À Lyon, des chercheurs font parler des oiseaux momifiés de l'Égypte antique
Des scientifiques lyonnais sont parvenus à percer un mystère qui agitait le monde des égyptologues. Une découverte rendue possible grâce à des analyses géochimiques et grâce aux réserves du musée des Confluences.
Pourquoi des millions d'oiseaux sauvages ont été retrouvés momifiés en Egypte ? C'est la question à laquelle des scientifiques lyonnais ont répondu en faisant "parler" les momies conservées aux Musée des Confluences. Les résultats de leur étude sont aujourd'hui publiés dans la revue Scientific Reports.
Des offrandes pour les dieux
Des millions de momies d’ibis et de rapaces sacrifiés aux dieux égyptiens Horus, Rê ou Thot ont été découvertes dans les nécropoles de la vallée du Nil. Ces momies déposées comme offrandes témoignent d'une grande ferveur religieuse. Pour atteindre la vie éternelle, le rituel voulait que les corps momifiés soient placés dans des tombeaux avec des objets familiers et des animaux. "Dans le cas des momies votives, c'était des offrandes accompagnées de prières et de demandes destinées aux dieux", explique Romain Amiot, chercheur au CNRS du laboratoire géologie.
Des oiseaux migrateurs momifiés à Lyon
Des sarcophages de la vallée du Nil aux réserves du musée des Confluences, ces momies d'oiseaux conservent leur caractère précieux. C'est avec une extrême délicatesse que les scientifiques manipulent ces trésors archéologiques. Car si l'on en croit les chercheurs, ils ont encore beaucoup de choses à nous apprendre.
Vingt momies d’ibis et de rapaces des collections du musée des Confluences de Lyon ont ainsi été examinées grâce au procédé du Carbone 14 et un ensemble de techniques scientifiques croisées. Les prélèvements d'os, de plumes et de bandelettes orientent les conclusions vers un même constat : il s'agissait d'oiseaux sauvages migrateurs. Une analyse confirmée par la différence des sources alimentaires entre ces momies d'oiseaux et celles d’humains gisant dans les mêmes sarcophages.
Ce résultat implique des pratiques de chasse et de capture d’oiseaux en masse, comme on peut l'observer sur certaines fresques de tombes. "Cela permet de comprendre les interactions entre l'Homme et son environnement en terme d'approvisionnement d'espèces et quelle était la pression sur les populations sauvages", détaille encore l'expert. Ce type de chasse a probablement exercé une pression écologique très importante sur les populations d’oiseaux sauvages… bien avant les déclins de l’avifaune observés aujourd’hui.
Des réserves cachées bientôt exposées
Une fois la phase de recherche scientifique aboutie, les responsables du musée des Confluences entendent bien monter une nouvelle exposition autour de l'égyptologie. Grâce aux réserves et reliques du musée d'histoire naturelle Guimet, le musée des Confluences détient en effet une belle collection de près de 5 000 objets issus des fouilles de Koptos effectuées en 1910-1911.
Pour le conservateur Didier Berthet, chargé de collection et responsable d'inventaire au musée des Confluences, ce type d'études a un grand intérêt pour le musée lyonnais : "Cela va permettre de documenter nos collections, de mieux les comprendre et d'organiser une exposition temporaire au musée". Le musée des Confluences possède aujourd'hui environ 2 500 momies animales, qui constituent la collection la plus riche au monde après celle du musée du Caire.
Musée des Confluences de Lyon
Ouvert du mardi au dimanche de 10h30 à 18h30
Téléphone : (+33) 04 28 38 12 12
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