des efforts sont faits pour éviter tout gaspillage énergétique inutile, par exemple en baissant la température dans les serres tropicales à 10-12 degrés.
"On essaie d'être le plus respectueux possible de l'environnement par rapport aux quantités de mazout qu'on va utiliser", précise Michel Dekens.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.